27 septembre 2011

Ce que les filles et fils du Pool-Koongo doivent savoir

CE QUE LES FILLES ET FILS DU POOL-KOONGO DOIVENT SAVOIR
 
 




















Daniel NKOUTA

Je suis totalement écœuré de constater que malgré les coups récurrents des évènements douloureux vécus, les filles et fils du Pool-koongo demeurent et vivent au quotidien dans un nominalisme politique qui leur fait croire naïvement que le politique est un être de raison. En réalité, loin d’être un être de raison, le politique est un homme de passion, un calculateur qui échappe aux classifications. C’est le jeu auquel hélas, notre peuple ne semble pas être prêt, confondant la politique avec la religion.

Alors que, prenant prétexte de la violation par Bernard KOLELAS du fameux accord de Sangolo entre le MCDDI et le PCT, statuant que toutes les filles et tous les fils du Pool-koongo sont militants naturels du MCDDI, le pouvoir mboshi en place a simplement décidé de mener une campagne de représailles contre nous tous, tuant, violant, détruisant jusque y compris nos arbres fruitiers. Notre seul crime, qui nous a valu ce carnage sans précédant dans toute l’histoire du pays, est d’avoir admis comme fils koongo, Bernard KOLELAS, téké de son Etat.

J’avais espéré qu’avec ces massacres, que rien d’autre de raisonnable n’explique, qui ont totalement décharné notre peuple rendu en l’état que voici :
 



Oui, j’avais donc espéré que nous prenions enfin conscience que la cohabitation forcée avec ceux du Nord n’est pas seulement impossible, mais, mieux, elle est nuisible à la santé de notre peuple.

Mais, voilà qu’enjambant nos douleurs qui pourtant nécessitent réparation car, comme le dit cette invocation :

« Seigneur, fais que la haine ne soit pas notre legs à la postérité ! il n’y a pas loin de l’homme d’honneur que l’on cherche à être, au criminel que l’on pourrait devenir, car il est des blessures que seule la vengeance peut refermer.»  

Quelques fils du Pool-koongo témoignent encore de la naïveté en espérant régler ce contentieux par la prière. Le message placé en ligne par notre frère Brice Sylvestre appelant les fils du Pool témoigne de la bêtise. Voici ce message abscons après ce que notre peule a vécu :

« Réunion des enfants du Pool dans le cadre de la société civile
Le Pool, notre département est à genoux et il y a des plus en plus d’incertitudes sur l’avenir collectif, individuel, social, économique et culturel de notre département ; car, plus les années passent, plus le drame est loin et la solidarité nationale disparaît.
C’est pourquoi, le « comité des enfants du Pool débarrassés des traîtres et des corrompus » invite les enfants du Pool présents à la dernière messe des martyrs du Pool et ceux qui sont intéressés à un échange dans le cadre de la société civile pour ne pas tuer l’espoir suscité par cette dernière comme convenu le 30/07/2011.
Jour : Samedi 1 octobre 2011
Heures : 14H00 à 18H00
Lieu : C.C.D.A (Communauté Chrétienne des Africains)
Adresse : 46, rue de Romainville
75019  Paris
Téléphone : 01-42-08-54-70
Moyens d’accès :
Métro:
Télégraphe (Ligne 11)
Porte des Lilas (Ligne 11)
Pré St. Gervais (Ligne 7 b)
Bus:
Hôpital Robert Debré
(PC 2 – 48)
Pelleport – Belleville (60)
Contact :
( NKEOUA : 06-22-53-84-20 ; SITA : 06-15-20-79-95 ; KOLO : 07-51-07-80-48) »
« NB : Toutes les dispositions ont été prises sur le plan sécuritaire »

Oui, cette invite me paraît une blague de très mauvais goût. Nos Anciens dont nous vantons la prestation politique face à l’acharnement colonial : Mbiemo, Milongo, Kongo, Mi-Mpangala, Nkeoua, Mabiala ma Nganga, Matouba, Moundongo, Makoumbou ma Mpombo, Matsoua, Samba-Ndongo, Biza, Nganga-Lounoungou, Mi-Mpanzu alias Boueta-Mbongo, Nganga-Kobo, Kimbangu alias Ngunza, etc., sans prendre les armes, ont opposé à l’Administration coloniale une farouche résistance et détermination qui fait notre fierté à tous. Ils n’ont jamais organisé des messes ou toutes les autres conneries. Monseigneur Ernest NKOMBO qui s’était trompé de Cosmogonie cultuel, en imposant aux Mboshis le rituel de lavement de mains inconnu chez eux, s’en est allé laissant les mains et les cœurs mboshis dans l’état où ils se trouvaient avant la Conférence Nationale Souveraine.

Ayant l’âme trop fière, militaire, juridique et koongo, je refuse la capitulation et je réaffirme ce que j’ai toujours clamé.

« Notre dignité, nous ne la recouvrirons ni par la prière, ni par des discours, ni par des tribulations, des conférences ou dialogues nationaux. C’est par le combat politique effectif qu’elle viendra. Il nous faut désormais, à l’instar des autres, croire que pour nous Koongo, le Droit, c’est ce qui sert notre peuple, l’injustice, c’est ce qui lui porte dommage.
Le peuple  Koongo doit se reconstituer en un espace territorial unique. Le même sang coule dans les veines de ceux qui vivent au Nord de l’Angola, au Sud du Congo Démocratique et ceux de la région du Pool-koongo. Nous n’aurons droit à aucune dignité tant que notre peuple ne sera pas réuni en un seul Etat. Partout nous avons versé suffisamment de larmes qui devront avoir Préparé les moissons de notre avenir».




« Le Pool, l’avez-vous regardé attentivement ? Il a la forme d’un cœur. Le Pool est un cœur. C’est le cœur de tout un peuple, le peuple koongo. Tant qu’il ne sera pas autonome, jamais nous ne serons libres. C’est pourquoi il est de notre devoir de nous battre pour cet idéal ou mourir »

Je redis que notre désir de l’érection d’une nation congolaise pluriethnique, quelque ardent qu’il soit, ne doit pas conduire à nous désintéresser de ce que chaque composante de notre société actuelle a de spécifiquement original, et tant qu’il représente une étape de l’histoire de notre pays. La condition préalable de toute indépendance pour une société réside dans l’équilibre de son économie et de son progrès social, corollaire de la défense de ses institutions, qui sont, si l’on permet la métaphore, les chromosomes de la moralité solidement enracinée dans l’esprit des hommes et des femmes.

Il faut dire que si le continent européen nous a apporté, certes, le progrès scientifique et technologique ; le modèle de nation qu’il nous a importé et imposé par le fait colonial, national au contraire a corrompu nos mœurs, dégradant nos valeurs morales, altérant insidieusement le tissu social. A mesure que les années s’écoulent, notre histoire, l’histoire de notre peuple, le peuple koongo s’analyse en une dissipation de la personnalité humaine. La logique nationale européenne a donné au vice et au désordre, l’aspect, le relief de l’usuel et du normal. Cette logique est dans son emploi, si elle ne l’est pas dans son essence, une série de moyens de désagrégation sociale qui chez nous koongo, conditionne adroitement et insensiblement les jeunes esprits dépourvus d’archétype moral, celui de nos ancêtres, qui était armé de discipline rigoureuse de probité, d’intelligence critique en perpétuelle alerte.

La connaissance des origines et donc de la nature du comportement de chaque peuple est avant tout la manifestation d’une culture. C’est le lieu de signaler par exemple que chez le peuple koongo, le vol et le viol étaient punis de mort, le parricide ou le fratricide étaient inimaginables. Celui qui avait offensé sa mère ou son père par simple injure avait par là commis un crime inexpiable. Regarder fixement dans les yeux son père ou sa mère en train de vous réprimander ou simplement de vous parler, constituait une attitude insolente donc blâmable. Dans la logique des autres, l’inverse dénote un manque de courage ; le viol et le vol, le parricide et le fratricide ne sont chez eux que de simples fautes contre la discipline sociale. L’inceste entre chez eux dans la normalité.

Ce sont ces multiples contradictions qui font que la société congolaise actuelle à laquelle nous appartenons et que nous espérons transformer en une nation, se trouve précisément, et je choisis à dessein les termes, dans un état très avancé de décrépitude morale. Le respect pour les Aînés et pour les choses sacrées n’existe plus. Garçons et filles vautrés dans des tenues indécentes se promènent presque sexe au vent. On parle désormais de conflit de générations, un complexe inconnu jadis dans la cosmogonie koongo.

Mais, que l’on me comprenne bien ! Ma démarche n’est pas un apostolat pour un retour à l’authenticité ; je ne clame point un retour à nos valeurs initiales qui se sont perdues dans ce métissage assassin. La génération à qui s’adresse ce message d’ailleurs, victime de la dépravation et de la pollution des mœurs consécutives à une cohabitation hétéroclite, n’a plus l’aptitude naturelle à assimiler le code moral koongo.

Ce que j’espère en revanche, c’est que l’on se souvienne, pour ceux qui en ont l’âge, que dans les années cinquante, encore c’est vrai, régnait chez le peuple Koongo, une société où se conjuguaient artistiquement la polychromie limpide du panorama avec, il faut le dire, les mœurs harmonieuses des hommes et des femmes ; une société koongo dans laquelle prédominaient une sérénité et une compréhension mutuelle. Aujourd’hui hélas ! cette société dans laquelle nous cohabitons avec les autres, est une confluence de mœurs fortement contradictoires ; ce qui a désaxé, on croit à tort, seulement notre jeunesse ; je dirais plutôt notre peuple tout entier, le peuple koongo, jeunes comme vieux, car désormais, délinquance juvénile rivalise ostensiblement avec délinquance sénile.

C’est pourquoi ma démarche constitue en fait un cri d’alarme contre l’oubli de nos racines, qui favorise la déchéance morale de notre peuple. Au moment où l’Afrique cherche péniblement sa voie, au moment où nos diverses composantes ethniques aux cultures claustrées dans les frontières évidemment artificielles tracées au pantographe des intérêts coloniaux sont condamnés à former des peuples homogènes, au moment où les linéaments de cette difficile, douloureuse mais inéluctable mutation se dessinent résolument, mutation qui donnera le branle, nous osons tous l’espérer, à l’évolution sociale, au moment où l’avenir se prépare et que des ferments d’évolution agitent sourdement notre jeunesse ; au moment enfin où il est acquis que dans cette mutation, chaque peuple, chaque civilisation a sa richesse propre à communiquer aux autres ; il est plus que jamais opportun de nous souvenir, dans la conscience de nos lacunes et la fierté de l’éloquence de nos vertus, que notre culture, la culture koongo constitue notre étendard pour la défense duquel nos Anciens ont investi de leur sang, pour épargner notre peuple, le peuple koongo de la honte, de la souillure, de la faiblesse et de la compromission.

Que cet étendard qui nous a été transmis dans l’honneur, l’unité et la pureté, nous avons à l’entretenir, le défendre. Il nous faut par conséquent, dès aujourd’hui, nous pencher sur notre passé, sur ce qu’en tant que peuple nous avons de spécifiquement original : la vie intellectuelle et sociale, nos croyances, notre coutume, notre langage, notre folklore etc. Il nous faut recueillir les témoignages déjà forts rares d’une tradition hélas vouée à la déperdition, écrire au profit de la postérité cet important legs, avant que les témoins aient tous disparu. Voilà l’héritage qui nous échoit, la mission qui nous incombe, avant de cheminer avec les autres dans cette aventure de l’érection d’une nation congolaise qui ne me paraît même pas évanescente.

C’est le lieu de rappeler que l’on a souvent affirmé que les Koongo stricto sensu sont les fameux trois groupes ethniques couramment appelés : Koongo (Boko) ; Laadi (Kinkala) ; Sundi (Contrée de Mpangala) et Hangala (Mindouli). Cette curieuse affirmation est due à l’historiographie coloniale qui signait ainsi sans le savoir, un sévère constat d’ignorance de notre histoire et notre sociologie. Malheureusement, de nos jours, elle est reprise par nous tous sans la moindre censure intellectuelle, consacrant ainsi une erreur voire une faute qui risque finalement d’éclipser définitivement la réalité. Je crois ainsi, qu’un détour par l’histoire vraie est la seule démarche qui permette de rétablir la vérité. L’interrogation impartiale de l’histoire, abrite la réponse à cette redoutable question. Redoutable, parce que de nombreuses déformations hélas souvent volontaires, ont contribué à générer une image qui, depuis longtemps, a infecté gravement le tissu de la conscience collective de tout un peuple.

Depuis longtemps en effet, par la faute de l’Europe qui a placé l’histoire au service de la politique, ravissant cette science des mains prudentes et expertes des chercheurs qualifiés, au profit des historiens de rencontre doués de mentalité peu objective ; un cénacle d’intellectuels avachis par des lectures délétères, ont entrepris d’abuser notre peuple par des affirmations prétendant sans rire, que l’avenir du pays et par conséquent de notre peuple, le peuple koongo, réside en l’avènement d’une nation du Nord au Sud.

Cette affirmation aussi comique que niaise, se fonde sur l’argumentaire selon lequel le monde actuel chemine irrémédiablement vers les grands ensembles : foutaise !

Non ! la République du Congo dans son schémas actuel est une potence sur laquelle notre peuple le peuple koongo sera pendu si nous n’y prenons garde.

C’est pourquoi je propose, la seule et unique démarche qui nous mettra définitivement à l’abri de cette pendaison certaine. Un groupe de frères et sœurs et moi-même, du Bas-koongo en République Démocratique du Congo et du Congo-Brazzaville, réfléchissons depuis quelques mois, à un projet de Déclaration solennelle à déposer devant les Nations Unies, dans laquelle nous réaffirmons notre refus intégral et irréversible de poursuivre cette amère et douloureuse tentative de construction d’une nation avec ceux du Nord. Nous allons exiger par la force des arguments et sans fusil, car, l’usage des armes n’a jamais été, depuis Mbanza-Koongo dans notre civilisation, que de la responsabilité de la France et de la Belgique, puissances colonisatrices responsables de ce mélange contre nature, soit invoquée, et qu’elles réparent ce mal en restituant notre souveraineté au moins, par un Acte des Nations Unies, ordonner notre autonomie en tant que peuple.


PATIENCE ! CONFIANCE ! PERSEVERANCE !