17 juin 2025

Congo-Brazzaville : Entre pressions américaines et inertie française, la solution est la Transition Politique Structurelle Apaisée

CONGO-BRAZZAVILLE | entre pressions américaines et inertie française, la solution est la Transition Politique Structurelle Apaisée
Par Modeste Boukadia Le 17 juin 2025 – 19h04 

Alors que les États-Unis durcissent leur position vis-à-vis du régime de Brazzaville, la France persiste dans une posture ambivalente vis-à-vis de Denis Sassou Nguesso. Entre complicités anciennes et nouvelles réalités géopolitiques, la situation congolaise devient explosive. L’histoire semble se répéter, mais le contexte international ne permet plus l’aveuglement. À l’heure où l’Afrique centrale pourrait basculer, l’attitude de Paris devient un facteur de déstabilisation régionale.

Un avertissement ignoré

Dès 2018, à la suite de mon évacuation sanitaire depuis Pointe-Noire sous l’impulsion du président américain Donald Trump, j’avais alerté les autorités françaises sur les relations troubles que Denis Sassou Nguesso entretenait avec certaines organisations terroristes, notamment le Hezbollah et le Hamas. Un exemple concret avait été fourni : l’affaire du navire Aquamarine. Malgré cela, Paris avait préféré poursuivre son soutien tacite à un régime de plus en plus discrédité par ses connexions toxiques.


Connivences inquiétantes

Lors du pogrom du 7 octobre 2023, j’ai fermement dénoncé la participation des milices Cobras, bras armé du pouvoir de Brazzaville, aux exactions commises. La chaîne israélienne i24NEWS avait diffusé des images accablantes, sans que cela ne provoque la moindre réaction officielle du gouvernement congolais. Bien au contraire, Brazzaville poursuivait allègrement la distribution de passeports diplomatiques à des membres d’organisations considérées comme terroristes au niveau international.

Un ancien ministre français des Affaires étrangères s’était même inquiété publiquement de cette « facilité excessive » dans la délivrance de documents officiels congolais. Une dérive que les chancelleries occidentales ne peuvent plus feindre d’ignorer.


Pressions discrètes, avertissements clairs

À deux reprises, lors de la cérémonie de la résurrection de Notre-Dame de Paris, puis aux obsèques du pape François, le président Donald Trump avait exhorté Emmanuel Macron à faciliter une sortie honorable pour Denis Sassou Nguesso. Face à l’hésitation française, Trump avait alors lâché une phrase lourde de sens :

« Si Sassou ne part pas, je ferai en Afrique centrale ce que la Russie a fait en Afrique de l’Ouest. »

Un avertissement clair qui, en écho aux récents bouleversements au Sahel (Mali, Burkina Faso, Niger), prenait la forme d’une menace géostratégique directe. Cette menace pourrait être mise à exécution si le soutien de Paris à Denis Sassou Nguesso persiste.


Isolement progressif du régime

Depuis, les États-Unis ont inscrit le Congo-Brazzaville sur leur « liste rouge », synonyme de restrictions économiques, financières et diplomatiques accrues. Toute entreprise américaine ou internationale entretenant des liens commerciaux avec Brazzaville s’expose désormais à de lourdes sanctions, au titre de la lutte contre le financement du terrorisme.

Le signal est sans ambiguïté : le régime de Denis Sassou Nguesso est désormais perçu à Washington comme un partenaire toxique. TotalEnergies, pilier historique de la Françafrique au Congo depuis 1997, amorce un retrait progressif, illustrant le basculement en cours.


Paris dans l’impasse morale et stratégique

L’attentisme français devient de plus en plus incompréhensible. Alors que les mouvements panafricanistes gagnent du terrain dans la guerre informationnelle, l’image de la France est chaque jour davantage associée à un soutien inconditionnel à des régimes vieillissants et répressifs. Dans ce contexte, le maintien au pouvoir de Denis Sassou Nguesso constitue une menace pour la stabilité régionale, mais aussi pour les intérêts stratégiques français à moyen terme.

L’élection présidentielle de 2026, que le pouvoir entend organiser comme un simple exercice de légitimation, ne ferait que prolonger une impasse dangereuse. À terme, elle pourrait précipiter le Congo dans le camp de l’Alliance des États du Sahel, nourrissant un rejet encore plus profond de la présence française dans toute la région.


Pour une transition politique structurelle réelle

La seule voie raisonnable et salutaire pour le Congo-Brazzaville réside dans l’ouverture d’une transition politique structurelle apaisée, crédible, et encadrée internationalement. Les Congolais la réclament depuis des années. C’est également ce que les partenaires de bonne foi doivent soutenir aujourd’hui, au nom de la stabilité régionale et du respect des aspirations populaires.

Paris doit se ressaisir. Soutenir indéfiniment un régime discrédité, isolé et désormais catalogué par Washington comme dangereux, revient à s’exposer à un retour de flamme diplomatique et historique. L’heure n’est plus aux calculs cyniques, mais à une refondation des relations franco-africaines sur la base de la vérité, du respect mutuel et de l’éthique politique.


Modeste Boukadia
Président du Cercle des Démocrates et Républicains du Congo (CDRC)


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