Président du Cercle des Démocrates et Républicains du Congo (CDRC)
Le 17 mai 2025
Président du Cercle des Démocrates et Républicains du Congo (CDRC)
Le 17 mai 2025
13 Mai 2025, 14:51 Afrique centrale, Congo-Brazzaville Modeste Boukadia PCT Sassou Nguesso CDRC
Chahutée par la décision de
Donald Trump de couper les vivres à la Banque africaine de
développement, l’Afrique semble une nouvelle fois secouée par un choix
unilatéral venu de Washington. Mais cette rupture n’est-elle pas, au
fond, une chance ? Une occasion historique pour les États africains de
sortir de la logique d’assistanat, de reprendre en main leur destin et
d’assumer enfin leur souveraineté économique et politique ?
TRIBUNE – Donald Trump et l’Afrique : le choc salutaire
Par Modeste Boukadia – 12 mai 2025 – 18:18La récente décision de l’administration Trump de supprimer la contribution américaine au Fonds africain de développement (FAD), bras concessionnel de la Banque africaine de développement (BAD), a été largement perçue comme un revers pour l’Afrique. Selon Jeune Afrique, ce retrait représente un manque à gagner de plus de 500 millions de dollars. À quelques jours de l’assemblée annuelle de la BAD à Abidjan, cette annonce est décrite comme un « coup dur » pour le continent.
Mais faut-il réellement pleurer ce désengagement ? Ou faut-il plutôt y voir une opportunité de rupture avec une dépendance devenue structurelle ?
Ce n’est pas la première fois que Donald Trump bouscule les équilibres établis en Afrique. Déjà, il s’était interrogé sur le rôle de la BEAC (Banque des États de l’Afrique centrale), estimant qu’elle servait davantage à entretenir une élite politique que sa mission première de réduction de la pauvreté. L’Afrique centrale, l’une des régions les plus riches en ressources naturelles — coltan, niobium, tantale, deuxième massif forestier mondial, deuxième plus grand fleuve du monde —, demeure pourtant l’une des plus pauvres de la planète. Ce paradoxe, qui ne semble plus choquer personne en Afrique, avait conduit Trump à suggérer la fermeture pure et simple de la BEAC, pour provoquer un électrochoc chez des dirigeants englués dans une politique de mendicité chronique.
La suppression de la contribution américaine à la BAD s’inscrit dans cette même logique. Elle n’est pas un abandon. Elle est une interpellation. Et, paradoxalement, elle peut devenir une chance. Une chance de réveil.
Car il faut bien avoir le courage de poser la question : à quoi ont servi toutes ces aides ? À renforcer les services publics ? À garantir l’éducation et la santé ? Non. Trop souvent, elles ont alimenté la corruption, consolidé des régimes autoritaires et servi à accumuler des biens mal acquis, souvent abrités dans les pays donateurs eux-mêmes.
En réalité, la relation entre aide internationale et régression politique est manifeste. Les élites africaines, promptes à dénoncer l’héritage du colonialisme et les crimes de l’esclavage, sont les mêmes qui quémandent auprès de ceux qu’ils accusent d’esclavagistes et de colonisateurs les moyens de leur propre maintien au pouvoir. La contradiction est abyssale. Ils haïssent les anciens dieux pour jubiler devant de nouveaux dieux !
Il est temps de sortir de cette relation incestueuse. Il est temps que les dirigeants africains assument leur responsabilité dans les échecs et à la nouvelle génération africaine de proposer une vision ambitieuse, bâtir un partenariat dynamique avec les puissances internationales, et utiliser les ressources du continent pour répondre aux besoins de leur peuple.
Comment comprendre que l’Afrique centrale ne puisse pas satisfaire les besoins élémentaires de ses populations alors qu’elle possède des richesses naturelles essentielles à l’économie numérique mondiale ? Le drame de l’Afrique, ce n’est pas l’absence d’aides ; c’est l’absence de volonté stratégique, d’audace politique, de leadership éclairé.
En ce sens, Donald Trump donne un coup de pied dans la fourmilière. Il rappelle, brutalement mais lucidement, que l’avenir de l’Afrique dépend d’abord des Africains eux-mêmes. À nous de saisir cette opportunité pour sortir de la dépendance et devenir des acteurs à part entière de la nouvelle économie mondiale. L’Afrique ne doit pas se contenter d’être un réfrigérateur ou un terrain de jeu ; elle doit en devenir un joueur majeur et un partenaire sur lequel il faut compter.
Pour le Congo, comme je le disais à Washington : « It’s Time To Make Congo-Brazzaville Great ». Pour l’Afrique centrale, il est temps de reconstruire une zone économique stable, juste, crédible — à l’image de l’esprit initial de l’UDEAC — capable de transformer nos ressources en prospérité partagée et en paix durable.
Et pour cela, la diaspora a un rôle essentiel à jouer. Elle doit dépasser les illusions de l’immigration subie pour s’engager dans une démarche volontaire de désimmigration, c’est-à-dire de retour stratégique vers la terre des origines, pour y bâtir une Afrique forte, indépendante, et fière.
Car oui, #AfricanLivesMatter — les vies africaines comptent. Il est temps que cela se traduise dans les actes, et non plus dans les slogans.
par Tom-Melvin MBAÏKI, Afrique Afrique centrale, CDRC Congo-Brazzaville Modeste Boukadia PCT Sassou Nguesso
Je n’ai pas fui, j’ai reculé
Un regard lucide sur le régime de Denis Sassou Nguesso et l’urgence de changer notre perception collective.
“Je n’ai pas fui, j’ai reculé.”
Cette phrase n’est pas un aveu de faiblesse, mais une déclaration de
stratégie. Car reculer face à un oppresseur, ce n’est pas capituler.
C’est observer, réfléchir, et se préparer à mieux avancer.
Depuis plus de trois décennies, Denis Sassou Nguesso règne sur le Congo-Brazzaville avec une main de fer, orchestrant un système où la souffrance du peuple est institutionnalisée pendant qu’une minorité s’enrichit sans vergogne. Ce régime, qui se présente comme garant de la justice, de la liberté et de la paix, est en réalité le reflet d’un pouvoir qui a redéfini ces mots pour servir ses intérêts.
Mais ouvrons les yeux : ce qu’ils
appellent justice n’est que la protection de leurs privilèges. Ce qu’ils
nomment liberté, c’est le droit de se taire. Et leur paix, c’est
l’étouffement des voix dissidentes.
Les Congolais, comme beaucoup
d’Africains, ont été conditionnés à accepter les discours au lieu des
réalités. À croire que l’ordre vient d’en haut et que contester est
synonyme de trahison. Mais quand un président laisse son pays être
pillé, quand la misère devient la norme, quand le peuple est condamné à
la survie pendant que la famille présidentielle vit dans l’opulence, ce
n’est plus de la gouvernance : c’est une colonisation intérieure.
Il est immoral de rester silencieux. Il
est dangereux de croire que “ça finira par changer” sans que le peuple
ne décide de rompre le silence.
Et surtout, il est important de savoir
que malgré tant de décennies d’oppression, l’oppressé connaît très bien
son oppresseur. Mais l’oppresseur, lui, est captif de son propre
mensonge. Il a dû se convaincre de sa légitimité pour justifier ses
actes, au point qu’il ne se connaît plus lui-même. Voilà l’avantage que
nous, le peuple, avons sur ceux qui nous oppressent : la lucidité.
Nous savons. Ils se mentent.
Il faut cesser d’appeler stabilité ce qui n’est qu’immobilisme, cesser d’appeler leadership ce qui n’est que manipulation.
Sassou Nguesso n’est pas un cas isolé.
Il est le miroir d’un système plus vaste, enraciné dans les mentalités
africaines déformées par des décennies d’oppression. Tant que nous
continuerons à glorifier le pouvoir au lieu de le contrôler, à respecter
le poste plus que l’intégrité de celui qui l’occupe, nous resterons
prisonniers d’un cercle sans fin.
Ce texte n’est pas une déclaration de guerre. C’est un appel à l’éveil.
Je n’ai pas fui, j’ai reculé.
Pour comprendre. Pour ouvrir les yeux. Pour mieux parler, mieux dénoncer, mieux résister.
L’Afrique, et le Congo en particulier, a
besoin d’une génération qui ne se laisse plus séduire par les discours,
mais qui lit la vérité dans les actes.
Pas demain. Maintenant.
Tom Melvin BAIKI – Le 08 mai 2025 – 00:40