3 juillet 2007

Operation petrole contre footballeurs

Opération pétrole contre footballeurs.
 
"Pour obtenir des contrats au Congo Brazzaville, Gérard Bourgoin a mis en place un centre de formation"...

02/07/2007 -

L'équipe de France junior de football ne participe pas à la Coupe du monde des moins de 20 ans, qui se déroule depuis samedi au Canada (lire ci-dessous). Le football français y est néanmoins bien présent à travers les Diables rouges du Congo Brazzaville, une équipe composée à 80 % de joueurs formés dans un centre fondé et animé par Gérard Bourgoin, vice-président de l'AJ Auxerre.

L'aventure débute en 2004 quand Bourgoin, coiffé de sa casquette d'hommes d'affaires, sollicite auprès de l'Etat congolais des concessions pétrolières pour sa société Prestoil. Le président, Denis Sassou-Nguesso, propose alors un arrangement original : une opération pétrole contre football que Bourgoin accepte tout en se défendant : «On peut considérer que tout commence avec le pétrole, mais il n'y a jamais eu concernant le patron [Sassou-Nguesso, ndlr] de mélange des genres.» Jean-Claude Hamel, président de l'AJ Auxerre et partenaire de Bourgoin au sein de Prestoil, a une version plus réaliste : «On n'aurait pas eu ce que nous voulions sans avoir dit oui à la demande du président. Il y a eu un deal : Aidez-nous à faire quelque chose dans le football et on vous aidera en contrepartie dans les concessions pétrolières. Mais d'habitude les choses ne se passent pas comme ça.» «Faire quelque chose dans le football» revient alors à mettre sur pied un centre de formation pour préparer la Coupe d'Afrique des nations (CAN) juniors que le Congo doit accueillir en janvier et février 2007. Pour jeter les bases du projet, Bourgoin utilise d'abord l'image de Michel Hidalgo. «Je suis parti deux jours en mars 2004 avec Gérard au Congo. Nous avons rencontré le président Sassou-Nguesso chez lui, dans son jardin. J'étais là pour amorcer le contact, pour conforter Gérard dans ce qu'il voulait faire», témoigne l'ancien sélectionneur de l'équipe de France. Contact.

Une fois le contact établi, commence un travail de détection en profondeur. En février 2005, d'anciennes gloires - Patrice Garande, Alain Fiard et Lionel Charbonnier - sont sollicitées pour sélectionner 35 jeunes à travers le pays. Parallèlement, une structure - moitié auxerroise, moitié congolaise - est mise en place pour animer le tout nouveau centre de formation. «On a créé un centre de formation à Brazzaville puis, au sein du centre, un club engagé dans les compétitions de jeunes. Le partenariat repose sur un transfert de compétences. Nous appliquons les mêmes concepts qu'à Auxerre sur le plan de l'entraînement et de l'organisation», explique Bernard Turpin, responsable Elite au sein du centre de formation de l'AJA. La méthode a payé. En deux ans, une équipe est née. Elle constitue l'ossature de la sélection du Congo qui s'impose, contre toute attente, à la CAN juniors 2007. Bénéfice.

Du côté d'Auxerre, la première conséquence de ce succès a été de renouveler la confiance entre l'Etat congolais et les dirigeants de Prestoil. «Si on n'avait pas réussi alors qu'on nous avait accordé des concessions pétrolières, on aurait été mal», admet Hamel. Le bénéfice collatéral est sportif : à l'issue de la CAN juniors, Auxerre a en effet recruté quatre joueurs congolais pour son propre centre de formation. L'un d'entre eux a même participé à la finale de la Coupe Gambardella (Coupe de France junior) avec l'AJA en mai. «Ce partenariat nous donne un droit de regard très intéressant, se réjouit Gérard Bourgoin. Tous les clubs d'Europe essaient d'avoir des partenariats avec des pays africains. Les déplacements en Afrique coûtent cher. Moi, je m'y rends pour mes affaires et j'ai l'*il pour voir si on peut sortir quelques jeunes qui seront nos futurs cadres.» Pour le Congo, les avantages se déclinent également en deux ordres. Politique d'abord. «Monsieur Nguesso suit le football au millionième de millimètre. C'est une encyclopédie, explique Gérard Bourgoin. Et comme tous les politiques, il a vraiment très envie que son équipe nationale brille, or ça faisait très longtemps que ce n'était plus le cas.» Sportif ensuite. «Une grande partie de cette équipe junior va constituer l'ossature de la sélection nationale senior de demain, opine Jean-Claude Hamel. C'est un grand service que l'on rend à ce pays en lui montrant comment travailler. On va laisser un outil fabuleux.» Encadrement. La présence des Auxerrois ne fait pas que des heureux. «On a des principes de travail qui ne sont pas toujours les bienvenus. Des gens ont tout fait pour faire capoter le projet , commente-t-on au sein de l'encadrement français de l'équipe. Les choses se traitent en direct entre le président de la République et Gérard Bourgoin, il y a donc des courroies de transmission qui couinent.» Ultime conséquence de ce deal, le président Sassou-Nguesso a demandé aux Auxerrois d'accompagner l'équipe du Congo à la Coupe du monde des moins de 20 ans au Canada. Bernard Turpin, Claude Barret et un kiné renforcent ainsi l'encadrement habituel des jeunes Diables rouges durant le tournoi. Et après ? «Si à l'issue de cette Coupe du monde on me demande de donner un coup de main, il est possible que je le fasse mais il n'y a rien de précis sur le sujet», commente Gérard Bourgoin. Rien de précis en dehors d'un fait : les concessions pétrolières faites à Prestoil devront être renouvelées un jour.

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SOURCE : Le Moustique

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"L'ascension sociale se faisant sans échelle, ceux qui se dégagent et s'élèvent ne peuvent que monter sur les épaules et sur la tête de ceux qu'ils enfoncent.." (Lanza Del Vasto).
 

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