
Congo-Brazzaville | Pourquoi la DGSP doit être démantelée
Alors que des témoignages concordants évoquent des exécutions sommaires tout comme les vidéos sur les réseaux sociaux, perpétrées par la Direction générale de la sécurité présidentielle (DGSP), le débat sur la légitimité et les compétences de cette structure refont surface. Devenue une force parallèle placée sous l’autorité directe de Denis Sassou Nguesso, elle soulève de graves interrogations sur l’État de droit et la responsabilité du pouvoir congolais.
Une dérive institutionnelle préoccupante
La DGSP, créée pour assurer la sécurité de Denis Sassou Nguesso, s’est progressivement transformée en un organe autonome échappant à toute supervision institutionnelle.
Cette évolution interroge : est-il encore justifié qu’une force armée exclusivement dédiée à un individu existe, alors que la protection du chef de l’État pourrait être assurée par une unité nationale regroupant des éléments issus des Forces de souveraineté ?
Aujourd’hui, les faits rapportés par plusieurs sources, dont des vidéos postées sur les réseaux sociaux, font état d’un usage abusif de la force, d’exécutions extrajudiciaires et de disparitions forcées, des actes qui relèvent du crime contre l’humanité au regard du droit international.
Des accusations graves et documentées
Selon diverses enquêtes locales et des organisations de défense des
droits humains ainsi que des vidéos postées sur les réseaux sociaux, la
DGSP est impliquée dans les exécutions sommaires de jeunes Congolais, communément désignés sous le terme de « Bébés noirs » ou « Kulunas ».
Ces jeunes, souvent marginalisés, sont victimes de rafles et d’exécutions extrajudiciaires menées sous prétexte de lutte contre la criminalité urbaine.
Derrière cette façade sécuritaire, se dessine la réalité d’un appareil de répression politique pour apeurer et traumatiser la population. La DGSP agit comme un bras armé du régime, s’appuyant sur les réseaux militaires historiques des FDU-FDP (Forces démocratiques Unies et Forces démocratiques et patriotiques), composés d’officiers supérieurs et de généraux proches du pouvoir, issus notamment des milices dites COBRA, impliquées dans les violences des années 1990 contre le président légitime Pascal Lissouba.
Sous la direction du général Serge Oboa, la DGSP a eu recouru à des armes silencieuses et à des opérations héliportées pour se débarrasser de jeunes enlevés à Djambala puis jetés dans les forêts et les rivières.
Ces pratiques rappellent les heures sombres du Chili de Pinochet ou de l’Argentine sous la junte militaire, où la terreur d’État servait de mode de gouvernance.
Une interrogation centrale : le Congo est-il encore un État de droit ?
La répétition de ces crimes, couverte par le silence des institutions et soutenue par certains intellectuels qui les justifient au nom d’une prétendue “raison d’État”, pose une question fondamentale : le Congo peut-il encore se réclamer d’un État régi par le droit ?
Si tel est le cas, alors les autorités doivent assumer leurs obligations internationales et rétablir l’autorité du droit sur la violence d’État.
Mais si la DGSP continue d’agir dans l’impunité, alors le pays a basculé dans un régime clanique, où la loi du plus fort remplace la Constitution, et où le pouvoir s’exerce au mépris de la vie humaine.
Et dans ces conditions, que ceux qui justifient les exécutions sommaires au nom de la “raison d’État” expliquent donc en quoi le Congo reste un État, alors que le régime en place applique la loi du clan, où le crime est glorifié et l’inhumanité célébrée.
Appel à la responsabilité et à la Transition
L’heure n’est plus aux demi-mesures.
L’heure est à la justice, à la vérité, et à la reconstruction de l’État.
La DGSP a trahi la République en se substituant aux institutions qu’elle devait protéger.
Elle a trahi la Nation en transformant la sécurité publique en instrument de peur.
Et elle a trahi le Peuple, dont elle devait garantir la paix.
Ces crimes ne peuvent ni être oubliés ni pardonnés.
L’impunité, déjà à l’origine des tragédies du passé comme celle des Disparus du Beach, ne peut plus être tolérée.
Le peuple congolais réclame la Transition.
Et il l’obtiendra.
Modeste Boukadia
Président du CDRC – Une Nation Pour Tous
14 octobre 2025
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