Denis Sassou Nguesso ne sait plus quoi faire. Après un séjour infructueux des généraux, Jean-Dominique Okemba, Philippe Obara, et quelques seconds couteaux, à Paris, le dictateur se voit obligé d'utiliser d'autres stratagèmes pour contourner la difficulté (insurmontable) qui s'offre à lui : l'impossibilité manifeste et prouvée de sa victoire dès le premier tour de la présidentielle. Avec en face, Claudine Munari (que personne n'attendait et qui monte, monte, monte), Guy Brice Parfait Kolelas à qui il interdit, maintenant d'utiliser l'appellation très contrôlée du MCDDI, et Tsaty Mabiala, dans le Sud, et André Okombi Salissa, et le général, Jean-Marie Michel Mokoko, qui viennent, tous deux, lui contester la suprématie dans (son) Nord, où en réalité, on ne l'aime pas vraiment, Sassou commence à voir des étoiles, comme un boxeur sonné par un uppercut sur un ring de boxe. Que faut-il faire ? Que doit-il faire, alors que les jours ne font que passer ? Et que la communauté internationale qu'il nargue depuis la tenue controversée de son référendum l'attend au tournant ?
Les
militaires n'ayant peur que des militaires, Sassou a décidé de s'en
prendre au dernier déclaré de ses adversaires à cette présidentielle :
le général de division, Jean-Marie Michel Mokoko. En utilisant une
histoire de vidéo que personne, à Paris, (même pas ses amis à Matignon),
ne prend, réellement, au sérieux. Mais pour Sassou qui voit toutes ses
marges de manœuvre s'amenuiser, il n'y a plus d'autres bouées de
sauvetage.
Le
dictateur (plus pour longtemps) a, donc, envoyé l'un des plus fous de
son entourage, au feu : André Oko Ngakala. Objectif : interpeller sans
délai et interroger le très récalcitrant général, Jean-Marie Michel
Mokoko.
Sassou
qui, contrairement à ce qu'on croit, est, tellement, froussard qu'il a
peur de sa propre ombre, tremble à l'idée que ce bras de fer se termine
mal pour lui. Car fort de son bon droit, Mokoko a opposé un refus
martial avec deux arguments (de poids) qui circulent, déjà, à l'Union
africaine, à l'Union européenne, et auprès des chancelleries locales, à
commencer par celles des Etats-Unis et de l'Union européenne. Mokoko a
répondu,ainsi, à son subalterne de l'armée Oko Ngakala : « 1) En notre
qualité de contractuel de l'Union africaine, nous avons le statut de
diplomate et sommes donc couverts par les traités et conventions y
relatifs. 2) Ensuite, en notre qualité d'officier général des Forces
armées congolaises, nous pensons que votre demande à notre encontre ne
répond pas aux procédures du règlement de discipline générale dans les
Forces armées congolaises et la gendarmerie nationale ». Mokoko a
conclu : « Nous comptons sur votre respect de la légalité ».
Après
mûre réflexion, après qu'il se soit présenté, tête haute poitrine
bombée, au 20 heures de Télé Congo (Télé Foufou selon la diaspora
congolaise), pour proférer des menaces, le procureur Oko Ngakala a fait
lever le dispositif policier qui encerclait la résidence de Mokoko, en
pleine nuit. Certains parlent de trois heures du matin. Depuis, on en
est là.
La
vérité, c'est que Sassou Nguesso est pris dans son propre piège. S'il
fait arrêter un fonctionnaire international, il ne pourra plus dire que
le Congo est un état de droit, surtout, si c'est pour l'empêcher de se
présenter à l'élection.
Sassou
est un homme fini. Il est même fini depuis longtemps. Mais alors qu'il
est un fruit mûr, il n'a pas été cueilli par l'opposition qui attend,
tout bêtement, qu'il tombe tout seul. C'est sa seule chance.
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