L’ethnocentrisme au service de la prétendue présidentielle de mars 2026 | Le pouvoir appartient-il au Nord ou au Congo ?
Alors que le Congo traverse l’une des crises les plus profondes de son histoire — politique, sociale, économique et morale — la perspective d’une élection présidentielle en mars 2026 continue de nourrir les tensions, les suspicions et les fractures. Entre verrouillage institutionnel, confiscation du pouvoir et instrumentalisation identitaire, le débat posé récemment par le journaliste Christian Perrin vient rappeler l’essentiel : peut-on encore parler d’élection lorsque l’alternance est structurellement impossible ?
Face aux défis politiques, sociaux et économiques du Congo, le pays doit renouer avec l’unité nationale et l’État de droit, socles essentiels pour une stabilité durable et une diplomatie proactive avec ses partenaires régionaux et internationaux.
Le Congo doit se réinventer sans les peurs
« Denis Sassou Nguesso confie à ses soutiens à Paris : “Avec ce qui s’est passé à Ikonongo et dans le Pool, ne vous laissez pas avoir par l’union nationale. Le pouvoir doit rester au Nord si vous ne voulez pas qu’il y ait des règlements de compte.”
Une déclaration d’une gravité extrême, qui confirme, s’il en était encore besoin, l’ampleur des blessures infligées aux Congolaises et aux Congolais, et la manière dont la peur, l’ethnocentrisme et la menace sont instrumentalisés pour justifier la confiscation du pouvoir.
Dans son éditorial du 09 décembre 2025, le journaliste Christian Perrin, posait une question cruciale :
« Est-il vraiment judicieux de participer à la présidentielle de 2026 face à un tyran ? »
Cette question est essentielle, courageuse et salutaire. Elle mérite d’être prise au sérieux, surtout par ceux qui s’apprêtent à prendre part à ce qui ressemble de plus en plus à une élection jouée d’avance, tant le processus électoral apparaît verrouillé, orienté et vidé de sa substance démocratique.
Il est pour le moins troublant de voir certains dénoncer, dans les plateaux de télévision, l’effondrement de l’État, l’absence d’eau et d’électricité, la déliquescence des hôpitaux transformés en mouroirs, tout en se préparant discrètement à être candidats dans une consultation qui ressemble davantage à une farce politique qu’à un véritable rendez-vous démocratique.
Peut-on, dans un même souffle, peindre un pays à l’agonie et accepter d’être figurant dans un processus manifestement biaisé ?
Peut-on prétendre vouloir sauver la République tout en légitimant, par sa participation, un système qui l’a précisément menée à cet état de ruine ?
La cohérence politique impose une ligne claire. Participer à une mascarade électorale, c’est en devenir complice, volontairement ou non.
L’ombre de l’ethnocentrisme
Il est également impossible d’ignorer les ressorts identitaires et les logiques de confiscation du pouvoir qui traversent ce processus. L’ethnocentrisme sert trop souvent de justification à la perpétuation d’un ordre politique profondément injuste, où le pouvoir est présenté non plus comme une charge républicaine, mais comme une propriété régionale ou clanique.
C’est précisément ce qui rend le débat sur l’élection de 2026 encore plus explosif. Derrière le vernis institutionnel se cache une réalité brutale :
la peur du jugement populaire,
la crainte de la reddition de comptes,
et le refus obstiné de l’alternance.
La diaspora n’est pas un problème, elle est une conscience
Contrairement à ce que certains voudraient faire croire, la diaspora congolaise n’est pas un obstacle au débat national. Elle est souvent, au contraire, l’un des derniers espaces de liberté d’expression, de lucidité critique et de mobilisation citoyenne.
Le rejet d’une partie de cette diaspora ne relève pas d’un souci d’équilibre politique, mais bien du maintien d’un ethnocentrisme qui ne dit pas son nom, et qui exclut dès lors que l’on ne rentre pas dans le moule du pouvoir.
Un appel clair à la responsabilité
Merci, Monsieur Christian Perrin, d’avoir posé cette question de fond.
Elle dérange, elle bouscule, et c’est précisément pour cela qu’elle est nécessaire.
Nous attendons désormais que celles et ceux dont on pressent l’engagement dans cette mascarade électorale aient le courage politique et moral d’y répondre clairement, devant le peuple congolais.
Car en mars 2026, même si Dieu le Tout-Puissant, Omniscient et Omnipotent était candidat, Denis Sassou Nguesso lui annoncerait encore qu’il a triché pour se proclamer vainqueur.
La TPSA/ToPeSA est le socle
Plus que jamais, le Congo aspire à la TPSA/ToPeSA comme voie de salut pour la restauration effective de l’État, aujourd’hui gravement délité. Cette transition constitue le socle indispensable de l’unité nationale, sans laquelle aucune reconstruction durable n’est possible. Elle doit également ouvrir la voie à la désimmigration, c’est-à-dire le retour organisé des compétences congolaises de la diaspora, afin de participer activement à la renaissance du pays. Enfin, cette refondation ne saurait être complète sans la mise en œuvre réelle de la décentralisation administrative et financière des régions, sous l’autorité de gouverneurs responsables, pour rapprocher l’État des citoyens, libérer les énergies locales et refonder la République sur des bases justes, équilibrées et durables.
L’État est notre rempart
« La stabilité durable ne peut reposer que sur l’État de droit, l’unité nationale et le respect de la souveraineté populaire. »
C’est à cette condition que le Congo pourra établir des partenariats solides et équilibrés, au moment où la géopolitique mondiale redessine les relations internationales.
Le pays doit renforcer ses liens historiques et stratégiques avec la République Démocratique du Congo, s’inspirant de l’esprit de coopération qui prévalait au temps de Kasa-Vubu et Moïse Tshombé, lorsque nos deux nations partageaient des intérêts communs et des liens ancestraux.
Parallèlement, il est essentiel de consolider et diversifier ses relations internationales avec les principales puissances et partenaires, dont les États-Unis, la France, Israël, la Russie, la Chine, la Corée du Sud, l’Arabie Saoudite, ainsi que les pays frères de l’Afrique de l’Est, afin de bâtir une diplomatie proactive et mutuellement bénéfique.
C’est dans ce rééquilibrage diplomatique respectueux de la souveraineté et de la coopération internationale, associé à la consolidation de l’État de droit et de l’unité nationale, que se jouera durablement la stabilité et le développement de l’Afrique centrale.
Modeste Boukadia
Président du CDRC – Une Nation Pour Tous
Le 10 décembre 2025
/image%2F0767663%2F20251210%2Fob_d194a1_modeste-boukadia-mb-ziana-1-1.jpg)