30 septembre 2014

En expulsant des Journalistes, le Congo-Brazzaville est-il une démocratie ?


 
Après l’expulsion des journalistes Sadio Kanté Morel correspondante de l’agence Reuters, née au Congo, jouissant du droit du sol le 23 septembre et Elie Smith de MNT.V pourtant proche du pouvoir le 26 septembre 2014, pour des motifs relevant de l’époque du communisme, il y a lieu de se poser la question : le Congo-Brazzaville est-il réellement une démocratie et existe-t-il dans ce pays des contre-pouvoirs ? 
  A la question de savoir si le Congo-Brazzaville est une démocratie, nous savons qu’à la base d’une démocratie, se trouve la constitution. C’est la constitution qui dicte les lois fondamentales régissant l’organisation des institutions politiques d’un Etat. Son contenu permet de savoir si le régime est une démocratie ou une dictature.  En démocratie, le pouvoir est divisé. Il y a le pouvoir exécutif qui dirige le pays, le pouvoir législatif qui approuve les lois, les amendes, contrôle ou sanctionne l’action du gouvernement. Il y a le pouvoir judiciaire qui juge ceux qui enfreignent les lois et un quatrième pouvoir, qui n’est pas institutionnel, mais important ce sont la presse et les médias.
Les fondements d’une démocratie sont réunis dès l’instant où les pouvoirs ; exécutif, législatif et judiciaire, sont détenus par des personnes différentes, capables de se contredire et de limiter le pouvoir de chacune envers l’autre. Or, au Congo-Brazzaville, c’est un même individu, avec des ramifications, qui détient tous ces pouvoirs, en primant son intérêt propre sur l’intérêt général. La nature d’un tel régime, peut-elle être une démocratie ?
Les Congolais réclament une démocratie moderne, où se développerait la culture du débat contradictoire, l’intégrité des dirigeants politiques et le vote libre des citoyens. En cas de défaillance du système, les contre- pouvoirs comme la presse et les médias pourraient corriger les choses. Or, la corruption, pourtant réprimée par le code pénal règne partout, les intérêts privés et les privilèges passent avant le bien public. Le culte de l’argent facile et ses effets pervers avec l’apparition de l’individualisme, offre au peuple congolais vivant dans la pauvreté et la misère, un spectacle navrant. L’image du Congo-Brazzaville en Afrique et dans le monde s’en trouve largement dégradée.
Etant donné que tous les pouvoirs sont aux mains d’un seul individu au Congo-Brazzaville, le quatrième pouvoir est celui qui aurait pu empêcher le peuple congolais de tomber dans l’esclavage du pouvoir absolu. Il aurait produit les conditions d’une compétition loyale entre les partis politiques. Il aurait créé le débat nécessaire au bon fonctionnement de la société. Sans le journalisme, il y a un risque de dégradation de l’Etat. Le journalisme a pour rôle d’encadrer l’exercice du pouvoir.

Au Congo-Brazzaville, le pouvoir exécutif qui concentre tous les pouvoirs, veut manipuler l’opinion publique et contrôler la politique éditoriale de la presse et des médias privés.
Or, par rapport aux autres pouvoirs, les médias peuvent apporter une certaine supériorité. Ils sont le biais par lequel le pouvoir doit passer, s’il veut se faire entendre. Le politique utilise les médias s’il veut toucher l’opinion. Cela veut dire, qu’il est obligé d’ajuster son discours aux règles de l’information. Le politique est contraint de se soumettre aux règles des médias et au contrôle de l’opinion. Comme le journaliste est parfois le procureur des maux de la société, souvent un avocat des victimes et défenseur des opprimés, cela ne plait pas au pouvoir exécutif congolais, d’où les mesures d’expulsion indignes, prise à l’endroit de journalistes qui exerçaient leur métier dans les règles de l’art.

La fin du dernier mandat du président de la République étant proche, les velléités de changement de la constitution pour le maintenir au pouvoir ont transformé le climat et l’agenda politique en fournaise. Dans cette atmosphère proche de l’enfer, le pouvoir accumule des  fautes graves, qui obscurcissent davantage l’avenir du pays.
Ce pouvoir est-il fondé sur des principes démocratiques et n’a-t-il  vraiment rien à se reprocher ?...
                                                                                                 Appolinaire NGOLONGOLO
                                                                                                        Journaliste, écrivain

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