CONGO. Interrogation : Deux poids, deux mesures : Quand l'insulte devient légitime selon l'ethnie

INTERROGATION | Deux poids, deux mesures : Quand l’insulte devient légitime selon l’ethnie
Par Modeste Boukadia, Président du CDRC « Une Nation Pour Tous » – Le 14 juillet 2025 – 10h52
"Pendant des années, les partisans du pouvoir en place ont eu le loisir d’insulter, d’humilier et de diffamer les opposants politiques sans que personne ne s’en émeuve, ni à Paris ni à Brazzaville. Mais aujourd’hui, lorsque l’opinion publique ose qualifier Denis Sassou Nguesso et son clan de « Nazis » pour désigner la brutalité de leur gouvernance et la destruction méthodique du Congo, c’est le tollé général. On crie à l’outrage, on menace, on diabolise ceux qui osent parler. Pourtant, le véritable scandale n’est pas dans les mots employés, mais dans les faits : la politique tribale, les violations massives des droits humains et la captation des ressources par un régime devenu hors de contrôle. Ce texte pose la question de fond : Peut-on continuer à accepter l’indignation sélective et le deux poids, deux mesures dans le débat congolais ?
Quand les affiliés de Denis Sassou Nguesso, résidant en France et grassement rémunérés par le Parti Congolais du Travail (PCT), insultaient publiquement le Président du CDRC, Modeste Boukadia, en le traitant de « Nazi », personne ne trouvait à redire.
De Paris à Brazzaville, certains applaudissaient même avec complaisance.
Pire encore : ceux qui se livraient à ces insultes étaient ensuite invités sur les plateaux des médias français, sans que personne ne s’interroge sur la gravité de leurs propos. Le PCT, quant à lui, observait en silence, un large sourire aux lèvres, satisfait de voir ses adversaires diffamés et salis.
Mais aujourd’hui, alors que l’on regarde
la situation humanitaire dramatique du Congo, alors que l’on constate
les pillages organisés des ressources publiques, les violences contre
les populations civiles, les exécutions sommaires, les détentions
arbitraires, les passeports diplomatiques distribués à des groupes
classés terroristes…
Il devient évident que Denis Sassou Nguesso, ses enfants et les cadres
du PCT ont transformé l’État congolais en une machine de prédation
systématique.
Et soudain, ceux-là mêmes qui cautionnaient les injures d’hier crient au scandale !
Aujourd’hui, dans les couloirs de l’opinion publique, une comparaison lourde de sens circule : Denis Sassou Nguesso et son clan sont identifiés comme des « Nazis », c’est-à-dire comme des oppresseurs d’un peuple qu’ils affament, violentent et sacrifient pour leur seul maintien au pouvoir.
Et là, tout le monde s’indigne !
Les menaces pleuvent, les invectives se multiplient, certains vont jusqu’à appeler à l’emprisonnement de ceux qui osent faire ce parallèle.
Mais où étaient-ils hier, quand d’autres subissaient ces attaques sans que personne ne bouge le petit doigt ? Et surtout, rappelons-le : ceux que l’on calomniait hier n’ont jamais été aux commandes du pays. Ils n’ont ni gouverné, ni participé à la mise en place du système que le clan Sassou Nguesso a instauré depuis plusieurs décennies. Ce sont bien les tenants du pouvoir actuel qui ont fabriqué cette situation de crise, d’exclusion et de dérive ethnique. Qu’ils assument donc la responsabilité de l’État qu’ils ont façonné.
Le RDD est aujourd’hui traité de parti « tribal » – comme en témoigne cette vidéo publique (voir ici). Soit.
Mais remettons les faits à leur juste place :
Le tribalisme politique au Congo n’est pas une invention récente ni le fait d’un parti d’opposition.
Le véritable artisan du tribalisme institutionnalisé, c’est Denis Sassou Nguesso lui-même, Président du Parti Congolais du Travail (PCT), qui en a fait un outil stratégique pour asseoir son pouvoir.
C’est lui qui a érigé le repli ethnique en méthode de gouvernance.
C’est lui qui a construit un système basé sur la division communautaire, la cooptation clanique et l’exclusion d’une partie du peuple congolais des responsabilités politiques et économiques.
Le tribalisme n’est donc pas un accident de parcours ni un simple stigmate dans le débat politique congolais.
Il est devenu, sous le régime de Denis Sassou Nguesso, une idéologie d’État.
Une idéologie fondée sur la fragmentation du tissu national, destinée à empêcher l’unité des Congolais et à prolonger un règne devenu minoritaire, illégitime et prédateur.
Que l’on cesse donc de détourner le débat ou de diaboliser ceux qui dénoncent ce système !
Le vrai problème, ce n’est pas le RDD, ni un autre parti.
Le problème, c’est l’instrumentalisation du tribalisme par le
pouvoir en place, depuis des décennies, pour maintenir un régime
agonisant au sommet d’un pays qu’il appauvrit.
Alors posons clairement la question :
Serait-il donc normal qu’on insulte un Lari en le traitant de « Nazi » et que tout le monde trouve cela acceptable ? Mais lorsqu’on utilise le même terme pour qualifier les agissements du clan Sassou Nguesso, devenu une minorité prédatrice d’un peuple, cela deviendrait subitement un crime ?
Ce deux poids, deux mesures ne peut plus durer.
L’histoire retiendra ceux qui se sont tus quand des crimes étaient
commis, comme elle retiendra ceux qui ont eu le courage de dénoncer les
dérives totalitaires d’un régime devenu hors de contrôle.
Conclusion : L’urgence du sursaut national
Le Congo ne pourra sortir de l’impasse qu’en mettant en place, sans délai, une Transition Politique Structurelle Apaisée (TPSA), appelée aussi TOPESA : un processus inclusif et pacifique qui permettra de refonder les institutions, d’arrêter la spirale de l’exclusion ethnique et de restaurer l’unité nationale.
À chacun de choisir son camp.
Modeste Boukadia
Président du CDRC – « Une Nation Pour Tous«
Brazzaville / Paris, le 14 juillet 2025
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