24 janvier 2016

(Congo-Brazzaville) Avec l'arrestation de Modeste Boukadia, Denis Sassou Nguesso reconnaît l'Etat du Sud-Congo

A malin, malin et demi !

Dans les rues de Brazzaville comme dans tous les cabinets occultes du régime, une seule interrogation : pourquoi est-il rentré ? Ce voyage cache quelque-chose de louche…

La question a de quoi être posée. En effet, les ambassades de l'UE et des USA dûment accréditées au Congo avaient informé directement Denis Sassou Nguesso de ce voyage avec tous les risques possibles notamment les conséquences liées à une éventuelle arrestation du Président Boukadia lors de son arrivée au Congo. Si cela se faisait, Denis Sassou Nguesso se retrouverait devant un fait accompli : la reconnaissance, par cette arrestation, de la partition du Congo en deux Etats : celui du Nord et celui du Sud.
 
Modeste Boukadia savait que sa condamnation à 30 ans de travaux forcés dont il n'était pas officiellement informé ne constituait pas un motif légal pour être arrêté. L'Avis N° 22/2014 du Conseil des Droits de l’Homme des Nations Unies adopté lors de sa 71ème session du 17 au 21 novembre 2014, à la suite d'un procès où il n’était pas cité à comparaître, l'avait déjà "lavé" des accusations fallacieuses du régime dictatorial de Brazzaville.

Par la suite, la Requête de déclaration de l'Etat du Sud-Congo déposée à l'ONU avec copie aux différents pays (France, USA, Allemagne, Gabon, Angola, RDC, Cameroun, Afrique du Sud, Sénégal, etc.) et aux Institutions Internationales et nationales (UE, UA, Vatican,Parlement Européen, Présidence, Assemblée nationale, Sénat, Cour constitutionnel et Conseil économique et social du Congo, etc.) lui donne la légitimité populaire d'Autorité Politique de cet Etat du Congo. Exactement comme le Général de Gaulle qui s'est servi de la même légitimité populaire par rapport à la vaine légalité républicaine de Pétain.

C’est là que l’on voit que le Président BOUKADIA a mis à profit ses relations tissées de longue date chez les gaullistes tels Pierre Mesmer qui l’avait accueilli à la Fondation Charles de Gaulle et son amitié avec Philippe Séguin.

Il lui fallait préparer son retour au pays. Le Général de Gaulle avait la Résistance. Modeste BOUKADIA, lui a misé sur l’État du Sud-Congo. C’est pourquoi, il s’est lancé dans une communication offensive avec les débats organisés à Paris.

Mais encore, il lui fallait un cadre légal sur lequel s’adresser. La décision du président français, M. François Hollande, en reconnaissant la légitimité à Sassou de consulter son peuple par référendum pour le changement de sa Constitution du 20 Janvier 2002, a fourni l'élément qui manquait à la stratégie du Président Boukadia. C'est la raison pour laquelle, il s’est précipité à remercier le Président Hollande de ce soutien officiel inattendu, car reconnaitre que Sassou avait droit d'interroger son Peuple, c’était ipso facto reconnaitre que BOUKADIA pouvait aussi consulter son Peuple pour l’autodétermination du Peuple du sud Congo. Lorsque l'Elysée s'en est rendu compte, il était trop tard. Le mal était fait. Le rétro-pédalage de l'Elysée n'y fit rien.

Fin politicien et tacticien, il ne restait plus qu'au Président Boukadia de préparer son retour au Congo pour "se faire arrêter" par les forces de Denis Sassou Nguesso pour faire reconnaître à Denis Sassou Nguesso l’État du Sud Congo.

C'est ce qui s'est passé le vendredi 15 janvier 2016 à sa descente d'avion, à 18h30, où il a été accueilli par pas moins de 1900 militaires, gendarmes, policiers et toutes sortes de services assujettis au régime de Brazzaville qui ont saisi le Drapeau du Sud-Congo et les documents déjà envoyés aux Nations Unies et à toutes les ambassades accréditées au Congo où sont exposées toutes les raisons de la déclaration du Sud Congo de jure qui siège aux Nations Unies. De plus, il avait pris soin d'informer officiellement de son voyage, non seulement l’ONU mais aussi les présidents François Hollande et Barack Obama.

Selon nos informations, le commandant qui a entendu le Président Boukadia,n’a pas abordé le procès d'avril 2014 ni signifié sa condamnation à 30 ans de travaux forcés, mais uniquement sur le Mémorandum en soutien de la Transition vers l’État du Sud-Congo. De plus, ce Commandant lui aurait reproché d'avoir agi de la sorte et d’avoir comme "amis" ces deux présidents, à savoir : les présidents Hollande et Barack Obama.

D'où l'ambarras des officiers généraux du Congo sur la détention sans motif du Président Boukadia qui n’a aucun lien avec sa condamnation. D’où aussi leur inquiétude de ce que Sassou venait de faire : la reconnaissance par cette arrestation de l'Etat du Sud-Congo.

Comment sortir de cette situation que Sassou vient de créer de toute pièce ? Des leçons : le Président Modeste BOUKADIA est bel et bien l’opposant dont il a le plus peur. Selon toujours les mêmes sources, Modeste Boukadia n’est pas malléable, c’est un homme déterminé. Il ne reste plus qu'à Sassou de trouver une issue politique pour éviter le pire...

Ce qui est encore paradoxal, et c’est peut-être écrit dans le Droit congolais, depuis que le Président Modeste Boukadia est détenu à la Maison d'arrêt de Pointe-Noire, il n’a pas encore été présenté ni au Procureur de la République ni à un juge pour lui signifier les motifs de son "séjour" en ce lieu.
D’ailleurs, le Président BOUKADIA a vite fait remarquer au personnel de l'établissement pénitencier en posant cette question simple : "Suis-je détenu ou suis-je invité pour ma sécurité ?"Une question restée sans réponse. Et pour cause !

Ambarras total à tous les étages du système. Certains commencent à pointer le doigt sur les mauvais conseillers qui ont persuadé Denis Sassou Nguesso de procéder ainsi, l’induisant en erreur. D'autres disent à Sassou de se sortir de ce piège en ordonnant un procès en révision en bonne et due forme pour relaxer son « ami », afin d’apaiser le pays pour aller aux élections dans le calme. Il devrait profiter qu’au bout d'une semaine, sans avoir été présenté devant le Procureur de la République ou devant un juge pour donner les instructions pour libérer son « invité » indésirable… qu'il a reçu avec 1900 militaires, gendarmes, policiers et autres agents des services parallèles, sans oublier les 40 blindés et l'hélicoptère au cas il prendrait le fuite...

Cependant certains officiers généraux s’interrogent : « pourquoi Sassou a-t-il permis que ce Monsieur se fasse arrêter alors qu’il a des bras très, très longs et que c’est lui qui avait permis la fin de la guerre de 1997 ? Est-ce que le Président peut-il se permettre d'entrer en conflit ouvert avec lui… ? Ceux qui ont conseillé Sassou n’ont pas vu que le Président BOUKADIA est devenu de la nitroglycérine qui peut tout faire sauter, car ceux qui veulent la fin de Sassou feront une alliance de fortune avec lui. Il faut que le Président laisse son orgueil de côté et agisse en chef d’État. De plus, les deux se connaissent très bien, cela devrait favoriser le dialogue sans que l’un et l’autre ne perde pas la face. Même si ce Monsieur n’est pas gérable, il a tous les atouts majeurs en mains. Sassou doit jouer leurs amis communs pour se sortir de ce guêpier où il s’est mis. » 

Quant à la rue, dans les taxis, les bus, dans les marchés tant de Pointe-Noire que de Brazzaville, un seul constat : « venir se faire arrêter cache une anguille sous la roche… ce Monsieur a poussé Otchombe à reconnaître l’État du Sud-Congo qui, par cet acte courageux, devient une réalité que nul ne peut plus ignorer ! En le gardant en prison, il en fait un martyr, et il devient de facto le recours incontournable de tous les Congolais paupérisés qui vivent en dessous du seuil de pauvreté. Il devient leur leader national ». 

Et nous ajoutons en disant, dans le cas du président Modeste Boukadia : Hier c’était André Grenard Matsoua aux prises avec la puissance coloniale, qui avait été condamné à 30 ans de prison aux travaux forcés, parce qu’il exigeait l’émancipation des Africains et, aujourd’hui au XXIème siècle, sous un régime politique dit national, c’est au tour de Modeste Boukadia d’être aux prises avec le système Mbochi de Sassou qui l’a condamné à 30 ans de prison aux travaux forcés, comme André Grenard Matsoua, pour avoir dénoncé les dérives et pratiques tribalistes, criminelles, sectaires, discriminatoires et ségrégationnistes du système inhumain du clan mbochi des Nguesso & Co. L’APARTHEID TRIBALO-CLANIQUE.

Comme quoi, « à malin, malin et demi ! » Bravo l'artiste... comme dit le proverbe Congo : « Nzobo yi zakalale mutsila » (littéralement : La civette s’est assise sur sa propre queue).

L’EQUIPE DU RESEAU CONGO-MFOA
 

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