10 mars 2012

[Congo-Brazzaville] A propos de l'explosion des dépôts de munitions à Brazzaville

A PROPOS DE L’EXPLOSION DES DEPOTS D’ARMES
ET DE MUNITIONS DE GUERRE A BRAZZAVILLE
EN REPUBLIQUE DU CONGO

Ce qui est arrivé à Brazzaville, à propos des explosions des dépôts d'armes et de munitions, était prévisible et donc devait arriver.

Nous avons, dans ce pays, un homme qui dirige le Congo depuis 1968, d’abord dans l'ombre de feu président Marien Ngouabi, qui a fait de lui ce qu’il est aujourd’hui et qu'il n'a pas hésité, d’ailleurs, d’assassiner un jour du 18 mars 1977. Cet homme, c’est Denis Sassou Nguesso. La seule interruption qu’il a connue, c'est l'intermède de 5 ans de Pascal Lissouba. A lui seul donc, il totalise bientôt 40 ans de pouvoir sans partage (ministre et/ou président de la République compris).

De tous les Présidents que le Congo a eus, M. Sassou Nguesso est celui qui a la plus grande longévité au pouvoir. Devant la tragédie qui a frappé le pays, M. Sassou Nguesso avait le temps, suffisamment de temps et de moyens matériels et financiers pour déplacer ces engins de la mort. Il n’a manqué de rien. En tout cas, je dis bien RIEN !

Faut-il attendre la mort de centaines voire de milliers de personnes pour qu'il comprenne, prenne conscience et se rende compte que ces choses-là étaient une menace permanente pour la vie des populations congolaises ? Pourtant, ils n’ont pas, en tout cas, traîné les pieds, lui et son clan, pour se faire ouvrir des centaines de comptes bancaires à l’étranger et s’octroyer, acquérir des appartements, des hôtels particuliers, des studios de luxe en France et certainement ailleurs…

En lisant ce document, certains seront certainement offusqués et mettront en avant le manque de compassion ou de délicatesse devant la mémoire des innocents, victimes expiatoires de la goinfrerie démesurée, de l’inconscience, l’insouciance et même de l’irresponsabilité et de l’incapacité de ceux qui prétendent nous gouverner.
Pour ma part, je ne suis pas fier, du tout, de voir sur des photos, des lits d'hôpital sans matelas partagés par quatre malades qui, souvent, ne sont même pas de même sexe.
En quel siècle sommes-nous ? Avec cela, je demanderais aux donneurs de leçons de morale de s’abstenir.
En effet, nous savons tous que tous les quartiers de Brazzaville sont cosmopolites. Dans les quartiers sinistrés, il n'y a pas que les originaires du Nord ou les parents de Sassou qui y vivent. Mon problème n'est pas à ce niveau-là. Mon problème est au niveau non de l'homme Sassou, mais du dirigeant qu'il est et qui préfère se vautrer dans le luxe, la luxure et le crime au lieu d'être un bon dirigeant capable d'anticiper les catastrophes et qui, de surcroit, est militaire, Officier Général. Ce n'est pas rien.

Au jour d'aujourd'hui, il est PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE, CHEF DE L’ETAT, CHEF DES ARMEES, MINISTRE DE LA DEFENSE, un poste qu'il n'a jamais quitté depuis 1968, même quand il est président de la République. M. BOWAWO n'est qu'un délégué à ce poste qui reçoit les ordres de son titulaire. Alors, dans ces conditions, la responsabilité et la culpabilité de Sassou Nguesso sont totales.

Ceci dit, en ce qui me concerne, je n’ai pas le temps de pleurer face à cette hécatombe. Je n’ai pas le temps de la compassion, tellement je suis scandalisé, outré et indigné. Cette catastrophe aurait pu être évitée depuis des décennies, depuis voici 40 ans que M. Sassou est au pouvoir et qu’il est toujours resté MINISTRE DE LA DEFENSE, CHEF DES ARMEES.
C'est cela qui me révolte et c'est pourquoi les larmes n'ont pas de place pour le moment. Il y a tellement de tragédies et de morts d'hommes dans ce pays à cause de cet homme incompétent, médiocre et d’une froideur inqualifiable.
Le Congo est indépendant depuis 1960, bientôt 52 ans, et Sassou Nguesso est au pouvoir et en charge des ARMEES depuis 40 ans. En dehors de ses villas privés qu'il retape avec les fonds de l'Etat (Villa de Mpila) et les Palais qu'il démolit et restaure (Palais de la Glacière) toujours aux frais de l'Etat congolais, cet homme, hautain et d'un orgueil inégalé et sans pareil et qui mérite d’être poursuivi pour abus de biens sociaux, s'est toujours contenté des infrastructures héritées de la colonisation quand il s’agit des infrastructures concernant l’armée, la police et le reste de l’administration. Il ne lui est jamais venu à l'esprit que ces installations peuvent être obsolètes avec le temps. Apparemment, ce n'est pas son problème. Pourvu qu'il mange et que ses poches soient pleines. Et il n’éprouve aucune honte auprès de ses homologues.

1 - De la responsabilité criminelle des gouvernants congolais

Depuis 1997 à aujourd'hui, Sassou Nguesso a massivement distribué en quantités incalculables des armes et des munitions de guerre à tous les originaires du Nord dont les quartiers, à Brazzaville, sont les plus touchés par l’explosion. Lui et les membres de son clan ont créé dans tous les quartiers Nord de Brazzaville des dépôts clandestins d’armes et de munitions sous le prétexte d’assurer l’autodéfense contre les hordes sudistes revanchardes susceptibles de les anéantir. Un système de chantage, de manipulation, de lavage de cerveaux et de gouvernement de la peur par la peur était ainsi né, avec, en toile de fond, le développement et l’instrumentalisation de la haine de l’autre.

Souvenons-nous de son discours du 21 mars 1999 (ci-joint en annexe), au Dispensaire Marien Ngouabi, croisement de la Rue Ossio et de l'avenue de Talangaï, au quartier Mikalou, où il appelait tous les ressortissants du Nord, plus particulièrement l’ethnie Mboshi dont il est issu, à lui donner leurs enfants pour aller faire la guerre dans les régions du Sud-Congo, et particulièrement dans la région du Pool où se trouvent ses ennemis à lui Sassou.

Ceci dit, les seuls dépôts d’armes et de minutions n'auraient donc pas fait autant de ravages, de dégâts et ravager tous ces quartiers pour avoir des répercussions jusqu’à Kinshasa d'en face. Cependant, une chose est sûre, c’est qu’il y a eu un effet domino.
Outre les cinq déflagrations des dépôts d'armes de guerre de toutes sortes, entre 7h00 et 10h00, le souffle des explosions a fait exploser les munitions, les mines, les grenades, les dynamites, les roquettes et autres mini-bombes stockées et camouflées dans les maisons individuelles. En tout cas, nombreux sont ceux qui, dans ces quartiers sinistrés, ont détenu une arme de guerre, des munitions, des grenades, des dynamites, des lance-roqquettes, sous le prétexte de se défendre en cas d'attaques des Sudistes (Congolais du Sud et particulièrement de la région du Pool, la région désignée comme ennemie par M. Sassou Nguesso). Tout cela a été fait dans la culture de la haine de l’autre.

Or, on ne peut pas gouverner un pays dans et avec la haine de l’autre. Pendant ce temps, les hôpitaux manquent cruellement de médicaments, de lits, de matelas, etc., au point aujourd’hui de voir quatre blessés graves sur un seul et même lit sans matelas. La honte !

Maintenant, la question qui se pose à Brazzaville est celle de savoir comment les autorités politiques du pays, catapultés en 1997 au bout d’un canon par la France du président Chirac, vont se comporter face à cette tragédie ?

A titre de rappel, de 1998 à 2004, M. Sassou Nguesso a mené une guerre impitoyable contre une partie du peuple congolais. Ce fut un véritable carnage, un massacre humain, un génocide. La Communauté internationale a fermé les yeux sur cette hécatombe. Toutes les infrastructures furent toutes démolies, bombardées (écoles, collèges, lycées, Eglises, ponts, routes, dispensaires, centres médicaux, etc.).

A ce jour, quinze ans après, rien n'a été fait pour restaurer toutes ces infrastructures, pour réhabiliter toutes ces régions dévastées. Nous disons bien : RIEN. Sous le prétexte de bien et mieux punir ces régions et ces populations « rebelles » dont la Région du Pool. Il y a eu plus de 100 000 morts, sans compter les charniers jusqu'ici non encore répertoriés. De même, les rafles du Beach de Brazzaville[1] vont dans cette logique diabolique de destruction et d’extermination de tout ou partie d’un peuple. A se demander si ce comportement criminel et cette pratique politique font partie des enseignements francs-maçons de l’Obédience à laquelle appartient M. Sassou Nguesso ?
Toutefois, dans cette situation, la France porte une très lourde responsabilité. C'est peut-être pour cela qu'elle a toujours étouffé toutes les poursuites judiciaires intentées contre ses protégés du Congo, étant donné que celles-ci rejailliraient inéluctablement sur elle. Ainsi, les victimes des régions Sud du Congo (de Bacongo, Makélékélé, la région du Pool jusqu’aux Pays du Niari, régions martyres, sinistrées), n’ont connu une moindre réparation. Les rescapés, les survivants des massacres n'ont jamais été recensés, jamais indemnisés.
C’est dans cette logique de guerre et d’extermination de l’autre qu’ont été mises en place les Opérations « Colombe 1 et 2 », « Hadès », « Hérode », « Mouebara » auxquelles a très activement participé un Français décoré de la Légion d’Honneur par le président Chirac peu de temps avant de quitter le Palais de l’Elysée. Il s’agit de M. Jean-Paul PIGASSE.

Or, ce qui vient de se passer à Brazzaville, le 4 mars 2012, dans les quartiers nord de Brazzaville, est le reflet et la copie conforme des destructions massives opérées et infligées, de 1998 à 2004, par M. Sassou Nguesso et son clan aux régions sud du pays en général et à la région du Pool en particulier. Imaginez une guerre qui a duré six ans, et durant lesquels les Cobras (milices privées de M. Sassou Nguesso), les troupes angolaises, tchadiennes, gabonaises, les mercenaires de diverses nationalités, à la demande de la France du président Chirac et mis au service de M. Sassou Nguesso, ont pilonné toutes ces régions et très particulièrement la région du Pool ! Quel peut être l'état de ces régions et des populations aujourd’hui ? Ce cynisme, cette barbarie n'ont été dénoncés ni condamnés par personne. En tout cas pas par la Communauté internationale ou le monde occidental en général ; la France disposant de son droit de veto au Conseil de sécurité de l'ONU a fait obstacle. Autant dire aujourd'hui, que les crimes de M. Sassou Nguesso sont les crimes de la France.

Ceci étant, il est bien évident et logique que M. Sassou Nguesso indemnise nos compatriotes sinistrés suite à cette catastrophe sans précédent qui a soufflé et détruit plus du tiers de la ville de Brazzaville. Mais, qu’en est-il des précédents, de ses victimes et survivants des régions saccagées et dévastées par lui dans le Sud-Congo de 1998 à 2004, avec la bénédiction de la France ?

Certainement que la politique des deux poids et deux mesures s'appliquera. Parce qu’il y aurait certainement des Congolais qui sont supérieurs à d’autres, comme il y aurait certainement aussi des morts qui sont supérieurs à d’autres, comme il y aurait aussi deux catégories de citoyens Congolais, selon la logique de M. Sassou Nguesso.

Cependant, pour ce faire et qu’à cela ne tienne, le moment est sans doute venu où M. Sassou Nguesso, sa progéniture et tout son clan, devront faire preuve de patriotisme en rapatriant, de toute urgence, tout l’argent pillé par eux et placé à travers le monde dans divers paradis fiscaux avec l’aide très active des banques françaises pour permettre la reconstruction de tout le pays, ainsi que toutes les zones broyées par lui et le « tsunami de feu » du 4 mars 2012 dû à son irresponsabilité et son incapacité à gouverner le pays, si ce n’est à le piller, le vider de son sang comme des sangsues, comme des vampires.

Mais, le moment est aussi venu de faire l’inventaire des biens de l’Etat spoliés par Sassou Nguesso et son clan. Et c’est aussi le moment où le peuple congolais doit exiger :
·     Le démantèlement de tous les dépôts clandestins ainsi que le ramassage des armes et munitions stockées, entreposées illégalement dans les quartiers populaires de Ouenze, Talangaï, Mikalou, Kombo, Massengo, Itatolo, Simba Pelle, Djiri, Kintele, etc. Des armements dont les conditions de conservation n’obéissent pas aux normes de sécurité réglementaires. De même que toutes les Sociétés privées, comme SOCOFRAN, spécialisées dans le trafic des armes et des munitions de guerre et dont le propriétaire, sinon le principal Actionnaire, n’est autre que M. Sassou Nguesso lui-même, doivent disparaître. Il est à noter que la SOCOFRAN, la société de trafic d’armes de M. Sassou Nguesso, utilise les entrepôts des Forces Armées Congolaises (FAC).
·     La saisie de tous les comptes bancaires ouverts à l’étranger par M. Sassou Nguesso et son clan. Il y en aurait 112, rien qu’en France.
·     La vente de tout le patrimoine immobilier du clan acquis à l’étranger avec l’argent pillé dans les caisses de l’Etat congolais, entre autres[2] :
o  l’appartement de 10 pièces (valeur : 1, 6 Million d’Euros) situé à 33-35, rue de la Tour, 75016 Paris ;
o  l’appartement de 9 pièces (valeur : 2,47 Millions d’Euros) situé à 63, avenue Niel, 75017 Paris ;
o  l’appartement de 6 pièces (valeur : 1,28 Millions d’Euros) situé à 10, rue Copernic, 75016 Paris ;
o  le Studio (valeur : 240 000 Euros) situé à 181-183, avenue Victor Hugo, 75016 Paris ;
o  l’hôtel particulier de 7 pièces et piscine intérieure (valeur : 3,15 Millions d’Euros) situé à Boulevard  du Général Koenig, 92 Neuilly-Sur-Seine ;
o  l’appartement de 4 pièces de 93m² (valeur 710 000 Euros) situé à 35, place Georges-Pompidou, 92 Levallois-Perret.
Sans compter les acquisitions immobilières dans d’autres villes françaises ou européennes, notamment à Nice, en Espagne, voire au Maroc, au Brésil, en Asie, aux USA, etc. A cette liste qui n’est pas exhaustive, faut-il ajouter les Avoirs en argent liquide déposés dans les 112 comptes bancaires du clan Sassou & Co dont les banques françaises en assurent le blanchiment, faisant ainsi de la France un Etat receleur.
Ces ventes et la restitution des Avoirs congolais dilapidés placés dans les banques françaises permettront de doter en équipement les hôpitaux dont le manque de matériels adéquats et de médicaments est aussi criard.
Comme dit l’adage, « à quelque chose malheur est bon » ; car aujourd’hui, M. Sassou Nguesso est mis à nu, le dos au mur. C’est le moment où nous devons lui faire comprendre qu’il n’est pas bon de jouer avec les richesses du pays en se permettant d’acquérir, avec de l’argent volé, à coup de centaines milliards et de milliards, des propriétés pour le seul plaisir personnel, de sa progéniture et de son clan.

2 - De l’action des forces vives de la nation, de la société civile et des organisations de défense des droits de l’homme

Pendant des décennies, le Congo est dirigé par un homme sans scrupule et qui n’est pas un civil. Cet homme est militaire et, de surcroît, officier général. Il n’est donc pas l’homme à ignorer les règles de base applicables à la gestion, à la conservation et au maniement des munitions et des armes de guerre. Cet homme, non seulement il est président de la République, mais il est aussi chef des Armées et ministre de la Défense. Dans ces conditions, qui d’autre est plus responsable et coupable que lui ?

Si les forces vives de la nation, la société civile, les syndicats, les sinistrés, les familles éprouvées et les organisations humanitaires et de défense des droits de l’homme pouvaient se ressaisir, se mettre ensemble et s’accorder pour réfléchir à la suite à donner à cette catastrophe, je suis sûr et certain que la réponse serait très facile à trouver. C’est pourquoi, pour ce faire, nous demandons :
·     A tous les sinistrés et toutes les familles éprouvées du Congo, anciens et nouveaux, de créer une association nationale de défense des intérêts des victimes des incuries du système PCT ;
·     Aux organisations humanitaires et de défense des droits de l’homme d’empêcher le gouvernement de se comporter en juge et parti, et faire en sorte que l’enquête annoncée pour déterminer les responsabilités ne soit pas diligentée par le gouvernement. L’exemple de l’affaire du Beach est révélateur.
·     A l’OCDH, aux autres organisations congolaises de défense des droits de l’homme, avec l’appui et l’aide de la FIDH et d’autres organisations internationales de défense des droits de l’homme, d’étudier les modalités pratiques pour ester en justice devant les juridictions internationales comme la CPI, aux fins d’établir la responsabilité et la culpabilité individuelles de M. Sassou Nguesso, président de la République, Chef des Armées et Ministre de la Défense, pour mise en danger du Peuple Congolais. Ce type de démarche ne pouvant être mené qu’au niveau international étant donné l’expérience vécue avec l’affaire dite des « Disparus du Beach », raflés publiquement par les « anges de la mort » de M. Sassou Nguesso, en 1999.
·     A toutes les organisations de défense des Droits humains de faire appel, via les Représentations diplomatiques accréditées en République du Congo, aux Experts militaires de divers pays pour mesurer le niveau de radioactivité nucléaire des munitions explosées à Brazzaville, car convaincu que certaines armes et munitions ont certainement été dotées d’uranium appauvri. Et cela, le gouvernement congolais ne pourra jamais l’admettre s’il est juge et parti, si on lui laisse la liberté de diligenter l’enquête annoncée.

3 - L’Appel

A tous nos compatriotes du Nord et du Sud, je dis simplement que personne n’est l’ennemi de l’autre. Le Congolais de la région de la Likouala n’est pas l’ennemi du Congolais de la région du Kouilou. La Sangha n’est pas l’ennemi des autres régions du Congo, de même que le Pool, les Plateaux, la Bouenza, la Lékoumou, les deux régions de la Cuvette ou le Niari, etc., et vice-versa.
Cela fait des décennies que tout le monde est monté contre tout le monde, à la grande satisfaction des manipulateurs. Le concepteur de cette machination diabolique, au Congo, du « diviser pour régner » est mort depuis. Il s’appelait Ambroise Noumazalayi. Il est donc plus que temps, aujourd’hui, de tourner le dos à tous ces manipulateurs. C’est cela que nous devons, tous ensemble, faire cesser.
Un exemple : les sinistrés des quartiers Nord de Brazzaville ont trouvé refuge dans les quartiers Sud de Brazzaville que M. Sassou leur indiquait comme étant les fiefs de leurs principaux ennemis. Ceux que M. Sassou Nguesso prend pour ses ennemis mortels sont très affligés par ce qui arrive à leurs compatriotes et ils les ont accueillis à bras ouvert, avec amour et humilité. L’inverse aurait été pareil. Alors, M. Sassou où sont les ennemis de « ton peuple », si vous en avez un ?
C’est maintenant que nous devons tirer la leçon de tout ce qui arrive dans le pays. C’est Sassou Nguesso et son clan qui considèrent que les régions du Sud-Congo, notamment celle du Pool, sont leurs ennemies. Cependant, le Pool n’est pas l’ennemi des Mbochis, tout comme les Mbochis ne sont nullement les ennemis du Pool. La politique de « diviser pour régner » doit prendre fin, et c’est nous tous qui devons y contribuer. Car M. Sassou et son clan ont peur de voir les Congolais se souder, s’unir. Ils savent que cela est néfaste pour leurs basses besognes, pour leur truanderie. Et tous les Congolais doivent savoir une bonne fois pour toutes que le mal et le principal ennemi du Congo et des Congolais, c’est SASSOU NGUESSO ET SON CLAN.  

Nous n’avons pas besoin des armes de guerre dans nos maisons. Nous n’avons pas d’ennemis chez nous pour entreposer ces engins de la mort dans nos maisons. Disons-le haut et fort à M. Sassou Nguesso et son clan.

Enfin, à tous les Etats européens, "DISTRIBUTEURS" de pouvoir en Afrique, de réfléchir sur la question et de savoir dorénavant qu'il ne faut jamais « donner le pouvoir » à des criminels de type Sassou Nguesso. La France, principal distributeur de pouvoir dans ses CFA (Colonies Françaises d'Afrique) se doit d’y réfléchir et, au mieux, d’opérer sa propre décolonisation mentale, en vue d’une coopération plus humaine, plus humaniste et plus digne avec l’Afrique.


Jean-Claude Mayima-Mbemba
Ancien Rapporteur de la Commission
Ad hoc « Assassinats » de la Conférence
Nationale Souveraine du 25 février au 10 juin 1991
Brazzaville (Congo).

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ANNEXE


Quand Sassou Nguesso appelait son ethnie à la guerre [3]

Dimanche 21 mars 1999 à 9 h
Dispensaire Marien Ngouabi
Croisement Rue Ossio et av. Talangaï
Quartier Mikalou


Discours de Sassou Nguesso à l'attention des fils et filles du Nord

« Je vous remercie d'avoir répondu à mon appel, je suis convaincu que vos chefs de quartier ont fonctionné comme souhaité; mais le moment est très court et le temps presse pour que notre rencontre dure. Alors, je ne vous dirai que l'essentiel de mon message… et je ne parle pas en paraboles. Je sais que vous n'avez pas oublié ce que vous avez vécu en 97 par les bombardements de Lissouba. Vous savez ce que j'ai fait pour terminer cette tragédie, cette barbarie, ces pertes humaines que personne ici ne peut évaluer. Vous avez marché sur des corps. D'aucuns diront que Sassou a terminé la guerre, mais moi je dis que c'est d'abord la détermination du peuple nordiste de vouloir, je dis bien, vouloir finir ces malheurs infligés par Lissouba… Beaucoup de jeunes sont venus du nord pour se joindre aux jeunes brazzavillois nordistes et lutter à mes côtés.

Après 6 mois d'ivresse de paix retrouvée, il fallait bien repartir sur le chemin de la reconstruction. Vous avez certainement constaté comme moi, le pire dans la société de ces jeunes de Talangaï-Mikalou… Des pillages se terminant surtout par des règlements de compte. Le manque de respect généralisé. Je ne pouvais pas laisser évoluer cet esprit de guerre contre nous-même, c'est ainsi que je me suis adressé aux Cobras, car c'est d'eux qu'il s'agit. Vous avez entendu partout leurs tergiversations, certains ont même parlé à la radio RFI pour manifester publiquement leur mauvaise foi. Certains ont dit que je ne fais rien pour les jeunes et pour le peuple nordiste confondu, sans distinction des partis ni des tribus. J'ai aussi entendu dire que « Sassou continue à nous faire tuer chez les Tchek et les Nibole[4]. Que nos enfants sont égarés sous les instructions de Sassou ».

A l'hôpital de Talangaï, vous avez jeté des tracts qui disent que Sassou va fuir en exil et patati patata… Beaucoup de militaires nordistes désobéissent au commandement des Fac, laissant tantôt les autres exécuter des missions contre leurs régions, et vous savez ce que ça nous coûte!… Des troupes souvent exposées, des troupes tombant dans les embuscades des ninjas et des cocoyes, et dans ces genres d'exercices, seuls les chefs de mission ne meurent pas.
A qui est donc la faute si nos jeunes, nos enfants périssent toute fois qu'ils vont au service de la République ? Est-ce qu'il manque d'officiers nordistes ici où nous sommes ? Est-ce que vous savez que le nord a le record en effectif d'officiers ?

***
Sous des acclamations frénétiques et prolongées, la foule applaudit.

***

Silence !
Je vais maintenant vous dire que la paix à laquelle vous croyez n'est que superficielle, votre paix ressemble au repos d'un prisonnier dans sa prison. La guerre que vous avez gagnée vous a seulement écarté du danger, mais ce danger continue à menacer, et aujourd'hui je constate que c'est même pire.

Je vous interpelle tous, pour notre survie, notre futur est noir… S'il m'arrivait de mourir à 11 heures, sachez qu'avant 15 heures, on ne parlera plus du nord tout entier. Tous nos villages seront brûlés, tous nos nordistes de Brazzaville comme ceux de Pointe-Noire mourront dans les 3 heures qui suivront ma mort.
Donnez-moi donc vos enfants, j'ai besoin d'hommes pour assurer votre survie. On ne peut pas toujours compter sur les troupes étrangères, nous devons compter sur nous-mêmes d'abord.
Je lutterai aux côtés de mes enfants comme je l’ai toujours fait depuis juin 97.
Je ne fuirai jamais, je lutterai avec vous jusqu'à ma dernière goutte de sang.
Les jeunes hommes iront dans les casernes, les jeunes filles apprendront les armes ici sur place à Brazzaville.
Je vous exhorte à plus de vigilance et de courage.
Je vous remercie… »



[1] Nous commettons une faute sémantique lorsque nous parlons des Congolais prélevés au Beach de Brazzaville et qui ont été suppliciés par M. Sassou Nguesso et son clan en 1999. Un disparu, c’est une personne qu’on n’a plus vue depuis qu’elle est par exemple sortie de sa maison. C’est le cas par exemple d’un enfant qu’on a vu partir à l’école et qui n’en est plus revenu. Dans ce cas, on dira que l’enfant a disparu. Or, dans le cas des jeunes Congolais prélevés au Beach de Brazzaville, tout le monde les a vus, tout le monde a assisté à la sélection de ces jeunes par les « anges de la mort de M. Sassou Nguesso, jusqu’à les voir partir, escortés par les « anges de la mort » de M. Sassou Nguesso. On n’appelle pas cela « disparaître ». Cela s’appelle « une RAFLE ». Ne disons plus « Disparus », mais « les Raflés du Beach », comme cela s’opérait sous le régime nazi de Hitler.

[2] Source : Cf. : Détournements de fonds. Des présidents africains au train de vie scandaleux, in Le Parisien, n° 20985, du vendredi 2 mars 2012.

[3] L’homme qui se présentait en 1991 et durant tout son exil en France comme un agneau : « J’ai changé » (sic), reprend en 1997 ses habits de fauve, de carnassier et de vampire. Le flot de sang qui baigne le sol congolais n’est plus à démontrer ou à prouver.

[4] Ceux que Sassou Nguesso désigne par le vocable de « Tchek », ce sont les originaires de la région du Pool, les Kongos ; et les « Nibolek », ce sont tous les originaires et ressortissants des régions du Niari, de la Bouenza, de la Lékoumou et du Kouilou.