31 janvier 2011

A propos du Dossier de la crise ivoirienne que le président Sarkozy aurait évité à Addis-Abeba, en Ethiopie

Par voie de presse, nombreux sont les Africains en général et les Ivoiriens en particulier qui ont appris que le président français, M. Nicolas Sarkozy, aurait évité le dossier de la crise ivoirienne à Addis-Abeba, en Ethiopie. Nombreux sont aussi ces Africains et Ivoiriens qui ont jubilé à l'annonce de cette nouvelle.

Mais, s'il vous plaît, ne vous y trompez pas. Point n'est besoin de jubiler et de crier victoire. La France ne renonce jamais à ce qu'elle a prévu de faire. Le président Sarkozy a seulement évité d'aller de nouveau heurter et humilier les Africains devant leur porte, sur leur sol, comme il l'avait déjà fait à Dakar. Tout le monde, dans son entourage, lui a vivement déconseillé de refaire le coup.

Il sait qu'il aura le président Gbagbo à l'usure. Pas besoin de guerre comme il l'a préconisé il y a un temps au début de la crise avec ses injonctions et autres ultimatums, tel un Tribun, type Cesare ! L'homme avait voulu une guerre à lui en terre africaine et faire de la Côte d'Ivoire son Irak et Gbagbo son Saddam, comme l'avait fait son mentor, George W. Bush, en Irak et avec Saddam. Mult personnes l'en ont dissuadé. Cela ne veut pas dire qu'il a renoncé ou baissé la garde. Que neni !

Là où il y a une goutte de pétrole, la France ne recule devant rien. "Une goutte de pétrole vaut bien une goutte de sang" (dixit Georges Clémenceau). L'homme sait que la Côte d'Ivoire vit du Franc CFA. Il suffit de fermer les vannes financières pour avoir la peau de Laurent. C'est là le piège tendu. Lisez RUE89 et vous comprendrez. Certains commencent à s'en frotter les mains et à se lécher les babines. Ils l'attendent au tournant. Tant que la Côte d'Ivoire restera dans la zone Franc et continuera de vivre avec une monnaie d'emprunt, une monnaie prêtée, Laurent et la Côte d'Ivoire sont et seront à la merci de la France, de la conjuration dite « communauté internationale ». Ceci est également valable pour les autres colonies de la Françafrique.

Une question quand même ! Qu'ont-ils à cacher ces messieurs de la « Communauté internationale » qui refusent de recompter les voix ? De quoi ont-ils peur ? Craignent-ils d'être démasqués et désavoués ? Ont-ils peur qu'on ne découvre leur supercherie, leur coup d'Etat, les erreurs de CHOÏ et les magouilles des ambassadeurs de France et des USA dans ce pays ?

TOUTE L'AFRIQUE DEMANDE QUE L'ON RECOMPTE LES VOIX POUR CONFONDRE LAURENT GBAGBO ET DETERMINER CELUI QUI A PERDU ET CELUI QUI A GAGNE. AINSI LAURENT GBAGBO POURRA S'EN ALLER SI C'EST BIEN OUATTARA QUI A GAGNE !

C'est aussi simple que ça. Cela éviterait à tout le monde le prix du sang. A moins que la FRANCE, les USA, l'ONU, l'UA, l'UE, CHOÏ, BAN KI MOON préfèrent assassiner tout un peuple par la faim, par la guerre et voir couler le sang des sous-hommes, parce que les Africains auront refusé d'adouber leur poulain : ALASSANE OUATTARA qui leur a promis de brader toutes les richesses du pays !

En tout cas, plus ils s'entêteront à refuser de recompter les voix, plus ils rendront la tâche difficile à leur "affranchi" quand bien même il accède au pouvoir. Il n'est déjà plus crédible. Il y a déjà eu un précédent, celui de George W. Bush et Al Gore aux USA. Il avait fallu un mois pour proclamer les résultats définitifs. Alors, pourquoi ne pas s'inspirer de ce préalable. pourquoi ce qui est bon pour les "Puissants" ne l'est plus pour les "sou-hommes" du Code Noir de Colbert ?

Il y a encore un autre sujet que la presse française ne veut surtout pas aborder. Celui du Gabon révélé par le film de Patrick BENQUET : « Françafrique. 50 années sous le sceau du secret ».
C'est celui du GABON où la FRANCE a inversé les résultats des élections présidentielles en 2009, faisant ainsi du perdant le gagnant et du vrai gagnant le perdant.

Voyez-vous, la raison du plus fort est toujours la meilleure. Voilà la politique des « deux poids, deux mesures ». Comment peut-on se permettre et avoir le toupet et le culot d'aller demander à l'un de « respecter la volonté du peuple » quand, dans le même temps, celui qui impose cela n'est même pas capable de respecter ce principe ?

La FRANCE qui impose ce principe en Côte d'Ivoire serait crédible, et tous les Africains la suivraient, si elle-même avait respecté « la volonté du peuple gabonais ». Et les gabonais avaient donc raison de brûler un consulat de France à Port-Gentil. Aucun peuple au monde ne peut accepter cette injure.

Le président Sarkozy sait qu'ALI BONGO est là par la magouille. Le président Sarkozy sait que par la faute de la France, ALI BONGO est devenu un imposteur, un usurpateur et du coup devient un DICTATEUR, puisqu'il a dissout le parti du PRESIDENT ELU OBAME.

Avec la révélation du film de M. Patrick Banquet, cette décision de dissolution du parti du président OBAME est somme toute caduque, nulle et de nul effet. Et, par la faute de la France, il y a aujourd'hui deux présidents et deux gouvernements au Gabon.

La presse française, en l'occurrence France 24, est devenue muette, silencieuse à ce sujet. POURQUOI ?
La COMMUNAUTE INTERNATIONALE, dont la France, elle qui respecte si bien la volonté des peuples, doit et a le devoir et l'obligation de rétablir ce qui a été usurpé, rétablir et réhabiliter la vérité. RIEN QUE LA VERITE. RIEN D'AUTRE !

Sinon, il ne faut pas s'étonner que les peuples africains, surtout les nouvelles générations, commencent à devenir, progressivement, FRANCOPHOBES ! La France ne les y aide pas, bien au contraire !  Elle fait tout pour que ça soit ainsi ! Et on s'étonne que certains peuples commencent à lorgner vers les organisations dites extrémistes. Dans ce cas, à qui la faute ? On n'efface pas la mémoire.

Les mêmes qui se disent « Nations civilisées », quelles que soient les générations, qui ont envahi la planète entière, ont mis en place un système hideux : l'esclavage, la traite négrière suivis de la colonisation, avec le Code Noir, le Code de l'Indigénat, etc., sont encore les mêmes qui se permettent de donner des leçons de morale aux autres. De « Nations civilisées », on devrait les désigner par « Nations Barbares » ! Pour preuve, ce que la France a fait au Gabon ! Et ce n'est pas la première fois !

De la même manière que la violence se nourrit du silence, de la même manière la France se nourrit de la violence, des dictateurs, des usurpateurs et autres imposteurs qu'elle prend le soin d'installer dans nos pays, parce que l'indépendance prétendue n'est que fictive, parce que l'esclavage et la colonisation ne sont pas finis. Jamais abolis en Afrique par la France !

C'est ce combat-là qui reste à mener et qu'il faudra gagner à n'importe quel prix !
Car, on ne peut pas perpétuellement, impunément et continuellement accepter les injures, les insultes et les humiliations, jusque même sur notre sol !

SOUVENONS NOUS :
1-     « Le principe du pouvoir en Afrique francophone (anciennes colonies françaises) est simple. Celui qui remue la queue, rampe, lèche les bottes et garantit « les intérêts de la France », même s'il est mondialement reconnu criminel, celui-là est jugé apte à « gouverner » ses compatriotes ».
2-     « Un peuple longtemps brimé, longtemps opprimé, longtemps martyrisé et longtemps maintenu en esclavage, finit toujours, un jour ou l'autre, par se révolter. Ce jour-là, plus rien ni personne ne pouvant le contrôler, il s'en prend d'abord à l'objet réel de ses malheurs avant de se retourner enfin, si nécessaire, contre ses propres leaders » (Citations extraites du livre de Jean-Claude Mayima-Mbemba, « La violence politique au Congo-Brazzaville. Devoir de mémoire contre l'impunité », Ed. L'Harmattan, Paris, 2008)

A méditer !

VOX HUMANA

La souveraineté de l'Afrique sera africaine ou ne le sera jamais


La souveraineté de l’Afrique sera africaine ou ne le sera jamais
Par Calixte BANIAFOUNA(*)

Après avoir beaucoup entendu des paroles, beaucoup lu des réactions et beaucoup vu des images liées à la triste issue de l’élection présidentielle de novembre 2010 en Côte d’Ivoire, deux conclusions semblent faire le consensus entre « légalistes » voués à la cause de l’« isolé » Laurent GBAGBO (que nous appellerons « Constitutionnalistes » pour tenants à la Constitution ivoirienne), « légalistes » voués à la cause du très « reconnu » Alassane OUATTARA (que nous appellerons « Commissionnaires » pour Commission électorale indépendante) et « Neutres » qui sont soit indifférents, soit ignorants de l’Histoire du continent qui est en train de s’écrire sous leurs yeux.

Premier point de consensus : les enjeux d’une indépendance réelle en Afrique est en train de se jouer en Côte d’Ivoire. Cela semble d’autant vrai que, pour les Commissionnaires, rejoints dans leur cause par certains diplômés africains « relais » des médias français et certains chefs d’État installés et soutenus par la France politique, l’intervention unanime de la communauté internationale, de l’ONU, du FMI, de l’UE, de l’UA, des puissances phares États-Unis, France politique et j’en oublie... en faveur du candidat présumé vainqueur est une véritable révolution. Cette intervention signifierait, pour les Commissionnaires, que plus jamais des élections en Afrique ne seront l’apanage des dictateurs ou de la France politique seule qui, à son gré et depuis 50 ans, installe, désinstalle ou soutient à vie un candidat de son choix. Alors, ne pas bondir sur l’occasion qu’offrent à l’unisson la communauté internationale, les puissances occidentales et les institutions internationales serait synonyme de condamnation de l’Afrique à vivre éternellement sous le règne des dictateurs : Laurent GBAGBO serait donc le pire ennemi de la souveraineté réelle qui pointe à l’horizon de l’Afrique. Ils crient à la honte pour l’Afrique et les Africains !

Pour les Constitutionnalistes, qui ne croient pas un seul instant à une révolution venue d’outre-frontières d’Afrique, le soutien à un candidat par le reste du monde ne diffère pas du soutien que la France politique a toujours apporté et continuera à apporter à ses candidats préférés, avec la seule différence, cette fois-ci, que, grillée sur l’« affaire Côte d’Ivoire » qu’elle a gérée en juge et partie depuis 2002, la France politique aurait sollicité l’aide de l’ONU (de la même manière que l’ONU fut sollicitée en 1960 pour aider certaines puissances occidentales à assassiner LUMUMBA) et de ses principaux alliés pour essayer de parvenir à ses fins au nom du respect de la démocratie : Alassane OUATTARA serait donc un bienheureux nouveau venu parmi les dirigeants dociles à la France politique qui au Congo Brazzaville, au Gabon, au Cameroun, en Centrafrique, au Tchad, au Togo, au Burkina Faso (sauf sous SANKARA)... tiennent depuis 50 ans et de mains de fer l’Afrique, tout au service de l’ancienne métropole et de leurs intérêts individuels.

Pour les Neutres - au sein duquel on ne compte pas seulement que les Africains incultes ou illettrés, nombre d’entre eux sont soit résignés sur le terrain, convaincus que la situation de l’Afrique ne changera plus jamais, soit installés en Occident (leur nouvelle patrie) - le bonheur ou le malheur de l’Afrique ne leur concerne plus. Pour ces derniers, l’essentiel c’est qu’ils aient acquis leur minimum vital, leur résidence privée voire leur statut de membre du parti politique local, leurs enfants poursuivant tranquillement leurs études, et leurs familles restées en Afrique recevant le transfert d’argent, ils trouvent même aberrant que l’on contrariât la parole du Grand Blanc ou bien celle du Guide Suprême de leur pays d’origine : « il faut se taire, un point c’est tout ! », et ne s’occuper que de ses oignons.

Deuxième point de consensus : la démocratie a beaucoup de mal à s’installer en Afrique. Je pars d’abord du postulat selon lequel la quasi totalité des institutions des pays africains, anciennes colonies françaises, sont calquées sur le modèle « copier-coller » des institutions françaises. Si ce postulat est admis, il permet aux uns et aux autres de tirer la couverture électorale en leur faveur.

Pour les Constitutionnalistes ivoiriens, l’élection d’un président de la République fait appel à la démarche décrite par la Constitution, et qui stipule : « Le déroulement de l'élection présidentielle est fixé par la Constitution ivoirienne… Les résultats du scrutin sont proclamés par le Conseil constitutionnel qui a également la charge de veiller à la régularité de l'élection. » La Constitution ivoirienne, gage de la souveraineté du pays, tout comme celles d’autres pays sous influence française en dépit de leurs incontestables imperfections dues à l’apprentissage de la démocratie, n’échapperait donc pas à cette contrainte forte (« proclamation des résultats par le Conseil constitutionnel qui a également la charge de veiller à la régularité de l’élection »), et les deux candidats au deuxième tour se seraient convenus d’en respecter strictement l’application.

Pour les Commissionnaires, il y a un hic ! : les anciennes colonies, parce que, justement, jugées immatures en démocratie, passent par une étape intermédiaire, la présence d’observateurs étrangers à la Commission électorale indépendante (CEI). Cette dernière instance, parce que soutenue par la France politique et les États-Unis qui seraient des démocrates modèles et pur-sang, fait foi de Constitution, et ses décisions tiennent lieu de contrainte forte : « le candidat proclamé par la CEI, qu’importe l’irrégularité de l’élection, est donc déclaré président de la République », reconnu de surcroît comme tel par la communauté internationale. De toute façon, si l’élection présidentielle s’est bel et bien tenue dès le premier tour sur la base de la Constitution ivoirienne, il ne saurait être le cas quant au résultat final, Alassane OUATTARA, communauté internationale, États-Unis, France politique… se souvenant d’ailleurs en dernier ressort que cette institution est une propriété privée de Laurent GBAGBO qui, seul, ne peut qu’en tirer bénéfice. Ses décisions seraient donc nulles et de toute nullité.

Pour les « Neutres », ce qui se passe en Côte d’Ivoire, si, toutefois, par le pur hasard de curiosité, ils en étaient au courant est sinon franchement le cadet de leurs soucis, du moins une affaire ivoiro-ivoirienne. De cet état des lieux sur la Côte d’Ivoire découle la problématique en trois points d’une Afrique dont les puissances occidentales, dans une hypocrisie éhontée et décomplexée, exhortent le « développement par les Africains eux-mêmes » en faisant tout pour les empêcher.

Primo, la Côte d’Ivoire servirait-elle de modèle à la France politique -qui a reçu l’adhésion de ses alliés ainsi que celle de la communauté internationale -pour mettre définitivement fin à ses ingérences dans la politique de ses anciennes colonies d’Afrique subsaharienne ?

Difficile de le croire d’autant plus qu’aucun signe de rupture ne vient de la France politique qui, au contraire, n’a jamais cessé de renforcer son influence sur un chantier encore bien plus maîtrisé qu’il ne l’a jamais été en 50 ans d’indépendance. En Afrique centrale, par exemple, seuls deux chefs d’État ont été élus à la régulière durant ces 50 ans (Pascal LISSOUBA du Congo Brazzaville et Ange Félix PATASSÉ de la République Centrafricaine) mais ils n’ont pu terminer leur mandat car chassés manu militari du pouvoir par l’Élysée de Jacques CHIRAC.

Le Congo Brazzaville est dirigé depuis 26 ans par Denis SASSOU NGUESSO, un enfant docile que la France politico-affairiste a installé au moyen de coup d’État, réinstallé par une guerre très meurtrière, après avoir été vomi par son peuple, et maintenu au pouvoir par des moyens détournés (truquage des élections aidé par Nicolas SARKOZY, lobbying, etc.).

Le Gabon est devenu une dynastie suite à la mort d’Omar BONGO ONDIMBA qui a régné 42 ans sans partage à la tête de ce pays, aujourd’hui dirigé par son fils Ali BONGO que l’Élysée de Nicolas SARKOZY a installé au pouvoir par une banale opération d’inversion des résultats électoraux (inversion reconnue par Hilary CLITON [révélation WikiLeaks] dont l’oeil n’était pas aussi clairvoyant au Gabon qu’il ne l’est aujourd’hui en Côte d’Ivoire). Le Cameroun est dirigé depuis 28 ans par Paul BIYA, installé par des moyens détournés par la France politique, qui l’a toujours soutenu.

La Centrafrique est dirigée depuis une décennie par François BOZIZÉ, que la France politique a imposé au pouvoir par les armes et l’y maintient par des moyens détournés.

Le Tchad est dirigé depuis 10 ans par Idriss DEBY, un chef de guerre installé par les armes, que la France politique maintient au pouvoir par des moyens détournés et en matant rébellion sur rébellion (intervention directe de l’armée française sous Nicolas SARKOZY).

Le Togo est devenu une dynastie suite à la mort du redoutable Étienne GNASSINGBÉ EYADEMA, qui a terrorisé pendant 32 ans un peuple aujourd’hui à la solde de son fils Faure GNASSINGBÉ que la France politique a installé et soutient au pouvoir par des moyens détournés (spectacle télévisé en direct du transport des urnes par les militaires pour faire le comptage au palais présidentiel et proclamer vainqueur l’élève docile : un non-événement pour la communauté internationale). À croire que les Togolais soient suffisamment naïfs pour continuer à acclamer le fils de leur bourreau !

Le Burkina Faso est dirigé depuis 24 ans par Blaise COMPAORÉ, installé par les armes et maintenu par la France politique en prime de sa bravoure d’avoir assassiné de façon lâche et ignoble Thomas SANKARA, ce patriote africain qui, après LUMUMBA, a osé réclamer la souveraineté du peuple africain.

Autant de dossiers auxquels la communauté internationale, l’ONU, le FMI, l’UE, l’UA, la CEDEAO, les États-Unis, la France politique… devront rapidement mettre sur la table pour le triomphe de la démocratie comme ils veulent l’imposer en Côte d’Ivoire.

Secundo, un peuple peut-il se développer quand ses moindres efforts sont constamment anéantis par la loi du plus fort ? La lecture de la crise ivoirienne tombe à point nommé pour relever bien des curiosités dans le traitement des principes qui régissent les libertés élémentaires selon que le dirigeant africain qui est censé les incarner a un penchant ou non, non pas vraiment vers le peuple qu’il représente mais vers la défense des intérêts occidentaux. C’est ainsi que, contrairement à ce qui s’observe actuellement dans des pays comme le Congo Brazzaville, le Gabon, le Cameroun, la Centrafrique, le Tchad, le Togo ou le Burkina Faso où le peuple semble « accoutumé » à vivre plutôt la dictature comme une condition normale de son existence, le peuple ivoirien, lui, a senti depuis 2002 le parfum d’une souveraineté nationale (qu’il lui est difficile d’enlever aujourd’hui) en ayant bravé à main nue parole, acte et arme du prédateur-ancien colonisateur. Dans le cas de la Côte d’Ivoire qui nous occupe, on est en droit de se demander pour qui profiterait la démocratie qu’on cherche à imposer à un peuple qui, par des actes totalement spectaculaires, sous les caméras nationales ou étrangères, roule plutôt en faveur du vaincu présumé et non pas de l’homme qu’il vient d’élire :

- refus catégorique de manifester, serait-ce dans le fief électoral du vainqueur présumé,

- refus d’obtempérer aux mots d’ordre de désobéissance civile et de grève lancés pourtant de façon insistante par le vainqueur présumé,

- refus de ralliement par l’armée loyale en dépit d’invites répétées à s’incliner sous les ordres du vainqueur présumé,

- peur de se voir plutôt être dirigé par le vainqueur que par le vaincu présumés,

- fidélité absolue plutôt au vaincu qu’au vainqueur présumés, même sous la menace et les intimidations des forces internationales…

Drôle d’élu du peuple ivoirien ! Énorme soutien de la communauté internationale ! Cette démocratie à deux vitesses imposée ici avec le coeur de pirate et empêchée là-bas avec le coeur d’amour est-elle vraiment celle à laquelle aspire le peuple africain dont le sang, la souffrance et la misère restent les seuls points de convergence des deux tempéraments de ceux qui l’imposent ou l’empêchent selon le cas ?

Tertio, le mot « démocratie » n’est-il enfin qu’une arme de chantage du plus fort, chaque fois qu’il veut protéger ses intérêts stratégiques, pour faire plier le plus faible par tous les moyens à sa disposition (chantage, mensonge, manipulation, force armée, confiscation de biens, embargo, gel des avoirs, interdiction de visas, etc.), et non une aspiration vers le bien-être du peuple africain ?

Il y a bien lieu de le croire quand on regarde la facilité avec laquelle la France politique a réussi à monter un complot international contre la Côte d’Ivoire en ayant rallié à sa cause (au nom des principes démocratiques qu’elle est la première à bafouer dans ses anciennes colonies d’Afrique subsaharienne), des plus grands (ONU, UE, Etats-Unis, etc.) aux plus petits (UA, CEDEAO, rares chefs d’État africains élus à la régulière, etc.), toute la communauté internationale contre un homme, Laurent GBAGBO, dont l’animosité, la haine et le mépris des dirigeants français (de gauche comme de droite) n’est plus un secret de polichinelle depuis son élection en 2000 pour avoir osé dire « NON » à l’oukase de la Françafrique.

En ayant exposé au grand jour contre un homme le harcèlement, les humiliations, les injures, l’acharnement, la cruauté, la haine, la propagande des médias qui se limitaient jusque-là dans les couloirs de l’Élysée chaque fois que celle-ci voulait installer ou désinstaller un chef d’État en Afrique (voir documentaire Françafrique, un film de Patrick BENQUET), la France politique vient de mettre à nu les faiblesses d’un système caduc qui ne fait que trop de mal au peuple africain et retarde son développement.

Le refus du dialogue proposé par Laurent GBAGBO aux donneurs de leçons (parfaitement consciencieux du hold-up électoral en Côte d’Ivoire) (dialogue toléré partout ailleurs comme aux États-Unis où, suite à la contestation des résultats par l’un des deux candidats, Al Gore et George W. BUSH, l’on a dû attendre un mois pour connaître le vainqueur), la précipitation dans la prise des sanctions pour éviter de voir la vérité en face, les actes de grande haine à la limite de l’infantilisation (saisie en France politique de l’avion présidentiel ivoirien…), la propagande en boucle par certaines chaînes de télé françaises, l’incitation à la haine par les envoyés spéciaux français à Abidjan à la solde d’Alassane OUATTARA, la pression teintée de menaces faite par Nicolas SARKOZY à ses loyaux serviteurs africains qui hésiteraient d’aller « déloger (le terme est le leur) » Laurent GBAGBO, l’appel incessant à la violence par le larbin postulant à la Françafrique… participent de ce schéma de recadrage de la domination du peuple africain par la France politique.

Le complot international ourdi par la France politique et tous ceux à qui elle dû promettre gros contre la Côte d’Ivoire doit permettre aux Africanistes de prendre immédiatement rendez-vous avec leur destin.

Cela passera par une organisation cohérente d’un mouvement de mobilisation autour de braves hommes intègres comme Jerry John RAWLINGS, Alpha Oumar KONARÉ… et la jeune génération montante non éligible au statut de « relais médiatique occidental » ou de « loyaux serviteurs » de la Françafrique décomplexée, et de mettre en place un cadre de souveraineté africaine par les mesures suivantes :

- faire jurisprudence du précédent que la France politique vient de créer en Côte d’Ivoire en se mobilisant pour exiger à la communauté internationale le démantèlement du dernier bastion de la dictature qui demeure unique du genre en République démocratique du Congo (d’où est né le principe Onusien d’élimination des Africains gênants), au Congo Brazzaville, au Gabon, au Cameroun, en Centrafrique, au Tchad, au Togo, au Burkina Faso…

- définir une politique monétaire africaine en changeant le franc CFA (monnaie en totale dépendance du Trésor français et source de domination, qui ne se justifie plus depuis l’apparition de l’euro) et en créant une monnaie de l’Union africaine comparable à l’euro pour les Européens,

- définir un nouveau partenariat (révision de tous les accords) pour pallier au privilège d’un dominateur qui, depuis plus de 50 ans, cause plus de souffrances au peuple africain qu’il ne l’aide à sortir de la misère créée par tout ce qui vient d’être dit ci-dessus du système Françafrique,

- revoir le positionnement de l’Afrique dans des institutions à la solde des plus puissants comme l’ONU qui, aujourd’hui, à la tête du complot en Côte d’Ivoire (non désarmement de la rébellion, complaisance électorale dans la zone rebelle, parti pris en faveur d’un candidat préparé et conditionné plusieurs années à l’avance, caution à la violence, etc.) a plus divisé le peuple ivoirien qu’elle n’a assuré sa mission de paix dans le monde et nous montre au jour le jour que les droits de l’Homme sont strictement liés aux intérêts des plus forts (tant pis pour les nombreux crimes commis par les larbins qui jouent le jeu de l’Occident en Afrique : assassinat de SANKARA, disparus du Beach de Brazzaville, nombreux morts de guerres de prise ou de maintien du pouvoir au Congo Brazzaville, en RCA, au Tchad, au Togo, etc., et bonjour la Cour pénale internationale aux insoumis…).

Si toutes ces mesures ne sont pas prises dans les plus bref délais, ce passage en force de la France politique en Côte d’Ivoire -entérinée de surcroît et à l’unanimité par la communauté internationale (France politique, États-Unis en l’occurrence), les alliés occidentaux, les pantins de la Françafrique et les institutions satellites occidentales et africaines -, risquerait d’enfoncer encore pour bien longtemps les anciennes colonies francophones dans un néocolonialisme beaucoup plus dramatique que celui qu’elles ont toujours subi depuis ces 50 dernières années.

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(*) Calixte Baniafouna est auteur de plusieurs livres d'analyse politique, économique et historique.

30 janvier 2011

SUISSE : Une nouvelle loi contre les "avoirs" des dictateurs

La restitution à Haïti des avoirs bloqués en Suisse de l'ancien dictateur Jean-Claude DUVALIER, revenu dans son pays après 25 ans d'exil, devrait être bientôt possible grâce à l'entrée en vigueur le 1er février d'une nouvelle loi, a indiqué mardi l'avocat des autorités haïtiennes.La restitution à Haïti des avoirs bloqués en Suisse de l'ancien dictateur Jean-Claude DUVALIER, revenu dans son pays après 25 ans d'exil, devrait être bientôt possible grâce à l'entrée en vigueur le 1er février 2011 d'une nouvelle loi, a indiqué mardi l'avocat des autorités haïtiennes.
"La loi fédérale sur la restitution des valeurs patrimoniales d'origine illicite de personnes politiquement exposées (LRAI) entrera en vigueur au 1er février 2011", a expliqué le Département des Affaires étrangères (ministère).

Le nouveau texte permet au gouvernement helvétique de rendre aux populations spoliées des fonds illicites bloqués dans la Confédération même si l'entraide judiciaire avec l'Etat concerné ne peut aboutir, ce qui n'était pas possible jusqu'à présent.

La loi a été surnommée "Lex Duvalier" dans la Confédération car elle a été initiée pour palier à ce manque apparu dans la longue bataille judiciaire sur la restitution au peuple Haïtien de quelque 5,7 millions de dollars, soit 4,2 millions d'euros, déposés par la famille Duvalier sur des comptes suisses.

Elle devrait permettre d'accélérer le processus paralysé depuis des mois, selon Enrico MONFRINI, avocat en Suisse pour les autorités Haïtiennes.

"La lex Duvalier entrera en vigueur le mois prochain et je ne vois pas de raison qu'elle ne soit pas appliquée, que M. DUVALIER soit en Haïti ou non", a-t-il expliqué.

Le ministère suisse des Affaires étrangères n'a pas voulu se prononce sur ses intentions tant que la loi n'est pas effective. Mais, selon les experts, il ne fait pas de doute que Berne l'utilisera pour mettre un terme à une affaire jonchée de moult rebondissements.

Le dernier en date remonte à mars 2010 quand l'ex-dictateur haïtien Jean-Claude DUVALIER, dit "Bébé Doc", a introduit un nouveau recours devant la justice suisse pour récupérer des millions de dollars gelés sur des comptes en Suisse depuis vingt-quatre ans sur décision du gouvernement helvétique. Il contestait la décision de Berne de bloquer à nouveau les fonds après un jugement de la plus haute instance judiciaire helvétique, le Tribunal fédéral.

Ce dernier avait annulé en février 2010 la restitution prévue à Haïti d'une partie des avoirs de M. Jean-Claude DUVALIER.
Le Tribunal avait confirmé un jugement antérieur de la justice helvétique selon lequel ces avoirs avaient été obtenus de manière criminelle. Mais puisque le droit suisse prévalait dans cette affaire en raison de l'absence d'un traité d'entraide judiciaire entre Haïti et la Suisse, il avait relevé que les crimes commis étaient prescrits depuis 2001, conformément au code pénal helvétique.
Il a en conséquence conclu que Berne ne pouvait s'appuyer sur cet argument pour restituer les fonds au peuple haïtien, comme il avait prévu.

La nouvelle loi devrait permettre une révision de ce jugement. Haïti estime que plus de 100 millions de dollars ont été détournés sous le couvert d'œuvres sociales avant la chute du dictateur, qui avait succédé en 1971 à son père François, élu président en 1957.

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Loi fédérale sur la restitution des valeurs patrimoniales d'origine illicite de personnes politiquement exposées (Loi sur la Restitution des Avoirs Illicites, LRAI)
L'Assemblée fédérale de la Confédération Suisse,
Vu l'art. 54, al. 1, de la Constitution,
Vu le message du Conseil fédéral du 28 avril 2010,

Arrête :
Section 1 Objet
Article 1
La présente loi fixe les modalités du blocage, de la confiscation et de la restitution de valeurs patrimoniales de personnes politiquement exposées ou de leur entourage lorsqu'une demande d'entraide judiciaire internationale en matière pénale ne peut aboutir en raison de la situation de défaillance au sein de l'Etat requérant dans lequel la personne politiquement exposée exerce ou a exercé sa fonction publique (Etat d'origine).
Section 2 Blocage
Article 2
ConditionsLe Conseil fédéral peut décider le blocage de valeurs patrimoniales en Suisse, en vue de l'ouverture d'une procédure en confiscation selon la présente loi, aux conditions suivantes :
a.    les valeurs patrimoniales font l'objet d'une mesure provisoire de saisie dans le cadre d'une procédure d'entraide judiciaire internationale en matière pénale ouverte à la demande de l'Etat d'origine;
b.    le pouvoir de disposition sur ces valeurs patrimoniales appartient à :
1.     des personnes qui occupent ou ont occupé des fonctions publiques importantes à l'étranger (personnes politiquement exposées), soit notamment: les chefs d'Etat ou de gouvernement, les politiciens de haut rang, les hauts fonctionnaires de l'administration, de la justice, de l'armée et des partis au niveau national, ainsi que les membres des plus hauts organes des entreprises étatiques d'importance nationale;
2.    des personnes physiques ou morales qui sont proches de personnes politiquement exposées pour des raisons familiales ou personnelles ou pour des raisons d'affaires (entourage).
c.    l'Etat d'origine n'est pas en mesure de répondre aux exigences de la procédure d'entraide du fait de l'effondrement de la totalité ou d'une partie substantielle de son appareil judiciaire ou du dysfonctionnement de celui-ci (situation de défaillance), et
d.    la sauvegarde des intérêts de la Suisse exige le blocage de ces valeurs patrimoniales.
Article 3 Durée
1 Les valeurs patrimoniales sont bloquées jusqu'à décision entrée en force sur leur confiscation.
2 Si une action en confiscation n'est pas ouverte dans un délai de cinq ans à compter de l'entrée en force de la décision de blocage, le blocage des valeurs patrimoniales est caduc.
Article 4 Solution transactionnelle
1 Le Conseil fédéral peut charger le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) de rechercher, durant le blocage des valeurs patrimoniales, une solution transactionnelle en vue d'en permettre la restitution intégrale ou partielle. Les art. 8 à 10 s'appliquent par analogie à cette restitution.
2 La solution transactionnelle doit être approuvée par le Conseil fédéral.
3 Si le Conseil fédéral approuve la solution transactionnelle, il lève le blocage des valeurs patrimoniales.
Section 3 Confiscation
Article 5 Procédure
1.     Le Conseil fédéral peut charger le Département fédéral des finances (DFF) d'ouvrir devant le Tribunal administratif fédéral une action en confiscation des valeurs patrimoniales bloquées.
2.    Le Tribunal administratif fédéral prononce la confiscation des valeurs patrimoniales:
a. dont le pouvoir de disposition appartient à une personne politiquement exposée ou à son entourage;
b. qui sont d'origine illicite, et
c. qui ont été bloquées en vertu de la présente loi par le Conseil fédéral.
3.    La prescription de l'action pénale ou de la peine ne peut pas être invoquée.
4.    En cas de reprise de la procédure d'entraide judiciaire internationale en matière pénale, la procédure en confiscation est suspendue jusqu'à droit connu.
Article 6 Présomption d'illicéité
1.     L'origine illicite des valeurs patrimoniales est présumée lorsque les conditions suivantes sont remplies :
a. le patrimoine de la personne qui a le pouvoir de disposition sur les valeurs patrimoniales a fait l'objet d'un accroissement exorbitant en relation avec l'exercice de la fonction publique de la personne politiquement exposée, et
b. le degré de corruption de l'Etat d'origine ou de la personne politiquement exposée en cause était notoirement élevé durant la période d'exercice de la fonction publique de celle-ci.
2.    La présomption est renversée si la licéité de l'acquisition des valeurs patrimoniales est démontrée avec une vraisemblance prépondérante.
Article 7 Droit des tiers
Sont exclues de la confiscation les valeurs patrimoniales sur lesquelles :
a.    une autorité suisse fait valoir des droits;
b.    une personne qui n'est pas membre de l'entourage de la personne politiquement exposée a acquis de bonne foi des droits réels
1. en Suisse, ou
2. à l'étranger, s'ils font l'objet d'une décision judiciaire susceptible d'être reconnue en Suisse.
Section 4 Restitution
Article 8 Principe
L'objectif de la restitution des valeurs patrimoniales confisquées est d'améliorer les conditions de vie de la population de l'Etat d'origine.
Article 9 Procédure
1.     La restitution des valeurs patrimoniales confisquées s'effectue par le financement de programmes d'intérêt public.
2.    Les modalités de la restitution peuvent faire l'objet d'un accord entre la Suisse et l'Etat d'origine.
3.    Un tel accord peut porter notamment sur :
a. le type de programmes d'intérêt public visé par les valeurs patrimoniales restituées;
b. l'utilisation des valeurs patrimoniales restituées;
c. les partenaires impliqués dans la restitution;
d. le contrôle et le suivi de l'utilisation des valeurs patrimoniales restituées.
4.    Le Conseil fédéral a la compétence pour conclure un tel accord.
5.    A défaut d'accord avec l'Etat d'origine, le Conseil fédéral fixe les modalités de la restitution. Il peut notamment restituer les valeurs patrimoniales confisquées par l'entremise d'organismes internationaux ou nationaux et prévoir la supervision par le DFAE.
Article 10 Frais de procédure
1.     Un montant forfaitaire correspondant à 2,5 % au plus des valeurs patrimoniales confisquées peut être attribué à la Confédération ou aux cantons pour couvrir les frais de blocage et de restitution.
2.    Le Conseil fédéral fixe au cas par cas le montant du forfait.
Section 5 Voies de droit et collaboration entre autorités
Article 11 Recours
1.     La décision de blocage du Conseil fédéral peut faire l'objet d'un recours auprès du Tribunal administratif fédéral.
2.    Le recours n'a pas d'effet suspensif. L'art. 55, al. 2, de la loi fédérale du 20 décembre 1968 sur la procédure administrative3 n'est pas applicable.
3.    Le grief de l'inopportunité ne peut être invoqué.
4.    La procédure et les voies de droit sont par ailleurs régies par les dispositions générales de la procédure fédérale.
Article 12 Collaboration entre autorités
1.     L'Office fédéral de la Justice informe le DFAE lorsqu'une demande d'entraide judiciaire internationale en matière pénale concernant des valeurs patrimoniales bloquées en Suisse de personnes politiquement exposées ou de leur entourage ne peut aboutir.
2.    Sur demande du DFAE ou du DFF, les autorités de la Confédération et des cantons communiquent toutes les données nécessaires à l'exécution de la présente loi.
Section 6 Dispositions finales
Article 13 Modification du droit en vigueur
La modification du droit en vigueur est réglée en annexe.
Article 14 Dispositions transitoires
1.     Les valeurs patrimoniales qui, lors de l'entrée en vigueur de la présente loi, sont bloquées par le Conseil fédéral sur la base de l'article 184, alinéa 3, de la Constitution parce que la demande d'entraide pénale internationale n'a pas abouti restent bloquées jusqu'à décision entrée en force sur leur confiscation conformément à la présente loi.
2.    Le blocage est caduc si une action en confiscation n'est pas ouverte dans l'année qui suit l'entrée en vigueur de la présente loi.
Article 15 Référendum et entrée en vigueur
1.     La présente loi est sujette au référendum.
2.    Le Conseil fédéral fixe la date de l'entrée en vigueur.
Annexe (article 13) Modification du droit en vigueur
Les lois fédérales mentionnées ci-après sont modifiées comme suit:
1. Loi du 17 juin 2005 sur le Tribunal administratif fédéralArticle 33, let. b, ch. 3 (nouveau)
Le recours est recevable contre les décisions :
b. du Conseil fédéral concernant:
3. le blocage de valeurs patrimoniales sur la base de la loi du … sur la restitution des avoirs illicites;
Article 35, let. d (nouvelle)
Le Tribunal administratif fédéral connaît par voie d'action en première instance:
d. des demandes de confiscation de valeurs patrimoniales conformément à la loi du … sur la restitution des avoirs illicites6;
Article 44, alinéa 3 (nouveau)
3 Les émoluments judiciaires et les dépens sont régis par les articles 63 à 65 PA7.
2. Loi fédérale du 11 avril 1889 sur la poursuite pour dettes et la faillite8Article 44
La réalisation d'objets confisqués en vertu des lois pénales et fiscales de la Confédération et des cantons ou en vertu de la loi du … sur la restitution des avoirs illicites9 s'opère en conformité des dispositions de ces lois.

Le syndrome tunisien est-il en train de faire tache d'huile au Sénégal ?

Le syndrome tunisien est-il en train de faire tache d'huile au Sénégal ?


Le syndrome tunisien est-il en train de faire tache d'huile au Sénégal ? En tout cas, un jeune Sénégalais du nom d'Ousmane Sarr a tenté de s'immoler par le feu, ce vendredi. La cause : Ousmane ne supporte pas d'avoir perdu son emploi à cause d'un différend entre la Sococim et la Société rufisquoise et bargnoise pour le transport, l'industrie et le commerce (Sorubatic).En Tunisie, la chute du Président Ben Ali est partie de la mort d'un jeune Tunisien qui s'est immolé par le feu parce que ne supportant pas l'humiliation que lui a imposée la police alors qu'il était déjà frappé par le chômage.



Le syndrome tunisien est-il en train de faire tache d'huile au Sénégal ?
 
Depuis, plusieurs cas d'immolation ont été notés dans les pays du Maghreb, notamment en Egypte, en Algérie et en Mauritanie.Mais au Sénégal, des cas d'immolations par le feu sont loin d'être une première. On se souvient des cas de Kéba Dramé qui s'était immolé devant la présidence de la République, mais également de Penda Kébé lors d'une visite du Président Abdoulaye Wade en Italie.Mais le cas du jeune Ousmane Sarr suscite des interrogations en raison notamment du contexte, avec notamment ce qui a été constaté en Tunisie. En effet, tout comme le jeune Tunisien, Ousmane Sarr a tenté de s'immoler par le feu parce que ne pouvant pas supporter de perdre son emploi à cause d'un conflit entre les camionneurs de la Société rufisquoise et bargnoise pour le transport, l'industrie et le commerce (Sorubatic) et la Sococim.

Lui-même camionneur, Ousmane Sarr s'est, selon des témoins, aspergé d'essence avant de se mettre le feu. Et c'est devant les locaux de la Sococim que la scène s'est déroulée. Il a, d'ailleurs, fallu l'intervention de ses collègues camionneurs pour sauver Ousmane Sarr de la mort.Selon nos informations, les camionneurs sont en colère contre la Sococim qui aurait décidé de rompre le contrat les liant au profit de deux autres transporteurs qui étaient pourtant membres du Regroupement des camionneurs de Rufisque et Bargny.

Source: Nettali

Mr.Cmr - PiccMi.com

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"L'ascension sociale se faisant sans échelle, ceux qui se dégagent et s'élèvent ne peuvent que monter sur les épaules et sur la tête de ceux qu'ils enfoncent.." (Lanza Del Vasto).



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"L'ascension sociale se faisant sans échelle, ceux qui se dégagent et s'élèvent ne peuvent que monter sur les épaules et sur la tête de ceux qu'ils enfoncent.." (Lanza Del Vasto).

AFRIQUE : Des intellectuels africains signent "le manifeste pour la Côte d'Ivoire"

Manifeste pour la Côte d'Ivoire pour le respect du droit international, le respect de la souveraineté de la cote d'ivoire, de la constitution et des institutions ivoiriennes et pour une sortie de crise pacifique, honorable et équitable.
 

Nous, intellectuels africains «non-alignés» et «non aliénés», ou «vrais amis» de l'Afrique Mère de l'Humanité et de la Civilisation, soussignés, tenons à interpeller la Communauté Internationale, en particulier les gouvernements de la France, des Etats-Unis, le Conseil de Sécurité de l'ONU, l'Union Européenne, l'Union Africaine, la CEDEAO, l'UEMOA, au sujet de la crise post électorale ivoirienne actuelle. Au nom des exigences de la rigueur et de l'honnêteté intellectuelle, de la justice et du droit, de la démocratie et de la paix, de la dignité de l'Afrique et des Africains, dont nous tenons à être des défenseurs, contrairement à beaucoup d'acteurs de cette crise préoccupés par des intérêts géopolitiques, des complexes de domination inavouables, et de préjugés anthropologiques, nous leur disons:

1) Nous ne trouvons «aucune base juridique recevable» à aucune des prises de position, de décisions, des sanctions et des menaces de la «Communauté Internationale» autoproclamée depuis le début de cette crise et nous les mettons au défi d'exposer une justification juridique qui ne soit pas une offense au droit international et une atteinte à la dignité de l'Afrique. Nous estimons notamment qu'aucun texte juridique ne fonde la «Communauté Internationale» à considérer les « résultats provisoires » proclamés par la «Commission Electorale Indépendante» ivoirienne comme les «résultats définitifs», à proclamer ces résultats définitifs» à la place de la Cour Constitutionnelle ivoirienne, à considérer un des candidats comme «le président élu» ou «le président légitime», à lui conférer des droits et des pouvoirs sur le plan international. Nous affirmons que conformément au droit, seules la Constitution et la Cour Constitutionnelle ivoiriennes sont habilitées à exercer ou conférer de tels droits et pouvoirs.

2) Nous estimons que ce «déni du droit» et cet «abus de pouvoir» de la «Communauté Internationale» au nom de l'arbitraire et de «la raison du plus fort» ouvrent la porte à des dérives plus graves créant une «injustice internationale» et un «désordre international», mettant en danger l'équilibre et l'avenir de la paix dans le concert des nations, créant des précédents dangereux à des actes autoritaires et impérialistes des futures «hyper puissances mondiales» dont risque d'être victimes un jour les puissances mondiales actuelles usant de cet «abus du pouvoir». C'est la raison principale de notre présent «combat de la raison contre la raison du plus fort».

3) Compte tenu de la structure «partisane» et de «coalition» contre le pouvoir sortant de la Commission Electorale «prétendument» Indépendante, comportant 6 représentants de la rébellion armée et 12 représentants de la coalition politique contre le pouvoir sortant contre 2 seulement pour ce pouvoir sur un total de 20 représentants de partis politiques et groupes armés, sans compter les 11 représentants des corps constitués, le «dogme de l'infaillibilité» de cette commission dans sa proclamation non consensuelle comme le prévoit le code électoral des «résultats provisoires» et non «définitifs» dans les locaux du quartier général de campagne d'un des candidats, en violation des règles établies, et sur lequel s'appuie la «Communauté Internationale», nous paraît plus que suspect et témoigner d'une «anesthésie partielle et sélective» de l'esprit critique que la même communauté prétend appliquer avec toute sa rigueur à la Cour Constitutionnelle ivoirienne.

4) Compte tenu des graves accusations de complicité de fraudes massives portées contre l'ONU par son représentant spécial adjoint en Afghanistan, Monsieur Peter Galbraith, en octobre 2009 suite au premier tour le 20 août 2009 de la dernière élection présidentielle afghane, compte tenu du refus de désarmement et de cantonnement des rebelles ivoiriens par les forces de l'ONU en Côte d'Ivoire contrairement aux engagements formels de l'ONU de soutien à l'Accord de Ouagadougou de 2007, et compte tenu de la protection assurée par ces forces à l'un des candidats du second tour de la dernière élection présidentielle ivoirienne, bien avant la proclamation des résultats provisoires de ce second tour par la Commission Electorale Indépendante, nous estimons honnêtement que la «certification» de ces résultats provisoires par l'ONU ne saurait bénéficier du «dogme de l'infaillibilité», pas plus en Côte d'Ivoire qu'en Afghanistan.

5) Compte tenu de ce «parjure» de l'ONU concernant le désarmement et le cantonnement des rebelles ivoiriens, compte tenu de «l'injure à la démocratie» que constitue l'organisation de l'élection présidentielle supposée «libre et transparente», sous la menace des armes des rebelles ivoiriens sur 63 % du territoire ivoirien, et sur la pression de l'ONU, nous estimons que l'ONU porte la plus lourde responsabilité dans la crise ivoirienne actuelle et qu'il est indécent que l'ONU « verse de l'huile sur le feu » de la crise ivoirienne par des décisions partisanes et sans aucun fondement juridique recevable. De plus, pourquoi l'ONU n'avait-elle pas poussé les autorités légales afghanes, comme les autorités ivoiriennes, à étendre l'organisation de la dernière élection présidentielle afghane dans la majeure partie du territoire afghan sous le contrôle et la menace des rebelles armées «talibans»? Si par l'absurde elle l'avait fait comme en Côte d'Ivoire, que penserait l'opinion publique internationale de l'ONU si l'ONU avait exigé ensuite de la Cour Constitutionnelle afghane et les autres autorités légales afghanes d'accepter les résultats «entachés de fraudes massives» émanant de ces zones électorales sous le contrôle et la menaces de rebelles armées, après avoir exigé de son représentant spécial en Afghanistan de «certifier» ces résultats «frauduleux» comme en Côte d'Ivoire?

6) Le respect des règles du jeu de football interdit à quiconque, même aux plus grandes puissances mondiales, de remettre en cause le verdict d'un penalty sifflé dans un match par l'arbitre, quel que soit le bien fondé des critiques qu'un tel verdict peut susciter. Le respect des lois de la constitution américaine a interdit à quiconque, même au malheureux candidat Al Gore, à son parti, et à toute nation étrangère aux Etats Unis, fût-elle une des plus grandes puissances du monde après les Etats Unis, de remettre en cause la décision de la Cour suprême des Etats Unis du 12 décembre 2000 en faveur de candidat George W. Bush à la suite des accusations de fraudes électorales dans l'Etat de Floride dont le gouverneur n'était autre que le frère de ce dernier candidat. De même, le respect des lois de la constitution ivoirienne interdit à quiconque, même au malheureux candidat Alassane Ouattara, à sa coalition ivoirienne et internationale, et à toute nation ou institution étrangère à la Côte d'Ivoire, fut-elle la plus grande puissance mondiale actuelle comme les Etat Unis, l'ancienne puissance colonisatrice de la Côte d'Ivoire comme la France, la plus puissante institution mondiale comme le Conseil de Sécurité de l'ONU, ou une des institutions africaines «instrumentalisées» comme l'Union Africaine, la CEDEAO, la Communauté Economique Des Etats de l'Afrique de l'Ouest, l'UEMOA, l'Union Economique et Monétaire Ouest Africaine, sous le contrôle total de la France propriétaire du franc CFA, de remettre en cause la décision en date du 3 décembre 2010 de la Cour Constitutionnelle Ivoirienne seule habilitée par la Constitution ivoirienne à proclamer les «résultats définitifs» et sans appel d'une élection en Côte d'Ivoire.

7) Dans le règlement des crises politiques en Afrique comme à Madagascar, en Guinée et au Niger, l'Union Africaine a toujours brandi comme règle inviolable la conformité à la constitution nationale, ce que le Président Laurent Gbagbo a parfaitement respecté tout le long de la dernière élection présidentielle ivoirienne, conformément aux recommandations formulées à Accra le 11 juillet 2009 par le Président Obama en faveur de la démocratie en Afrique: «L'Afrique n'a pas besoin d'hommes forts, il a besoin d'institutions fortes». Le changement brusque et brutal de cette règle du jeu de la part de l'Union Africaine et de la CEDAO ne s'explique que par des pressions et des manipulations par les nations et des institutions étrangères à l'Afrique qui n'honorent ni ces deux institutions africaines, ni l'Afrique elle-même, d'autant plus que dans leurs nouveaux rôles, plusieurs chefs d'Etats africains ou chefs d'institutions africaines jouent le triste rôle de «bourreaux de leurs propres frères noirs» sur ordre de «commanditaires blancs ou jaunes».

8) A tous ces nouveaux «va-t-en-guerre» contre leurs frères africains sur ordre des nouveaux «commanditaires négriers» européens, américains et asiatiques, nous demandons: Qu'avez-vous fait quand la répression barbare des protestations contre les fraudes électorales massives au Togo en avril 2005 a fait au moins 500 morts, selon le rapport commandité par le Conseil de Sécurité de l'ONU, soit plus de victimes que les massacres de Soweto du 16 juin 1976, et plus de 3000 morts selon l'ancien ministre togolais de l'intérieur jusqu'à quelques jours du bain de sang au prix duquel la dictature togolaise est devenue héréditaire? Vous êtes-vous préoccupés jusqu'à ce jour des suites données par le Conseil de Sécurité de l'ONU à cette barbarie post électorale incomparablement plus meurtrière et plus inquiétante pour la démocratie en Afrique que la crise post électorale actuelle en Côte d'Ivoire? Le sang des victimes de cette dernière crise a-t-elle plus de valeur que celui des milliers de morts de la guerre civile ivoirienne dont la Communauté Internationale donne l'impression de protéger et de promouvoir de manière ostentatoire les commanditaires et les exécutants de basse besogne?

9) A tous les responsables de «la Communauté Internationale» qui actuellement «versent de l'huile sur le feu» de la crise ivoirienne au risque de revoir les flammes de la guerre civile embraser tout le pays, nous tenons à affirmer au nom de la raison, du droit, de la justice et de la paix, et du «combat de la raison contre la raison du plus fort», que toutes leurs initiatives dans la crise ivoirienne jusqu'à ce jour sont contraires aux principes sacrés du respect du droit international, et surtout du respect de la souveraineté de la Côte d'Ivoire et de l'autorité de la constitution et des institutions ivoiriennes. Plus particulièrement, à l'ancienne puissance colonisatrice de la Côte d'Ivoire, qu'il nous soit permis de rappeler le «devoir de réserve et de non ingérence» dont son propre Président a énoncé «le principe sacré» dans sa conférence de Presse à Paris le 24 janvier 2011 à l'occasion du début de la présidence française du G8 et du G20 en déclarant: «On ne peut pas parler d'un pays avec la même liberté quand il y a 50, 60, 70 ans, moins parfois, ce pays ressentait la colonisation française comme une souffrance… Je revendique une certaine réserve. Je ne veux pas que la France soit assimilée à un pays qui a gardé des réflexes coloniaux…Plus nous voudrions faire de l'ingérence et moins nous serons influents… La puissance coloniale est toujours illégitime à prononcer un jugement sur les affaires intérieures d'une ancienne colonie». Par cette déclaration publique, le président Français démontre brillamment que la France, les Etats-Unis et tous les pays qui s'autoproclament comme «la Communauté Internationale» «sont dans l'illégitimité» lorsque, comme ce président l'a «réitère» dans la même conférence de presse, ils accordent le soutien « aveugle et autiste » de cette «Communauté Internationale» au «seul gouvernement légitime de la Côte d'Ivoire, celui de Alassane Ouattara», dont le «dogme de la légitimité», pour les ivoiriens sous la menace des armes des rebelles «talibans ivoiriens» depuis huit ans, est plus que suspect et résonne plutôt comme «un blasphème de la démocratie».

10) La politique, c'est l'art de la négociation et du consensus, et non l'art de la guerre ou de la confrontation violente. Gouverner une nation suppose, non pas un consensus international suffisant, mais un consensus national suffisant. C'est pourquoi nous affirmons à la face du monde, notamment des «plus puissants de ce monde», des protagonistes majeurs de cette crise, de tous les ivoiriens, et de tous les Africains, que par amour de la Côte d'Ivoire et de sa souveraineté, une solution à la crise post électorale actuelle en Cote d'Ivoire ne peut pas être militaire, mais doit être politique et qu'elle suppose une «négociation directe» entre les deux protagonistes majeurs, pour s'accorder sur une telle solution, à faire entériner ensuite par l'Union Africaine et par le Conseil de Sécurité de l'ONU. Nous suggérons également que, la source principale de la crise post électorale actuelle étant selon nous le non respect par l'ONU de la clause de l'Accord de Ouagadougou de 2007 lui imposant la responsabilité de veiller au désarmement et au cantonnement des rebelles au plus tard deux mois avant le début de l'élection présidentielle en Côte d'Ivoire, cette solution de sortie de crise puisse inclure entre autres que le Conseil de Sécurité de l'ONU s'engage de nouveau à honorer son engagement dans les meilleurs délais, plus précisément à désarmer et à dissoudre les «forces armées illégales» ivoiriennes, pour ouvrir la voie dans les meilleurs délais à une «élection présidentielle anticipée», «réellement libre et transparente», sans tricherie ni en amont ni en aval du processus électoral, et qui ne soit plus «une insulte à la démocratie» comme la dernière élection controversée. Etant donnés les soupçons d'impartialité qui pèsent sur les forces de l'ONU en Côte d'Ivoire, il est recommandable que ces opérations de désarmement et de dissolution puissent être effectuées sous le contrôle d'experts militaires africains mandatés par l'Union Africaine et ressortissants de pays africains non suspects de compromission avec le Conseil de Sécurité de l'ONU ou les puissances étrangères à l'Afrique non respectueuses de la souveraineté ivoirienne. Cette «élection présidentielle anticipée», ne serait pas un «troisième tour» de la dernière, mais un nouveau processus électoral «exceptionnel» que le Président Laurent Gbagbo pourrait librement décider de convoquer, par souci de la paix, du consensus et de la prospérité dans toute la Côte d'Ivoire, conformément aux pouvoirs que lui ont conférés à la faveur de la dernière élection, le peuple, la Constitution et la Cour Constitutionnelle ivoiriennes. La solution d'une telle sortie de crise pacifique, équitable et honorable pour tous les principaux protagonistes, et surtout respectueuse de la souveraineté ivoirienne et de l'autorité de la constitution et des institutions ivoiriennes, ainsi que de la dignité de l'Afrique, est donc entre les mains du Président Laurent Gbagbo et du Premier Ministre Alassane Ouattara. Telles sont nos critiques décapantes de « combattants de la justice contre l'injustice, du droit contre l'arbitraire, de la raison contre la raison du plus fort » et nos propositions concrètes «d'artisans de la Paix».

Premiers signataires

1) Professeur Molefi ASANTE, USA
2) Professeur Ama Mazama, USA-FRANCE
3) Professeur Martial Frindhetie, USA-COTE D'IVOIRE
4) Professeur Fanbo GNIVIH, FRANCE-TOGO
5) Professeur Koffi ABALO, COTE D'IVOIRE-TOGO
6) Docteur Nda Nguessan KOUADIO, TOGO-COTE D'IVOIRE
7) Docteur Guy ALOVOR, FRANCE-TOGO
8) Docteur Abdou MOUSSA, FRANCE-CENTRAFRIQUE
9) Jean-Paul FOUGAIN, Ingénieur, FRANCE-CAMEROUN
10) Honorine GANHOULE, Auditrice, FRANCE-COTE D'IVOIRE

 

 


Source : http://www.ladepechedabidjan.net/Des-Intellectuels-africains-signent-Le-manifeste-pour-la-Cote-d-Ivoire_a1899.html 
 

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"L'ascension sociale se faisant sans échelle, ceux qui se dégagent et s'élèvent ne peuvent que monter sur les épaules et sur la tête de ceux qu'ils enfoncent.." (Lanza Del Vasto).

29 janvier 2011

Le Congo-Brazzaville : l'autre Tunisie africaine

LE CONGO-BRAZZAVILLE : L'AUTRE TUNISIE AFRICAINEOU LA SAGA DES « BIENS MAL ACQUIS » DE SASSOU NGUESSO ET SON CLAN « (…) Le voleur et celui qui reçoit des avoirs volés sont coupables du même délit ».O. Obansanjo,Ancien Président du Nigeria


Sassou Nguesso et son clan font partie du groupe des dictateurs kleptocrates des pays dits du Sud.

A en croire la Banque Mondiale, les avoirs détournés et les biens mal acquis par les dictateurs des pays du Sud au cours des dernières décennies, dont Sassou Nguesso, représentent entre 100 et 180 milliards de dollars. Ces chiffres, qui ne tiennent pas compte des détournements opérés par les proches des dictateurs, ne donnent qu'un aperçu de l'ampleur de la corruption. Le FMI, de son côté, évoque des chiffres au-delà de 1000 milliards de dollars[1].

Le pillage des richesses des pays du Sud s'opère avec la complicité ou à l'initiative des gouvernements et des entreprises des pays du Nord. Soucieux de leurs intérêts géopolitiques et économiques, ces pays soutiennent l'arrivée ou le maintien au pouvoir des régimes despotiques et corrompus...[2]

Ainsi, en 1997, dans le cas du Congo-Brazzaville, la France et la compagnie ELF (devenue TOTAL)[3] ont financé la reprise du pouvoir, à l'issue d'un coup d'Etat, par Sassou Nguesso, le moins regardant sur les conditions d'exploitation du pétrole de son pays[4]. Sinon, comment expliquer que le Gabon, l'Angola et le Congo-Brazzaville, qui figurent parmi les principaux producteurs de pétrole du continent noir, aient une dette aussi colossale ? Ces pays sont devenus l'eldorado de la France et sa compagnie pétrolière Total.

Selon le document du CCFD, Sassou Nguesso détiendrait, avec sa famille et son clan, la moitié de l'économie du Congo[5]'. Sassou Nguesso, avec son entourage, rien que de 1979-92 et 1997, a détourné plus de 700 millions de dollars.

Selon le FMI, entre 1999 et 2002, 248 millions de dollars provenant de l'extraction du brut n'ont pas laissé de traces dans la comptabilité nationale. Dans le budget 2003, sur les 800 millions de dollars de rentes pétrolières, seulement 650 millions de dollars ont été inscrits[6]… Or Sassou Nguesso contrôle de nombreuses entreprises dans le pays et possède plusieurs propriétés et comptes bancaires en Europe. Une liste des biens mal acquis de Sassou Nguesso, famille et membres de clan est exposée sur Internet[7].

Sur le Congo-Brazzaville, à propos de Sassou Nguesso, Terre Solidaire-CCFD[8] écrit :
Denis Sassou Nguesso est au pouvoir au Congo-Brazzaville depuis 1997, à la suite d'un coup d'Etat. Il avait dirigé de façon très musclée le Congo-Brazzaville de février 1979 à août 1992. Il a assuré durant toute l'année 2006 la présidence de l'Union africaine. Ces différents titres ne l'empêchent pas d'avoir détourné des fonds publics congolais pour son enrichissement personnel. En 2001, un rapport du Fonds monétaire international, faisant suite à une mission début novembre 2001, dénonçait les affectations des fonds publics congolais dans des comptes privés autres que ceux du trésor public. […] Sassou Nguesso a ainsi, pendant des années, pillé les richesses du pays. Il a profité des bonus - des prêts gagés ou préfinancements - des diverses commissions sur la vente du pétrole, et de la PID « provision pour investissements diversifiés », véritable caisse noire, non budgétisée de 1997 à 2002. Elf, puis Total, qui fournit à l'État congolais 70% de ses revenus pétroliers, ont été à la tête de ces malversations. Sa fortune provient aussi de rétro-commissions touchées sur des contrats de passation de marchés publics, du pillage du trésor public…

[…] Le 28 novembre 2005, la chambre commerciale de la Cour royale de Londres condamnait le Congo à rembourser des créances impayées à Kensington International, un fond vautour basé dans un paradis fiscal, les îles Caïman. Au cœur du dispositif, on découvre une petite entreprise basée aux Bermudes, Sphinx Bermuda, au capital de 12 000 dollars seulement, qui a réalisé des opérations pour un montant de 472 millions de dollars ! Elle achetait du pétrole à la Société Nationale des Pétroles du Congo (SNPC), souvent au-dessous des prix du marché et le revendait sur le marché international... Ces deux sociétés ont le même dirigeant : Denis Gokana, un conseiller de Sassou Nguesso. Le fils du président en faisait aussi partie[9].

En avril 2006, c'est au tour d'un juge fédéral américain de juger recevable une plainte de Kensington International contre le groupe bancaire français BNP Paribas et la Société nationale pétrolière congolaise pour blanchiment d'argent. Ces dernières se seraient associées pour cacher sciemment aux créanciers de Brazzaville des revenus tirés de la vente de pétrole par le biais d'un système de prépaiement « complexe et structuré de manière inhabituelle. »[10] Sous la conduite de M. Itoua, la société nationale pétrolière congolaise a, de 2001 à 2004, utilisé une étourdissante série de transactions fictives complexes et de compagnies paravents pour piller la richesse pétrolière du pays. Parmi les intermédiaires supposés, on trouve une société enregistrée aux Iles vierges britanniques avec « pour seul identifiable lieu d'activité… une résidence privée à Monaco »[11].

[…] Denis Sassou Nguesso s'est ainsi constitué avec ses proches une richesse colossale, qu'il est difficile aujourd'hui d'estimer. On trouve en 1997 un compte numéroté de 140 millions de dollars déposés dans la banque luxembourgeoise de SEB et géré par son ministre de la justice. Il détiendrait d'autres comptes en Suisse, aux Etats-Unis et sans doute en France, pour lesquels il n'a jamais été inquiété. Il possède également avec sa famille […] de multitudes de biens au Congo-Brazzaville. Il contrôlerait, avec sa famille, une bonne partie de l'économie de son pays. Sa fortune était évaluée à plus d'un milliards de francs français en 1997 par F-X Verschave[12]. Il possèderait aussi de nombreuses propriétés en Espagne, au Maroc et bien sûr en France : « un très grand pied à terre » au Vésinet (La villa Suzette, avenue Gallieni), à l'Ouest de Paris et un appartement avenue Foch à Paris[13]. Il serait également propriétaire d'un appartement avenue Rapp. De plus, si on se réfère au travail accompli par des citoyens congolais sur les biens mal acquis « des nouveaux riches »[14], on découvre que beaucoup de ses proches posséderaient des propriétés dans la région parisienne […].

Tout au long de ce Travail pour la Mémoire Collective, l'on n'arrête pas de mettre en avant l'action néfaste et criminelle de la France et de ses compagnies multinationales comme Elf (devenue Total) au Congo-Brazzaville.

Il est également suffisamment prouvé que Sassou Nguesso n'est pas un « président » de la République choisi librement par le peuple congolais. Cet homme y a été parachuté par un pays tiers : la France, qui n'a pas abandonné ses vieilles méthodes et pratiques coloniales. Le même scénario entre Jean-Bedel Bockassa et David Dacko en Centrafrique. L'un, en République Centrafricaine, a été emmené dans une « soute » d'avion et l'autre, pour ce qui concerne le Congo-Brazzaville, l'a été au bout d'un canon. Le roi Louis XIV, Napoléon Bonaparte et Colbert, ces pères de l'esclavage, de la Traite négrière, du Code Noir et du Code de l'Indigénat, ne sont pas morts[15].

Si demain, les populations congolaises se révoltaient, Paris sera le premier à dépêcher à Brazzaville des contingents militaires africains des pays voisins comme elle l'a déjà fait en 1997, avec l'aide des troupes angolaise, tchadienne, gabonaise et marocaine, en plus des militaires français déguisés en mercenaires, pour voler au secours du kleptocrate criminel qui le fait vivre. On ne le répétera jamais assez que la France, toute honte bue, vit de crimes, de rapines et de larcins. La France est un pays prédateur qui ne s'embarrasse pas d'assassiner hommes, femmes et enfants en Afrique, pourvu que le pétrole et autres matières premières soient préservés. Et tant pis pour les vies humaines, pardon, disons la vie des sous-hommes. Car c'est comme cela que la France traite les Noirs.

Par ailleurs, en considérant le comportement séculaire de la France quant à sa politique africaine, malgré le changement de générations, comment ne pas encourager ceux qui luttent avec d'autres moyens, des moyens autres que le stylo et le papier ?[16] Comment résister et ne pas être tenté de copier, de faire ou d'agir comme les autres ? Il arrivera un moment où les enfants de nos enfants seront bien obligés de copier et de faire comme les autres, si la France ne comprend que ce langage-là. Si d'un côté les autres ne corrigent pas leur vision de l'Afrique, leurs agissements et leurs pratiques, et si, de l'autre, ceux qui sont voués à la mort décrétée par la France n'ont pour seule solution que celle-là, dans ces conditions, nombreux sont les peuples qui se radicaliseront à travers le monde, très particulièrement en Afrique. L'Europe en général et la France en particulier les y invitent ou les y poussent allègrement.

Il y aura un temps où les pays comme la France ne trouveront plus des « Sassou-Nguesso » en Afrique, parce qu'il arrivera un moment où les peuples d'Afrique les pourchasseront avec leurs maîtres. Ce n'est certainement qu'une question de temps et de générations. A moins que d'ici là, les prédateurs aient compris pour changer leur mentalité... ! Dans tous les cas, qu'on le veuille ou non, la France devra se « décolbertiser » et opérer sa propre décolonisation mentale, mais également sa mentalité faite d'arrogance et de mépris de l'autre.

Sinon, comment oublier, quand ceux qui s'offusquent et nous disent qu'ils ne sont pas de ces générations-là qui ont commis ces crimes ignobles et ignominieux, perpétuent les mêmes méthodes, les mêmes pratiques et affichent les mêmes comportements ?

Comment oublier quand, même en ce XXIème siècle, un pays comme la France continue de se vautrer dans le Code Noir qui, pour certains Français, est et demeure leur Livre de Chevet ?

« […] Le général-président (Sassou) complote immédiatement avec eux (Foccart, Chirac, Pasqua, Elf, Omar Bongo). Leur implication concertée est démontrée. En perquisitionnant la Tour Elf, les juges Joly et Vichnievsky ont saisi dans le coffre-fort du colonel Jean-Pierre Daniel, responsable de la sécurité du groupe pétrolier, deux notes rédigées en 1991 […] : 23 avril 1991. Compte-rendu entrevue avec M. Tarallo. […] B. […] vient de voir Sassou et lui a proposé d'exécuter les opposants qui lui seraient désignés. Sassou vient de recevoir les pièces des blindés achetés par l'intermédiaire de M'Baye [directeur du Renseignement gabonais]. Transport aérien de Genève à LBV [Libreville], puis ensuite LBV-Brazza »[17].



N.B. : Ce document a été rédigé en 2008.Cf. : Jean-Claude Mayima-Mbemba, La violence politique au Congo-Brazzaville. Devoir de mémoire contre l'impunité, Ed. L'Harmattan, Paris, 2008.

Par Jean-Claude Mayima-Mbemba


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"L'ascension sociale se faisant sans échelle, ceux qui se dégagent et s'élèvent ne peuvent que monter sur les épaules et sur la tête de ceux qu'ils enfoncent.." (Lanza Del Vasto).

L'ONU recolonise l'Afrique

L'ONU recolonise l'Afrique 
SOURCE : Bonne lecture  http://saoti.over-blog.com/article-l-onu-recolonise-l-afrique-64578229.html 
 
 
Pauvre Afrique, hier, on lui imposait ses dictateurs, aujourd'hui, on lui choisit ses "démocrates". Les rappeurs, ces Prévert des nouveaux temps, viennent d'inventer un néologisme qui fait fureur d'un bout à l'autre du continent : la démocrature. Entendez, ce système hybride (le visage de la démocratie, le corps diabolique de la dictature) qui a le don de déchaîner les passions et d'ajouter à la confusion.

Qui a gagné les élections en Côte d'Ivoire, qui les a perdues en Guinée ? Cette question qui a l'air d'embraser l'univers n'a aucun sens dans les faubourgs de Conakry et d'Abidjan où, bon an, mal an, la vie politique n'aura jamais qu'un seul régime, la disette, et une seule loi : "tout ce qui n'est pas obligatoire est interdit", pour reprendre le fameux mot de Léon Campo. Là-bas, on préfère d'expérience les mauvaises élections aux guerres civiles bien réussies. Mieux vaut encore Bokassa et Mobutu que les drames du Liberia ou de la Sierra Leone ! La bête humaine s'habitue à l'enfer du despotisme, certainement pas aux massacres à la rwandaise !

Or, les démons de la violence et de la haine hantent à nouveau la Côte d'Ivoire. Comme en 2000, le pays va se couper en deux, il va brûler comme une paille, plus rien ne peut l'empêcher. La faute à qui ? Au monde entier et d'abord et avant tout à cette fameuse communauté internationale qui n'est jamais mieux dans son rôle que quand elle rallume les incendies qu'elle est censée éteindre.

Formellement, ce "machin" derrière lequel se cachent les grosses griffes des Etats-Unis et de l'Union européenne ne pèse pas plus que le poids d'un arbitre. Son rôle se limite à prévenir les conflits et à proposer une solution négociée lorsque ceux-ci s'avèrent inévitables. Aucune circonstance exceptionnelle ne lui permet de déborder de ce cadre-là. C'est du moins ce que croyaient les néophytes, les sorciers de la diplomatie, eux ne manquant jamais d'arguments pour justifier l'injustifiable.

Disons-le clairement : l'ONU n'a pas à décider qui est élu et qui ne l'est pas à la tête d'un pays (le cas ivoirien compte peu en l'occurrence). Le faisant, elle outrepasse ses droits, ce qui lui arrive de plus en plus. Au point que derrière le langage feutré de ses diplomates, on distingue des bruits de bottes coloniales. A la manière dont Barack Obama, Nicolas Sarkozy ou Ban Ki-moon, traite ce pauvre Laurent Gbagbo, on croit revoir Gosier-d'Oiseau (célèbre personnage du Vieux nègre et la médaille, roman du Camerounais Ferdinand Oyono) transpirer sous son casque en engueulant ses nègres dans une plantation d'Oubangui-Chari.

Nous ne soutenons pas Laurent Gbagbo, nous nous contentons de rappeler un principe. D'ailleurs, le pestiféré d'Abidjan n'a pas besoin de notre soutien : l'arrogance des chancelleries et l'hystérie des médias travaillent pour lui. La diabolisation dont il est l'objet a fini par le rendre sympathique aux yeux de ses pires détracteurs. "A force de jeter une grenouille de plus en plus loin, on finit par la jeter dans une mare", dit un proverbe peul...

Nous ne contestons pas non plus l'élection d'Alassane Ouattara (nous sommes même convaincus que psychologiquement et techniquement, il est mieux outillé que n'importe lequel de ses concurrents pour gouverner). Nous disons simplement que le rôle de la communauté internationale ne revient pas à prendre des positions partisanes et à se répandre en déclarations intempestives encore moins dans une situation aussi explosive que celle de la Côte d'Ivoire. Pourquoi le défi et la menace du canon là où la discrétion, la ruse, la prudence et le tact bref, l'art de la diplomatie, auraient suffi ?

Nous n'allons pas apprendre à des géopoliticiens de métier que la Côte d'Ivoire est la pierre angulaire de la sous-région et que, si elle sombre, elle risque d'entraîner ses voisins, alors que la Guinée tente une périlleuse expérience démocratique et que Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI) a déjà ses sanctuaires au Burkina Faso et au Mali. La situation paraît d'autant inquiétante qu'il plane sur la région un "non-dit" tribal lourd de menaces pour l'avenir : tout sauf un Dioula au pouvoir à Abidjan ; tout sauf un Peul au pouvoir à Conakry.

La Côte d'Ivoire mérite-t-elle de brûler pour les besoins des statistiques ou pour les beaux yeux de Laurent Gbagbo ou d'Alassane Ouattara ? Non, assurément non !

Henri Konan Bédié, Laurent Gbagbo, Alassane Ouattara, où est la différence ? Ils forment le trio maléfique qui a ruiné le pays d'Houphouët-Boigny. A Bédié, le poison de l'ivoirité, à Ouattara, celui de la sécession, à Gbagbo celui de la confiscation du pouvoir. Chacun de ces caïds a montré combien il était prêt à sacrifier sa patrie au profit de son pouvoir personnel. De ce point de vue, ils n'ont rien d'exceptionnel.

La quasi-totalité des chefs d'Etat africains sont au pouvoir à la suite d'un putsch sanglant ou d'une élection truquée. Une loi non écrite permet à chacun de tuer, de voler et de tricher pour arriver au pouvoir. La nouveauté, ce sont les "scrupules" avec lesquels les grands de ce monde regardent cela. Congo, Rwanda, Somalie, jusqu'ici ils ont encouragé les trucages électoraux et les putschs et fermé les yeux sur les pires atrocités au gré de leurs intérêts. Et voilà que ces messieurs sont soudain pris d'un excès d'états d'âme !

Eh bien, s'ils sont devenus aussi vertueux qu'ils le prétendent, pourquoi ne vont-ils pas fouiller dans les cuisines électorales du Burkina, de la Tunisie ou de l'Egypte ? Sont-ils sûrs que les dynasties présidentielles du Gabon et du Togo sont sorties de la vérité des urnes ? Se seraient-ils comportés ainsi s'il s'était agi de l'Iran, de la Birmanie ou de la Chine ?

Ce raffut fait autour de Ouattara est tel qu'il en devient suspect. Que veut sauver la communauté internationale, à la fin : la Côte d'Ivoire ou un de ses protégés ? Ouattara et Gbagbo sont les loups-jumeaux de la politique ivoirienne : même teint, même sourire carnassier, même poids électoral (l'un contrôlant la Commission électorale et l'autre la Cour suprême). Il y a cependant entre eux une différence de taille : le carnet d'adresses. Dans le monde mesquin et corrompu qui est le nôtre, plus besoin de formule magique, ce joujou-là suffit à ouvrir les plus secrets des sésames.

Ancien directeur adjoint du Fonds monétaire international (FMI), Ouattara se trouve au coeur du complexe réseau qui gouverne ce monde alors que, modeste professeur d'histoire, Gbagbo, hormis un bref exil à Paris, n'est jamais sorti de chez lui. Ce petit détail-là explique mieux que tout (les longs couplets sur la démocratie par exemple) pourquoi une simple élection africaine a pris une dimension mondiale. Le village global est bel et bien là : la planète des copains et des coquins ! Et ses lois s'appliquent partout aussi bien en Côte d'Ivoire que dans la Guinée voisine où, Alpha Condé, le président "élu" est un ami des présidents africains et un vieil habitué des ministères parisiens.

"Je ne me vois pas échouer cette élection", affirma le nouveau président guinéen au lendemain du premier tour alors qu'il accusait un retard de près de 25 points sur son concurrent. Il ne croyait pas si bien dire : l'élection fut prolongée de cinq mois, le temps sans doute que le "bon" candidat soit prêt avec à la clé, l'incendie de la Commission nationale électorale indépendante, les vols du fichier informatique, le tout suivi d'un véritable nettoyage ethnique. Il n'y eut aucune enquête et ces sourcilleux jurés de la communauté internationale n'y trouvèrent rien à redire. Comme pour confirmer ce que tout le monde savait déjà : pour être élu en Afrique, pas besoin de mouiller la chemise. Avec un peu de chance et quelques copains bien placés à l'ONU, à la Maison Blanche, à l'Elysée ou au Quai d'Orsay, vous êtes sûr de passer même à 18 %.

Tierno Monénembo, écrivain guinéen, Prix Renaudot 2008 in Le Monde, le 4 janvier 2011

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"L'ascension sociale se faisant sans échelle, ceux qui se dégagent et s'élèvent ne peuvent que monter sur les épaules et sur la tête de ceux qu'ils enfoncent.." (Lanza Del Vasto).

La France et sa diplomatie sélective - Dérive dictatoriale en Françafrique

2008-2010 : Dérives dictatoriales en Françafrique…

In Independance Day – Centerblog – 03/01/2011 (extraits)

Si pendant plusieurs dizaines d'années, la France a placé des dictateurs affidés à la tête de ses anciennes colonies africaines, procédant selon les cas par l'assassinat des dirigeants élus ou par l'organisation de coups d'États militaires, la situation a nettement évolué ces dernières années.

Au cours des années 90, le nouveau contexte international (chute du mur de Berlin, discours de La Baule, développement du multipartisme) a poussé les dictateurs africains à faire quelques efforts de démocratisation de façade. Mais à l'exception de certains pays qui sont parvenus à instaurer une véritable démocratie, aidés en cela par le faible intérêt qu'ils présentaient pour l'ancienne puissance coloniale en termes de ressources naturelles (comme le Mali, ou encore le Bénin), la plupart sont restés sous la coupe de dirigeants autoritaires et corrompus que la France continue à soutenir bon gré mal gré, mais de manière moins grossière.

Pour ce faire, les validations, voire les soutiens logistiques à l'organisation d'élections truquées ont peu à peu remplacé les coups de force et les escouades de mercenaires. Sur ce plan, les premières années du mandat du président Nicolas Sarkozy ont été marquées par un silence complaisant, voire parfois par un soutien affiché à l'égard d'un certain nombre de graves reculs de la démocratie en Afrique.

Le soutien systématique de la France aux réélections frauduleuses des dictateurs historiques du continent

En terres africaines, la France se distingue par son soutien à des processus électoraux pour le moins douteux, notamment dans des régimes autoritaires où les scrutins visent non pas l'exercice de la souveraineté populaire, mais le maintien en place et la légitimation de l'oligarchie au pouvoir.

Dans ce cas de figure, les conditions minimales nécessaires à l'organisation d'un scrutin régulier et transparent sont rarement réunies, ce qui pousse l'opposition à refuser de prendre part à ces mascarades, quant elle n'est pas arbitrairement exclue du processus électoral (arrestations massives, refus de validation des candidatures pour des motifs fallacieux etc.). Mais la France ne semble pas s'embarrasser de ce genre de « détails ».

Ainsi, en Algérie ou en Tunisie, les scores staliniens respectivement obtenus par Abdelaziz Bouteflika en avril 2009 et Zine El Abidine Ben Ali en août de la même année, tous deux réélus à la tête de leur pays avec près de 90% des voix alors que les principaux opposants avaient été empêchés de se présenter ou avaient boycotté le scrutin, les autorités françaises n'ont rien trouvé à redire à ces élections et se sont empressées d'en reconnaître les vainqueurs.

Au Congo-Brazzaville, les nombreuses critiques émanant de l'opposition (dont une partie a également préféré boycotter le scrutin) mais aussi de l'Union Européenne, dénonçant le manque de fiabilité des listes électorales, la partialité de l'appareil administratif, ou encore l'absence de contrôle des urnes, n'ont pas non plus chiffonné la France. Le résultat de la présidentielle de juillet 2009 fut d'ailleurs révélateur de ces conditions d'organisation désastreuses. Car si Denis Sassou Nguesso a eu le triomphe plus modeste que ses collègues maghrébins, il a tout de même obtenu un score douteux de 78 % des voix dès le premier tour.

La France, championne de la légitimation de putschs et de la normalisation de situations d'exceptions

Outre les récurrentes réélections frauduleuses de ces dictateurs inamovibles, la France s'accommode également régulièrement du renversement d'un président légitime et de l'organisation d'une mascarade électorale visant à prendre sa place en toute impunité et en violation flagrante de la Constitution du pays.

Ainsi, au Gabon, l'ensemble des journalistes, opposants, société civile, universitaires, politiques et même responsables du régime de feu Omar Bongo (38 ans de règne à la tête du Gabon), s'accordaient à dire qu'on ne pouvait envisager un scrutin transparent sans, au moins, une révision des listes électorales. Malgré tout, la France a soutenu sans conditions le fils Bongo dans sa course contre la montre pour organiser un scrutin le plus rapidement possible, privant les opposants du temps nécessaire à l'organisation de leur campagne. Le scrutin fut donc organisé dès le mois de septembre 2009, soit à peine trois mois après le décès du dictateur paternel. En outre, ni le choix d'un scrutin à un seul tour, ni les innombrables irrégularités qui ont entaché le vote (bourrages d'urnes, usage de fausses cartes d'électeurs, falsification des procès-verbaux des bureaux de votes), ni le fait que, pour finir, la CENI puis la Cour Constitutionnelle aient validé l'élection d'Ali Bongo (qui serait en réalité arrivé en 3e position) n'ont dérangé outre mesure les autorités françaises…

En Mauritanie, la France n'a rien trouvé à redire non plus au fait que le général putschiste Mohamed Ould Abdel Aziz (auteur du coup d'État contre le président légitime Sidi Ould Cheick Abdallahi en août 2008) se présente à l'élection présidentielle de juillet 2009, élection pourtant organisée par une administration qu'il a lui-même mise à sa botte via des nominations à de nombreux postes-clés. Ce clan putschiste aux commandes de l'État a ainsi pu truquer massivement les listes électorales et gêner considérablement le gouvernement d'union nationale chargé d'organiser le scrutin. En outre, la diplomatie française a exercé une pression non négligeable pour pousser l'opposition mauritanienne à participer à un scrutin ne remplissant pourtant aucun des critères élémentaires d'équité et de transparence. La France s'est en effet arrogé le rôle de leader au sein du Groupe International de Contact sur la Mauritanie, amenant ses partenaires à soutenir son souhait d'organiser très rapidement une élection présidentielle (dans des délais inférieurs aux minimums prévus par la Constitution mauritanienne) malgré les mauvaises conditions du scrutin évoquées plus haut.

A Madagascar, les autorités françaises jouent à peu après le même jeu en soutenant le putschiste Andry Rajoelina (auteur en janvier 2009 d'un coup d'État contre le président démocratiquement élu Marc Ravalomanana), y compris lorsque celui-ci sabote les accords qu'il a lui-même signés après avoir négocié avec le président renversé et deux autres parties, sous l'égide de la communauté internationale. Or ce revirement du gouvernement de transition vise vraisemblablement à préparer l'organisation unilatérale d'une présidentielle en 2010. Là encore, la France ne voit visiblement pas d'incohérence à soutenir la candidature d'un putschiste, ce qui entérinerait le coup d'État qu'elle continue pourtant par ailleurs à condamner officiellement.

De la même manière, en Guinée, les autorités françaises furent les premières à légitimer le coup d'État perpétré par le capitaine Moussa Dadis Camara à la mort du dictateur Lansana Conté en décembre 2008. Alors que les militaires avaient annoncé la constitution d'un gouvernement de transition chargé d'organiser des élections dont ses membres seraient exclus, la France ne souffla mot lorsque le militaire putschiste revint sur ses engagements et annonça son intention de se présenter finalement à l'élection… Jusqu'à ce que cette junte irresponsable et criminelle perde toute crédibilité lors des massacres du 28 septembre 2009 qui firent plusieurs centaines de morts dans un rassemblement organisé par l'opposition et la société civile pour protester contre cette candidature, et que le capitaine Dadis soit à son tour victime d'une tentative d'assassinat qui l'écarta du pouvoir, sans doute définitivement.

Enfin, le cas du Niger est également révélateur de l'attitude de la France qui fait bien peu de cas des processus démocratiques en Afrique, tant que ses intérêts économiques et stratégiques y sont préservés. Le Niger abrite en effet d'immenses réserves d'uranium, qui en font le deuxième producteur mondial. Le président français s'y est d'ailleurs rendu en mars 2009, en compagnie de la présidente du directoire d'Areva, Anne Lauvergeon. Au menu des discussions, la signature par le géant français du nucléaire d’un contrat d’exploitation sur 30 ans de la gigantesque mine d’Imouraren.

Or ce pays qui comptait parmi les rares « laboratoires de la démocratie » en Afrique de l'Ouest a finalement été rattrapé par les dérives autocratiques qui menacent les pays africains détenteurs de ressources stratégiques abondantes (uranium, pétrole…). Ces ressources représentent en effet une gigantesque manne financière qui a tendance à aiguiser les appétits personnels des autorités politiques. Ainsi, à l'approche de la fin de son deuxième et dernier mandat autorisé par la Constitution, le président Mamadou Tandja enclenche au début de l'été 2009 un processus visant à se maintenir au pouvoir. Pour ce faire, il tente de faire passer en force une réforme constitutionnelle, finalement adoptée grâce à un référendum considéré comme nul et illégal par l'ensemble des forces d'opposition et de la société civile nigérienne, comme par la communauté internationale.

Pourtant, la France n'a pas semblé perturbée outre mesure par ce coup d'État constitutionnel, tant que les intérêts stratégiques d'Areva était garantis dans ce pays. Elle n'a pris aucune sanction économique à son encontre, ni sur le plan commercial ni en termes d’aide au développement. Si la France a condamné pour la forme cette évolution anticonstitutionnelle, certaines déclarations des autorités françaises ont sonné comme une reconnaissance implicite du nouveau régime. Ainsi, suite au référendum illégal organisé par le président Tandja, le Quai d’Orsay a simplement « pris note » des résultats et a appelé à une large participation des forces politiques aux législatives organisées dans la foulée, ce qui fut perçu à juste titre comme un soutien à demi-mot au président, et comme une façon de légitimer la tenue d’élections dont le seul but était de faire croire à un retour de la légalité.

En définitive, le silence et l’inaction des autorités françaises dans cette affaire auront contribué à consolider une situation anti-démocratique qui a finalement conduit au blocage total du pays, dont ni la population ni les partenaires de la CEDEAO n’étaient prêts à accepter la dérive autocratique du président Tandja. Face à une telle paralysie, l’issue n’a pu être trouvée que dans un nouveau coup de force, militaire celui-là, qui vient de déposer le président Tandja. Espérons que les militaires sauront assurer une véritable transition démocratique, comme ce fut le cas en 1999.

Mais qu’on se rassure, la France a immédiatement reçu l’assurance des putschistes que les juteux contrats signés par Areva avec le président déchu ne seraient pas remis en cause !

La nébuleuse des acteurs complaisants avec les dérives dictatoriales

Outre le maintien de bonnes relations bilatérales entre la France et les pays concernés, la caution française apportée à ces mascarades électorales permet de légitimer ces régimes illégaux auprès de la communauté internationale. Pour ce faire, la France s’offre les services de toute une série d’observateurs aussi divers que complaisants. Les autorités françaises donnent d’ailleurs parfois l’impression de participer à une course contre la montre tant elles s’empressent de reconnaître ces élections manifestement truquées.

Des observateurs très spéciaux
Ainsi, en Mauritanie, la très françafricaine Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) n’avait dépêché que 300 observateurs pour contrôler le bon déroulement des élections (dans un pays deux fois plus vaste que la France). Plus préoccupant, cette mission d’observation était pilotée par l’ancien militaire putschiste burundais, Pierre Buyoya. L’onction apportée par ces observateurs très spéciaux conjuguée à la menace croissante du terrorisme islamiste dans cette région permit ainsi l’adoubement rapide du tombeur de la démocratie mauritanienne par la communauté internationale.

Mais le cas du Congo-Brazzaville est encore bien plus scandaleux. Alors que la présidentielle de 2009 était considérée par tous les observateurs comme un scrutin à haut risque, ni l’Union Européenne ni la France n’ont envoyé de mission d’observation officielle. Cependant, un certain nombre de personnalités françaises réunies au sein d’une obscure Coordination des observateurs franco-africains (Cofa) ont tout de même fait le déplacement pour observer le « bon » déroulement du vote, répondant à l’invitation de membres ou d’organes du gouvernement congolais.

L’examen de la composition de cette Coordination est édifiant, tout comme les prises de position de ses membres concernant le déroulement du scrutin. Parmi ces observateurs très spéciaux qui ont arpenté les rues de Brazzaville dans le sillage du président Sassou Nguesso, on pouvait ainsi croiser Jean-Michel Fourgous, député-maire UMP d’Élancourt et président du groupe d’amitié parlementaire France-Gabon (qui représentait d’après lui son homologue du groupe d’Amitié France-Congo), Jean-François Mancel, député UMP de l’Oise, ou encore Lev Forster et Pierre André Gaborit, tous deux avocats à la Cour de Paris.

Cette délégation était emmenée par deux émissaires françafricains de choix : le député européen Patrick Gaubert, président de la LICRA, ancien conseiller de Charles Pasqua, et qui fut notamment accusé par la FIDH d’avoir fait pression sur des familles des disparus du Beach de Brazzaville afin qu’ils abandonnent leurs poursuites contre les autorités congolaises ; et son collègue Jacques Toubon, ancien ministre, fidèle de Jacques Chirac et proche de nombreux dirigeants africains, tout récemment nommé par le président Sarkozy à la tête d’une mission interministérielle chargée d’organiser les « célébrations concertées » du cinquantenaire des indépendances des anciennes colonies africaines de la France.

Alors que le représentant de la Commission européenne sur place Miguel Amado s’était ému des conditions d’organisation du scrutin, estimant notamment que « les corrections apportées depuis le scrutin de 2002 n’[étaient] pas suffisantes », et faisant également remarquer qu’un fichier électoral de 2,2 millions d’électeurs dans un pays de 3,8 millions d’habitants posait question « surtout en Afrique où un grand pourcentage de la population est jeune », tous ces observateurs avertis n’ont pu quant à eux relever la moindre anomalie susceptible de remettre en cause le caractère démocratique de l’élection. Au contraire, ils multiplièrent les déclarations aussi péremptoires que choquantes, affirmant comme M. Fourgous que « l’élection [était] libre » et que « la démocratie fonction[nait] », ou encore comme M. Toubon que ces élections « correspond[aient] à l’état de la démocratie dans un pays comme le Congo », expliquant le fait que « beaucoup d’urnes n’étaient pas fermées » par le fait qu’il était « probablement plus difficile d’avoir des cadenas à Brazzaville qu’à la Samaritaine à Paris » !

Plus grave encore, ces observateurs qui n’avaient pas averti Miguel Amado de leur venue ont pris ce dernier à parti, estimant que ses critiques émanaient d’ « Occidentaux arrogants » vis-à-vis des africains, et réclamant même dans une diatribe publiée dans la presse pro-gouvernementale des « sanctions » à l’encontre du représentant européen !

Le rôle de la diplomatie et de la coopération française
La validation d’élections truquées mobilise également le corps diplomatique français. Les ambassadeurs ne sont en effet pas en reste, comme dans le cas du Congo, où l’ambassadeur de France Nicolas Normand a refusé de s’exprimer sur la présence controversée de ces observateurs français, mais aussi sur les multiples intimidations dont ont été victimes les médias internationaux français comme France 24 et RFI. En revanche, il a lui aussi salué « le bon déroulement et la bonne organisation de l’élection », susceptible selon lui de faire entrer le Congo « dans une ère de stabilité favorable à son développement ».

En Mauritanie, l’ambassadeur de France Michel Vandepoorter n’a quant à lui pas hésité à s’aligner sur les positions des putschistes, en incitant par exemple les partis opposés au coup d’État à participer à des « états généraux de la démocratie », pourtant organisés par une junte militaire...

Enfin, à Madagascar, l’ambassadeur de France Jean-Marc Châtaigner fut pendant longtemps le seul représentant d’un État étranger a avoir des contacts officiels avec les putschistes. Il assista même à une cérémonie de remise de décorations organisée par la junte. Lors des négociations du groupe de contact international sur Madagascar, l’ambassadeur s’est distingué par son activisme diplomatique pro-Rajoelina forcené, face aux autres diplomates européens beaucoup moins enclins à apporter leur soutien à un régime manifestement illégitime.

Outre la diplomatie, la Françafrique s’appuie sur son autre pilier qu’est la coopération. Celle-ci est donc également un bon indicateur de la position française au regard des élections truquées et des changements de régimes inconstitutionnels.

Ainsi, contrairement à l’Union Européenne qui suspend régulièrement sa coopération avec les régimes inconstitutionnels au nom des accords de Cotonou qu’elle a signés avec ses partenaires africains, la suppression des aides financières liées à la coopération française est très sélective. Pour la Mauritanie, il aura notamment fallu attendre le gel des aides américaines et européennes pour que la France fasse de même, avant de reprendre immédiatement ses versements dès la légitimation de l’élection du putschiste Abdel Aziz. En revanche les vannes de l’aide destinée à Madagascar sont restées grandes ouvertes malgré le putsch, à tel point que le département d’État américain a publié à ce propos une déclaration indiquant que la coopération bilatérale avec un « régime inconstitutionnel (…) [lui] posait un problème ». En Guinée, le massacre du 28 septembre 2009 provoqua bien une suspension de l’aide, mais celle-ci fut limitée à la seule coopération militaire. Au Niger, alors que l’Union Européenne avait suspendu son aide et condamné le régime désormais inconstitutionnel du président Tandja, et que le pays était également exclu de la CEDEAO, la France a continué coûte que coûte à verser son aide à son précieux partenaire nigérien. Quant au Congo-Brazzaville, à la Tunisie, et à l’Algérie, la coopération se poursuit bien évidemment comme si de rien n’était...

Le meilleur baromètre de l’attitude françafricaine à l’égard de ces dérives dictatoriales n’est d’ailleurs pas le ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, mais bien le secrétaire d’État à la Coopération et à la Francophonie, Alain Joyandet. En effet, le champion de l’humanitaire et des nobles causes semble réduit à un rôle subalterne sur les dossiers africains. A l’exception de quelques déclarations comme celle-ci, à propos de la Mauritanie, qui souligne l’ampleur du décalage entre la vision française et les réalités locales : « le général […] Abdel Aziz [devait] démissionner au moins 45 jours avant l’élection présidentielle s’il souhait[ait] s’y présenter », alors qu’à ce moment, l’ensemble de la communauté internationale et l’opposition mauritanienne s’opposait au principe même d’une élection.

En revanche, son secrétaire d’État à la Coopération Alain Joyandet est un serviteur particulièrement zélé de la Françafrique. Toujours présent aux avant-postes, il est là quand les autres pays occidentaux n’osent pas envoyer de ministre : en Libye pour le quarantième anniversaire de la prise de pouvoir du colonel Kadhafi, en Guinée Conakry où il fut le premier responsable à rencontrer la junte, en Mauritanie pour la cérémonie d’investiture du général Abdel Aziz, au Gabon où il fut le premier officiel étranger à s’entretenir avec Ali Bongo, après être allé se faire adouber par Bongo père à sa prise de fonction, ou encore en Guinée équatoriale où il est allé rencontrer le sanguinaire Teodoro Obiang Nguéma réélu à 97 %...

Alain Joyandet est aussi l’homme des petites phrases qui en disent long, comme l’illustre ce petit florilège : concernant ses visites en Guinée et en Mauritanie, « j’assume ces déplacements voulus par Nicolas Sarkozy » ; à propos du putsch en Mauritanie, « les revendications des militaires (…) ne sont pas toutes illégitimes » ; sur le référendum au Niger, « les premiers résultats (…) ne sont pas contestables » ; ou encore sur les élections au Gabon « la seule chose que [la France] fait dans cette élection, c’est d’aider au déroulement normal des opérations »…

Mais comme beaucoup d’autres membres du gouvernement, Alain Joyandet est avant tout le porte-parole de Nicolas Sarkozy. Il est vrai qu’en Françafrique particulièrement, la tête et le cœur sont toujours à l’Élysée.

L'Élysée, ses émissaires officieux et ses conseillers Afrique
Le président français s'appuie également largement sur « des émissaires officieux » qu'il dénonçait pourtant comme étant « d'un autre temps » lors de sa campagne électorale. Ces individus dont il regrettait alors qu'ils n'aient « d'autres mandats que ceux qu'ils s'inventent » n'ont toujours aucun mandat officiel, mais ne cessent de faire-valoir leur proximité avec Nicolas Sarkozy pour légitimer leur activisme affairiste et diplomatique sur le continent africain.

On se doit de citer ici l'inusable Patrick Balkany, maire UMP de Levallois-Perret (Hauts-de-Seine) et très proche du président français. Outre son rôle trouble d'intermédiaire pour le géant français du nucléaire Areva en Centrafrique et en RDC, Balkany s'est distingué par de fracassantes déclarations en faveur des putschistes mauritaniens ou encore guinéens. A propos de l'élection présidentielle en Guinée qui devait mettre fin au gouvernement militaire de transition, celui-ci a ainsi déclaré que « la candidature de Moussa Dadis Camara ne [posait] pas de problème. C'est un citoyen guinéen comme les autres. Ce qui est important, c'est le respect de la forme. La régularité. La transparence des élections. » Peu après ces propos, des centaines de Guinéens se faisaient massacrer pour s'être rendus à un rassemblement visant à protester contre cette candidature…

Mais le plus emblématique des conseillers occultes du président en matière d'affaires africaines est sans conteste l'avocat Robert Bourgi. Celui-ci se présente lui-même comme l'intermédiaire entre l'Élysée et les dictateurs françafricains. Nicolas Sarkozy le décore d'ailleurs de la Légion d'honneur dès son arrivée au pouvoir en 2007, affirmant « pouvoir continuer à compter sur [sa] participation à la politique étrangère de la France, avec efficacité et discrétion ». Parmi les méfaits dont il s'honore, Bourgi s'est notamment vanté d'avoir obtenu, à la demande d'Omar Bongo, la destitution du secrétaire d'État à la Coopération Jean-Marie Bockel, coupable d'avoir voulu « signer l'acte de décès de la Françafrique ». Très en cour au Gabon, Bourgi a activement fait campagne pour le fils Bongo, affirmant qu’Ali Bongo était « le meilleur défenseur des intérêts français ». Soucieux d’être plus explicite, il est allé jusqu’à déclarer au Monde : "Mon candidat, c’est lui. Or, je suis un ami très écouté de Nicolas Sarkozy et de manière subliminale, l’électeur gabonais le comprendra "...

En Mauritanie, on l'a également vu participer dans la capitale à la campagne électorale du putschiste Mohamed Ould Abdel Aziz, après avoir introduit les représentants de la junte auprès l'Élysée. A Madagascar enfin, il a dépêché un de ses proches, Patrick Leloup, comme conseiller auprès du putschiste Andry Rajoelina.

Mais Bourgi n'est qu'un avatar de l'éminence grise sarkozienne Claude Guéant, pour qui il a joué à plusieurs reprises l'entremetteur (
auritanie, Côte d'Ivoire, etc.). Le secrétaire général de la présidence est en effet le véritable successeur de Jacques Foccart : Guéant a la haute main sur les affaires africaines, et sa politique est claire : « On ne va pas se brouiller avec ceux qui nous rendent de grands services ».

Il a ainsi usé de son influence pour que Khadafi reçoive le putschiste malgache Andy Rajoelina, après l'avoir lui-même reçu fin janvier 2009.

Claude Guéant a également rencontré à Paris les généraux putschistes mauritaniens à plusieurs reprises. Il a également reçu, à la mi-septembre 2009 (juste avant le massacre du stade), le général Sékouba Konaté, alors n°2 de la junte guinéenne, et qui assure l’intérim à la tête du pays depuis la tentative d’assassinat contre Moussa Dadis Camara, avant de recevoir un ministre du putschiste guinéen quelques jours à peine après les massacres et tandis que les chasses à l’homme se poursuivaient dans Conakry. Il a également reçu Ali Bongo, officieusement bien sûr, suite à l’élection contestée de ce dernier à la tête du Gabon.

Outre ces rencontres parisiennes, Claude Guéant voyage aussi beaucoup sur le continent. Au Gabon par exemple, où encore en Côte d’Ivoire, à propos de laquelle il serait d’ailleurs intéressant de connaître sa position en cette période de tensions liées à la préparation de l’élection présidentielle, surtout depuis le rapprochement Bolloré-Gbagbo...

Mais les signaux les plus forts de ce soutien français furent évidemment apportés par le personnage incarnant la plus haute autorité de la République, Nicolas Sarkozy. Celui-ci s'est ainsi rendu à Brazzaville où sa rencontre avec Sassou Nguesso, alors en pleine campagne électorale, fut perçue comme un soutien sans faille, ce que ce dernier ne s'est d'ailleurs pas privé de souligner. Lors d'un déplacement en Tunisie en 2008, le président Sarkozy assura également le président Ben Ali de sa « confiance totale », saluant d'hypothétiques progrès en matière de droits de l'Homme dans ce pays qui abrite pourtant l'un des régimes les plus policiers du continent. Nicolas Sarkozy fut d'ailleurs l'un des premiers chefs d'État occidentaux à féliciter Ben Ali pour sa réélection, comme il le fit pour l'Algérien Abdelaziz Bouteflika, pourtant tout aussi peu respectueux de la démocratie que son voisin tunisien.

Le président Sarkozy a d'ailleurs reconnu l'élection d'Ali Bongo avant même que les recours devant le Conseil Constitutionnel gabonais n'aient été examinés… Depuis, l'heureux « élu » enchaîne les voyages à Paris. Il fut ainsi officiellement reçu deux fois à l'Élysée en moins de trois mois (novembre 2009 et janvier 2010), un record !

A propos du coup d'État à Madagascar, le président Sarkozy, tout en le déplorant, précisait qu'« il y a beaucoup de choses à dire sur l'ancien président [Marc Ravalomanana]. » Il est tout de même significatif d'enterrer le président renversé en l'appelant « ancien président », surtout en appuyant sur des griefs dont on ne sait pas de qui ils émanent, sauf peut-être des « intérêts français ». De même, pour sortir d'un coup d'État et résoudre le problème de l'illégalité du gouvernement (selon l'UA) et donc revenir à l'ordre constitutionnel, Nicolas Sarkozy « [a appelé] à des élections le plus rapidement possible » considérant qu'il s'agissait de « la seule façon de sortir de l'imbroglio ». Ou comment entériner le renversement d'un président avec lequel les relations étaient difficiles.

En voyage au Niger en mars 2009, le président français donnait là encore son opinion sur le président nigérien Mamadou Tandja : « C'est lui qui a redonné à la démocratie ses lettres de noblesse dans le pays »… au moment où ce dernier préparait son coup d'État constitutionnel dont les services français, très présents dans le pays, n'ignoraient sans doute rien. Dans la foulée, il justifiait la future inertie française en ces termes : « le Niger c’est un partenaire stratégique absolument essentiel. »

Suite au putsch en Guinée, le président français s'est simplement dit « préoccupé », sans condamner pour autant cette prise de pouvoir par la force. Enfin concernant la Mauritanie, N. Sarkozy enchaîne les mensonges les plus éhontés. En mars dernier, il affirmait ainsi que la France avait été la seule à protester face au putsch, « lorsque le président démocratiquement désigné a été retenu, moi-même je l'ai appelé, moi-même j'ai exigé qu'il soit libéré, mais enfin, force est de constater qu'il n'y a pas eu un député ou un parlementaire qui a protesté et qu'il n'y a pas eu de manifestations ». Outre le fait que Nicolas Sarkozy n'a jamais appelé le président renversé après le coup d'État, la France s'est contentée de faire part de ses préoccupations et d'affirmer suivre avec attention l'évolution de la situation. Le président français sera finalement un des premiers chefs d'État à féliciter Mohamed Ould Abdel Aziz après son élection frauduleuse, alors même que l'UE insistait sur le fait que « les allégations de fraude électorale devraient faire l'objet d'enquêtes appropriées ». N. Sarkozy ne semble donc pas perturbé le moins du monde d'avoir contribué à l'élection d'un nouveau chef d'État illégitime.

Au contraire, lors de ses vœux aux corps diplomatiques, le chef de l'État se vante d'avoir « soutenu sans réserve [un processus] qui a conduit au rétablissement de la légalité, puis à l'élection du président Aziz ».

On a beau être habitué au style décomplexé qui est devenu la marque de fabrique de l'expression présidentielle, on reste tout de même coi face à l'aplomb avec lequel Nicolas Sarkozy assène les contrevérités les plus flagrantes !

SOURCE : http://survie.org/francafrique/article/2008-2010-derives-dictatoriales-en