14 février 2016

(Congo-Brazzaville/Portugal/EU/Françafrique) Le Portugal se demande combien d'argent sale, en centaines de millions d'euros, arrivait du Congo-Brazzaville ?

Par Rigobert OSSEBI
 Denis Christel Sassou- Willy etoka - josé veiga
Denis Christel Sassou- Willy etoka – josé veiga

La Rota do Atlantico (Route de l’Atlantique) ne s’est pas arrêtée au Portugal. L’opinion publique scandalisée par cette affaire ne décolère pas contre le corrupteur portugais José Veiga et ceux qu’ils jugent corrompus, les Congolais, complices de ces transactions criminelles.

Toute la presse portugaise est à l’œuvre et chaque média y va de son enquête, n’hésitant pas au passage à venir s’informer sur Congo-Liberty. Le Juge Carlos Alexandre, en charge de cette affaire et sous cette forte pression médiatique, a prononcé une détention préventive de trois mois à l’encontre de José Veiga du fait d’un risque de fuite et qu’il détient aussi la nationalité congolaise. Le frère de l’ex-premier ministre, Paulo Santa Lopes a été assigné à résidence avec port d’un bracelet électronique.

Une banque de Porto, la Banco Carregosa, suspectée d’abriter d’importants fonds de José Veiga a été perquisitionnée. 

L’ aérodrome privé de Tires, non loin de Lisbonne, aurait servi à introduire au Portugal des millions d’euros en espèces, dans des sacs, à chacun des innombrables voyages de José Veiga, de retour du Congo. Et quand on sait qu’un million d’euros, en billets de 500, ne pèse que 2 kilos les spéculations vont bon train. Tout un pays se demande combien d’argent sale arrivait, du Congo-Brazzaville, par centaines de millions d’euros en espèces dans des sacs ?

Si tout le monde reconnait l’origine de l’enquête à la « commission rogatoire internationale » lancée par les Juges parisiens en charge de l’affaire des Biens Mal Acquis, il se chuchote dans certaines chancelleries que Luanda encouragerait son ancienne puissance coloniale à mener les investigations, dans cette affaire, avec la plus grande diligence. Luanda n’a jamais beaucoup apprécié l’entregent que Denis Sassou Nguesso déployait pour s’attirer les bonnes grâces du Portugal et surtout du Brésil, lusophone, principaux pôles de la zone d’influence angolaise. Fort de ce surprenant soutien pour les non-initiés,  le travail des enquêteurs s’accélère. Décidément, les relations entre les présidents angolais et congolais ne sont plus ce qu’elles étaient… !

Veiga Ondongo Sassou Nguesso

De son côté, la presse fait de son mieux pour tenter de démêler l’écheveau complexe de cette affaire, parfois même à l’aide d’infographies et d’organigrammes. Ainsi le patron d’ASPERBRAS, José Roberto Conalghi apparaît comme un relais entre José Veiga et Dilma Roussef (la très contestée présidente du Brésil) dans la corruption supposée de cette dernière. Denis Sassou Nguesso, Denis Christel et Claudia (présentée comme une amie très proche) font partie du premier cercle d’influence de l’ancien agent de Luis Figo. Denis Christel y est décrit comme le relais pétrolier et bancaire avec Jean Philippe Amvame, Willy Etoka et Yaya Moussa, l’ancien Représentant Résident du FMI à Brazzaville. Gilbert Ondongo, mis en avant comme un très gros « poisson » est en connexion directe pour les attributions de marchés à José Veiga au même titre que le dictateur Congolais. 

Dans tout autre pays d’Afrique et du monde, une affaire de cette importance aurait valu l’arrestation immédiate des personnes concernées. Les manifestations se seraient multipliées pour exiger des comptes au gouvernement et au président. Au Congo, le silence ne saurait durer. Il semblerait bien, tout de même, que la pression monte à ce sujet dans la cocotte-minute de l’opposition…

A l’étranger, alors que les révélations se multiplient sur des affaires également de blanchiment concernant le Congo (Jean-Jacques Bouya avec Philippe Chironi) sur le territoire suisse et dans les banques de la Principauté de Saint Marin (petit paradis fiscal en Italie), la presse française est curieusement muette sur cette affaire José Veiga ; comme bloquée par l’insurmontable barrière de la langue portugaise…

Le Canard Enchainé de cette semaine révèle une enquête TNS Sofres pour « La Croix ». A la question : « Croyez vous que les journalistes sont indépendants ? » (c’est-à-dire résistent aux pressions de l’argent), 58% des sondés ont répondu non. Sur la capacité à ne pas céder aux pressions politiques : 64% des Français jugent que non !  

canard                                            
L’hebdomadaire satyrique, si prompt à se moquer des « petits copains », serait-il de la partie complaisante et volontairement sourde et aveugle ? En tout cas, pas une ligne n’a été publiée sur cet immense scandale congolo-portugais ! Rien de quoi intéresser le lecteur qui aurait trop de mal à comprendre que le président et le ministre des finances d’un pays africain, à qui la République française a effacé presque 3 milliards d’euros de dettes, se trouvent au cœur d’un scandale énorme de corruption et de blanchiment d’argent pour, peut-être, un même montant.
La France, décidément bonne fille avec le tyran et son clan de prédateurs, a le plus grand mal à encourager ses enquêteurs, policiers et juges, qui enregistrent de sérieux succès, on l’a vu, en dehors de l’Hexagone. Il est clair que cette affaire pourrait connaître de sérieux développements au Brésil, aux Etats-Unis et dans d’autres pays européens.

Enfants et neveux présidentiels pourraient bientôt avoir les plus grandes difficultés à circuler en Europe et aux Etats-Unis. Quant à Gilbert Ondongo, qu’il reste ministre ou pas, il est évident qu’il devrait éviter coûte que coûte le Portugal… !

Par Rigobert OSSEBI
(Extrait de congo-liberty)

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