6 décembre 2025

On peut tuer sans armes : quand l'abandon devient un crime

par Modeste Boukadia 6 Décembre 2025, 12:58 Afrique centrale, CDRC Congo-Brazzaville Modeste Boukadia PCT Sassou Nguesso

Le 12/06/2025 par Editor CDRC

Tribune du Président du CDRC | « On peut tuer sans armes : quand l’abandon devient un crime politique« 

Réponse à la banalisation des crimes sociaux au Congo

« Face aux tentatives de banalisation des crimes sociaux qui frappent durement le peuple congolais, le Président du CDRC, Modeste Boukadia, apporte une réponse ferme, structurée et argumentée à Monsieur Young Churchi Loko Kaya. Au-delà du débat juridique, cette tribune interroge la responsabilité politique, morale et historique d’un système qui sacrifie la vie humaine par la misère organisée, la destruction de l’école et l’abandon du système de santé. Une prise de parole qui engage la conscience nationale. »

Réponse à Monsieur Young Churchi Loko Kaya
Sur la responsabilité politique, morale et historique des crimes silencieux

Monsieur,

Tout homme et toute femme ont droit à la santé, à l’éducation et à la sécurité. Priver les enfants d’école, c’est les condamner à mort à petit feu pour économiser les balles. Refuser les soins aux malades, c’est organiser une mort lente pour économiser les balles. Ne pas assurer la sécurité des citoyens, c’est les exposer à la mort pour la même économie cynique. Voilà une vérité brute : on peut tuer sans fusil, sans char et sans uniforme, en organisant simplement la misère.
Cela constitue, dans tous les cas, une atteinte grave et systémique à la dignité humaine.

Vous invoquez le Statut de Rome et vous avez raison de rappeler l’exigence de rigueur juridique. Mais permettez-moi aussi de rappeler ceci : le crime contre l’humanité ne se réduit pas à l’instant du coup de feu. Il repose sur trois piliers essentiels :

  • l’attaque contre une population civile,
  • son caractère généralisé ou systématique,
  • et l’intention politique.

Or, lorsque l’État organise durablement l’effondrement du système de santé, abandonne sciemment l’école, détruit l’économie au profit d’un clan, et maintient le peuple dans une survie programmée, nous ne sommes plus dans une simple “mauvaise gouvernance”. Nous entrons dans le champ de la mise en danger volontaire, massive et prolongée d’une population civile.

Vous affirmez qu’il n’est pas juridiquement démontré que l’État organise une politique d’extermination. Mais c’est précisément là que la responsabilité politique, morale et historique précède toujours la qualification pénale définitive. L’histoire ne commence jamais par le verdict, elle commence par les faits. Et les faits sont là : des milliers de Congolais meurent chaque année de maladies évitables, de pauvreté évitable, de misère organisée.

En politique, il existe plusieurs modes d’extermination :

  • par les armes,
  • par la faim,
  • par la soif,
  • par l’ignorance imposée,
  • par la privation volontaire d’accès aux soins.

Tous ne laissent pas de fosses communes visibles. Certains laissent des hôpitaux vides, des cimetières silencieux et des familles brisées. Ce sont les crimes lents, moins spectaculaires, mais tout aussi destructeurs.

Sassou Nguesso et ceux qui l’accompagnent dans sa fuite en avant vers 2026 ne viendront pas proclamer ces morts comme il a reconnu certains drames passés. Mais le crime de masse peut aussi naître de l’abandon délibéré, de la négligence organisée, de la prédation assumée.
Quand des centaines de vies s’éteignent chaque jour par politiques publiques défaillantes volontairement entretenues, il ne s’agit plus d’erreurs : il s’agit d’un système.

Enfin, je tiens à préciser ceci avec force : mes propos ne relèvent ni de l’émotion, ni du slogan. Ils sont fondés sur un constat froid, rigoureux et vérifiable. Et chaque responsable politique doit savoir une chose :
tous les actes posés aujourd’hui seront comptabilisés, car l’histoire, elle, ne négocie pas.

La politique et le droit sont peut-être deux chemins distincts, comme vous le dites, mais ils se rejoignent toujours au tribunal de l’histoire. Et ce tribunal-là n’acquitte jamais les bourreaux silencieux.

Modeste Boukadia
Président du CDRC – Une Nation Pour Tous
06 décembre 2025

Le 06 décembre 2025 à 06h37, Monsieur Young Churchi Loko Kaya a réagi à la publication de « Justice pour toutes les victimes économiques et sociales du Congo », diffusée sur Facebook ainsi que sur le site officiel du CDRC.

Monsieur Modeste Boukadia confond tout.
Il confond l’indignation politique, légitime, avec la qualification juridique, qui obéit à des règles strictes et universelles. En droit international, un crime contre l’humanité ne se décrète pas par l’émotion ni par la gravité perçue d’une situation sociale. Il est défini avec précision par le Statut de Rome de la Cour pénale internationale comme l’un des actes suivants (meurtre, extermination, déportation, torture, persécution, etc.), commis dans le cadre d’une attaque généralisée ou systématique dirigée contre une population civile, avec une intention clairement établie.

Les morts liées au paludisme, à la drépanocytose, au diabète et à la pauvreté relèvent sans aucun doute d’un drame social, d’une faillite des politiques publiques, et engagent la responsabilité politique et morale de l’État. Mais elles ne constituent pas, en l’état du droit, un crime contre l’humanité. Il n’est pas juridiquement démontré que l’État organise volontairement une politique d’extermination de sa propre population par la maladie ou la misère.

Oui, ce que vous soulevez est grave. Oui, cela exige des comptes, des réformes, des sanctions politiques, économiques et pénales pour mauvaise gouvernance, corruption, détournement des fonds publics et mise en danger de la vie des citoyens. Mais tout n’est pas crime contre l’humanité, et qualifier abusivement les faits fragilise au lieu de renforcer le combat pour la justice.

La politique et le droit sont deux chemins distincts.
Le militantisme peut dénoncer, alerter et mobiliser. Le droit, lui, qualifie, encadre et juge selon des critères précis. Que l’engagement politique, aussi noble soit-il, ne conduise pas à déformer les règles du droit, car c’est le droit, et non le slogan, qui fonde la justice durable.

Young churchi Loko Kaya


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